Beranda / Romance / L'ÉPOUSE ABANDONNÉE / Chapitre 2 — Le verre de trop

Share

Chapitre 2 — Le verre de trop

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-08-04 05:01:49

Gracias

Je crois que j’ai claqué la portière, mais je n’en suis pas sûre.

Je n’ai pas réfléchi. J’ai juste agi. Comme un corps vidé de sens.

J’ai quitté la voiture sans manteau, sans sac.

Juste mes clés, plantées dans la paume, comme une tentative désespérée de rester consciente. De ne pas m’effondrer.

Il pleuvait , une de ces pluies tristes, qui ne nettoie rien.

Elle s’infiltrait partout , dans mes cheveux et dans mes vêtements jusqu'aux os.

J’ai traversé la rue sans regarder.

Le cœur au bord de l’explosion.

J’étais vide et pleine à la fois.

Vide de lui. Pleine d’une peur sourde, d’un pressentiment atroce.

Le bar est là.

Celui qu’il disait détester.

Trop vulgaire, trop jeune, trop tout.

Mensonge , tout n'était que mensonge .

J’entre. Et la chaleur moite me prend à la gorge.

Musique trop forte avec des odeurs de sueur, d’alcool bon marché.

Et puis… eux.

Au fond sur une banquette , ma sœur est sur les genoux de mon mari.

Elle rit et il lui sourit.

Une main posée sur sa cuisse nue.

Une intimité qui n’a rien d’un jeu.

C’est réel , c’est assumé.

Et je suis de trop.

Je m’approche , le sol semble instable , mes jambes sont en coton.

Mais je marche quand même. Parce qu’on ne fuit pas ce qu’on a besoin de voir.

Même si ça détruit.

Elle me voit.

Et elle sourit.

Un sourire qui dit : tu arrives trop tard.

— Eh ben… regarde qui débarque.

Il tourne la tête , me voit.

Et ne réagit pas.

Je suis là, dégoulinante, tremblante, glacée.

Et lui… il m’analyse comme on regarde une étrangère gênante.

Ma sœur se lève , elle prend son temps. Lisse sa robe.

Elle me jauge de la tête aux pieds.

— Tu devrais peut-être t’asseoir. Tu fais vraiment pitié, Gracias.

Je l’entends sans entendre.

Je ne vois plus qu’une chose : lui.

Alors je lui demande.

D’une voix faible, brisée :

— Dis-moi que c’est pas vrai…

Il ne répond pas tout de suite.

Il boit une gorgée. Essuie sa bouche.

Puis il dit, calmement :

— C’est vrai.

Mon ventre se tord , mon cœur s’arrête une seconde.

Je recule d’un pas.

Mais je reste.

Je reste.

Parce que je ne peux pas partir , pas encore.

— Elle… elle est enceinte de toi ? C’est vrai ?

Il hausse les épaules.

— Oui.

Un seul mot , tranchant et cruel ,

sans détour et sans remords.

Je baisse les yeux.

Je tremble.

— Mais… et moi ? Et nous ? Tu m’as promis… Tu as dit qu’on essaierait encore… que tu voulais un enfant, avec moi…

Il éclate d’un rire sec.

— Tu es stérile, Gracias. Tu n’as même pas été foutue de me donner un gosse en trois ans. J’ai perdu assez de temps.

La phrase tombe comme un couperet.

Elle résonne.

Elle me déshabille devant tous.

Les gens autour se figent. Certains rient doucement. D’autres détournent les yeux, gênés.

Moi, je sens mes jambes céder.

Mais je ne pars pas.

Je m’approche.

Je tends la main vers lui.

Comme une mendiant.

Comme une femme sans fierté.

— S’il te plaît… ne me fais pas ça… Pas ici… Pas comme ça. Je peux changer, je te jure. Je peux… je peux être mieux, différente… S’il te plaît, ne me laisse pas.

Il me regarde, dégoûté.

Même pas en colère. Juste… éteint.

— Gracias, tu te rends compte de ce que tu fais ? Regarde-toi. Tu supplies devant tout le monde , c’est pathétique.

Je tombe à genoux , je ne sens plus rien.

— Je t’aime…

Je le dis.

Je le répète.

— Je t’aime, je t’en supplie, reviens avec moi. Pas pour moi… pour nous. Pour ce qu’on a été. Je suis enceinte, moi aussi… Je viens de l’apprendre.

Silence.

Un silence qui devrait choquer.

Mais il ne dit rien.

Ma sœur, elle, éclate de rire.

— Elle ? Enceinte ? Laissez-moi rire. Tu dois encore halluciner tes règles. Arrête de rêver, Gracias. Il est à moi maintenant.

Il détourne les yeux.

Il ne me demande même pas si c’est vrai . Il s’en fout.

Je suis… seule.

À genoux.

Devant lui.

Ma sœur revient.

Elle me pousse doucement de la jambe, comme un objet gênant.

— Va t’en, Gracias. T’as perdu.

Je me relève lentement.

Pas parce que j’en ai la force.

Mais parce que je ne peux pas rester plus bas que ça.

Je me tourne.

Je marche vers la sortie.

Mes pas traînent.

Je crois que je saigne à l’intérieur. Quelque chose en moi vient de mourir.

Je passe la porte.

Dehors, il pleut encore.

Mais la pluie me semble douce, maintenant.

Presque apaisante.

Je m’arrête sous le lampadaire.

Mes mains sur mon ventre.

— Je te protégerai, murmuré-je.

C’est la seule promesse que je peux encore tenir.

Lanjutkan membaca buku ini secara gratis
Pindai kode untuk mengunduh Aplikasi

Bab terbaru

  • L'ÉPOUSE ABANDONNÉE   Chapitre 54— Le Seuil Interdit

    MARIUSJe n’ai pas dormi. Pas une minute. Toute la nuit, j’ai vu son visage. Pas celui de Gracias, non , celui d’Inès. Ses lèvres étirées dans ce sourire qui n’était plus le sien. Ses mots qui résonnaient, terribles, irrévocables : « Je suis heureuse de ce qui arrive à Gracias. Heureuse. »Je me suis retourné cent fois dans mon lit, étouffé par le silence, par le souvenir de sa voix. J’ai cru la connaître, j’ai cru l’aimer pour ce qu’elle avait de fragile, de blessé. Mais hier soir, c’est une étrangère qui m’a parlé, une femme que je n’arrive plus à nommer. Et c’est cette étrangère qui partage mon quotidien, qui me regarde, qui m’appelle par mon prénom comme si de rien n’était.Alors au matin, je me lève avec une décision qui brûle en moi : je dois voir Gracias. Je dois m’assurer de ses blessures, de sa respiration, de sa survie. Peut-être pour me convaincre qu’il reste une part de lumière dans ce chaos. Peut-être aussi pour comprendre ce qu’Inès a osé célébrer.Je ne lui dis rien. Je

  • L'ÉPOUSE ABANDONNÉE   Chapitre 53 — La Promesse 

    GRACIASJe reste figée, suspendue à ses mots, comme si le monde avait retenu son souffle avec moi. Tout autour s’est estompé : le bourdonnement lointain des machines, la lumière blanche qui filtre à travers les stores, la senteur âcre du désinfectant. Il n’y a plus que nous.— Tu veux dire que… que tu vas m’épouser malgré que je ne sois plus enceinte ? murmurai-je, les lèvres tremblantes.EZRANJe sens son doute, son émerveillement. Et je veux que chaque mot que je prononce traverse ce silence et devienne un socle.— Oui, dit-il avec douceur. Pour toi. Pour nous. Pas pour un projet, pas pour un enfant. Juste pour ce que nous sommes et ce que nous pouvons construire ensemble.GRACIASJe ferme les yeux un instant, laissant le vertige me traverser. Le monde semble se dilater et rétrécir à la fois : chaque respiration est un rappel de la fragilité de ce que nous venons de traverser, chaque battement de cœur une promesse. Je sens une chaleur dans ma poitrine, étrange, nouvelle, comme si l’

  • L'ÉPOUSE ABANDONNÉE   Chapitre 52 — L’après 

    GRACIASLa lumière entre sans bruit, mesurée, comme si elle aussi hésitait à traverser ce qui reste d’un autre monde. J’ouvre les yeux lentement. Chaque battement me rappelle la nuit d’avant, les cris, le vide. L’odeur du désinfectant, le bourdonnement mécanique, le souffle d’Ezran : tout a la netteté d’un constat. Rien ne panse ici.Il est assis, immobile, les mains enfoncées dans ses genoux. Son visage est creusé par l’insomnie ; ses traits portent la sécheresse de celui qui a été témoin d’un effondrement et qui cherche encore une marche pour remonter. Quand il lève les yeux, il y a dans son regard une attente presque enfantine : l’espoir qu’un mot, un signe, fasse revenir ce qui s’est effondré.— Hola, dit-il, comme si prononcer mon nom pouvait recoudre ce qui est déchiré.Je cherche ma voix. Elle me revient à moitié. Les mots se montent les uns sur les autres, lourds, étrangers. Je finis par parler parce que le silence me pèse plus que la douleur.— Qu’est-ce qui va nous arriver m

  • L'ÉPOUSE ABANDONNÉE   Chapitre 51 — Retour dans la Tempête

    MAYALe taxi avance lentement dans la ville, embouteillage matinal et sirènes au loin. Je serre mon manteau autour de moi, et dans mon ventre, un poids nouveau , pas seulement la fatigue du voyage, mais le secret qui grandit, qui réclame déjà son espace. L’enfant de Samuel. L’enfant que je vais faire passer pour le sien… mais que Ezran croira avoir conçu par une insémination artificielle. Un plan fragile, mais calculé.Les panneaux publicitaires clignotent avec des images d’Ezran sur la place, la télévision et les réseaux sociaux reprenant en boucle son serment. Je sens mon cœur se serrer, mais pas de culpabilité : de l’excitation froide, du vertige. La tempête qu’il a déclenchée va me servir, si je sais en jouer.— Vous êtes bien rue Saint-Antoine ? demande le chauffeur, brisant mon vertige.Je hoche la tête, les yeux rivés sur les immeubles qui défilent, qui semblent tous connaître déjà mon secret. Chaque feu rouge me fait réfléchir, chaque reflet sur une vitre me renvoie mon image

  • L'ÉPOUSE ABANDONNÉE   Chapitre 50 — Les Braises de Demain

    MAYALa chambre sent encore la sueur et le parfum froissé des draps. Le ventilateur tourne au plafond, grinçant par à-coups, brassant l’air chaud de cette petite ville à trois heures de route de la capitale. Je suis étendue, nue, la peau encore brûlante, et à côté de moi, Samuel fume une cigarette, allongé sur le flanc.Sur la table basse, la télévision allumée diffuse les images qui secouent tout le pays. La conférence d’Ezran. Son serment. Son regard fiévreux.Je tourne la tête vers l’écran, et une crispation traverse mes lèvres. Je l’avais presque oublié. Pas lui. Pas vraiment.— Tu l’écoutes ? demande Samuel en expirant la fumée, ses yeux fixés sur moi.Je détourne le regard.— J’entends.À la télé, Ezran martèle ses mots. « Ce n’est pas une menace. C’est un serment. » La foule acclame, les journalistes commentent, l’image tourne en boucle. Samuel se redresse un peu, écrase sa cigarette.— Et… tu comptes y aller quand ?Je reste silencieuse. La question tombe lourdement dans la pi

  • L'ÉPOUSE ABANDONNÉE   Chapitre 49 — L’Ombre derrière l’Écran

    INÈSLe salon n’a pour lumière que celle de la télévision. Les images d’Ezran emplissent l’écran : sa silhouette droite, ses yeux brûlants, sa voix qui fend le froid du matin comme une lame. Les journalistes répètent ses mots, les flashes éclatent, la foule se tait sous son serment.Et moi… je regarde, immobile, puis je souris. Pas un sourire doux, pas un sourire léger — un sourire tranchant, qui se nourrit de ce chaos.Ezran parle de douleur, de justice, de vengeance. Chaque syllabe porte le poids d’un homme à qui on a arraché l’avenir. Et tout ce temps, il ignore. Il ignore que l’ombre qu’il maudit, l’ombre qu’il promet de traquer, c’est moi.Un rire bref, étranglé, m’échappe. Je le couvre d’une main, comme une enfant prise en faute. Mais c’est trop tard : la vérité se déverse en moi comme un poison agréable.— Pauvre Gracias… murmuré-je à voix basse.Je m’avance, monte le volume. L’image tremble légèrement à l’écran : Ezran descend les marches, les caméras le harcèlent, ses mots ré

Bab Lainnya
Jelajahi dan baca novel bagus secara gratis
Akses gratis ke berbagai novel bagus di aplikasi GoodNovel. Unduh buku yang kamu suka dan baca di mana saja & kapan saja.
Baca buku gratis di Aplikasi
Pindai kode untuk membaca di Aplikasi
DMCA.com Protection Status