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Chapitre 7 : Tension palpable

Author: Millie
last update Last Updated: 2025-05-08 03:34:19

Le téléphone de Zola vibre sur son bureau, brisant le silence lourd de la fin de journée. Elle le prend et regarde l’écran. Erwan. Un léger frisson parcourt son dos. C’est la première fois qu’il l’appelle depuis la fin du procès. Il aurait pu attendre qu’elle le contacte, mais non. Il a fait ce pas. Pourquoi maintenant ? Elle hésite, puis décroche.

- Zola, commence Erwan d’une voix calme, mais lointaine, comme s’il mesurait chacun de ses mots. J’ai voulu te parler de la tournure qu’a pris le procès. Ça a dû être difficile pour toi.

Zola se laisse tomber dans son fauteuil, le téléphone contre son oreille. L’après-coup du procès est un chaos d’émotions, de frustrations non exprimées. Le fait qu’Erwan prenne l’initiative d’un appel, même s’il s’agit d’un sujet professionnel, la surprend. Elle prend une profonde inspiration, se forçant à garder son calme.

- C’est un euphémisme, répond-elle, sa voix plus froide qu’elle ne l’aurait souhaité. Je ne m’attendais pas à ce genre de retournement de situation. Mais il fallait bien que ça arrive… On ne peut pas tout contrôler.

Elle entend un léger soupir de l’autre côté de la ligne, presque inaudible.

- Tu sais, je comprends ce que tu ressens. Je pense que personne ne s’attendait à ce que Sophie… Il marque une pause, comme s’il cherchait les mots justes. … qu’elle prenne cette direction. Mais tu n’as rien à te reprocher. Tu as fait ce que tu pensais être juste.

Zola serre les dents. Sophie. Cette révélation tourne en boucle dans sa tête depuis la fin de la journée. Elle se sent trahie, non seulement par Sophie, mais aussi par elle-même, par sa propre incapacité à voir la vérité plus tôt. Ses mains se crispent autour du téléphone.

- Ce n’est pas si simple, Erwan, réplique-t-elle, son ton plus acéré. Je suis censée être la défenseur de la justice, mais tout ça, c’est une farce. Elle a joué avec nos vies, avec mes convictions, et…

Elle s’interrompt, incapable de continuer. Elle sait que ses mots sont un mélange d’émotions, mais elle doit les exprimer.

De l’autre côté, Erwan semble prendre un moment pour réfléchir. Sa voix, quand elle reprend, est plus douce, plus mesurée, comme s’il essayait de tempérer la colère qui monte chez elle.

- C’est normal que tu sois en colère, Zola. Mais tu n’as pas à porter tout ça seule. Il marque une nouvelle pause. Tu sais, parfois, c’est la justice elle-même qui fait défaut. Ce n’est pas un échec. Ce procès, c’était une leçon difficile, mais tu as fait ton travail.

Les mots d’Erwan, empreints de compréhension, résonnent en elle. Mais la tension monte, comme si une partie d’elle refusait d’accepter cette réalité. Elle ne veut pas être simplement consolée. Ce n’est pas ce qu’elle recherche. Elle cherche une réponse, un moyen d’accepter l’inacceptable.

- Tu penses vraiment que tout ça était une leçon ? lance-t-elle brusquement, sa voix se durcissant à mesure qu’elle parle. Parce qu’on m’a fait croire en une vérité, et au final, tout ça n’était qu’un mensonge. Ce n’est pas une leçon, Erwan, c’est une défaite.

Le silence qui suit est lourd, presque suffocant. Elle ferme les yeux, écoutant sa propre respiration, se demandant si elle a été trop dure. Mais elle sait qu’elle ne peut plus cacher cette frustration. C’est comme si tout ce qu’elle croyait en venait de s’effondrer.

Erwan semble l’avoir perçue. Lorsqu’il parle à nouveau, sa voix est plus ferme, mais toujours douce.

- Je comprends, Zola. Et je ne veux pas que tu te sentes seule dans tout ça. Mais il y a une chose que tu dois savoir :* Tu as fait ce que tu pouvais.** Parfois, la vérité n’est pas celle que l’on veut entendre, mais ça ne signifie pas que tu as échoué.*

Elle laisse échapper un petit soupir, passant une main dans ses cheveux. Elle déteste que ses émotions prennent le dessus. Elle a toujours été rationnelle, professionnelle, mais face à cette situation, elle se sent impuissante. Et l’appel d’Erwan ne fait qu’amplifier cette incertitude.

- Je suppose que tu as raison, murmure-t-elle finalement, sa voix plus calme. Mais ça ne m’empêche pas de… de ressentir ce vide.

- C’est normal, répond-il, son ton plus doux maintenant. C’est tout à fait normal.

Il y a un long moment de silence entre eux, comme si ni l’un ni l’autre ne savait vraiment comment conclure cette conversation.

Puis Erwan reprend, d’une voix plus douce, presque hésitante.

- Je… Zola, j’aimerais te voir. Pas pour parler de cette affaire, mais juste pour… Il semble chercher ses mots. … être là, si tu veux. Sans pression.

Zola reste silencieuse. L’idée de le voir, en dehors du cadre professionnel, fait naître un mélange d’émotions contradictoires en elle. Elle hésite, son cœur battant un peu plus fort, mais elle se force à garder son calme.

- On verra, répond-elle enfin. Je vais réfléchir à ça.

Il y a un léger sourire dans la voix d’Erwan lorsqu’il répond.

- D’accord. Je ne veux pas te mettre la pression. Mais sache que je suis là si tu as besoin de parler.

Zola raccroche, posant lentement le téléphone sur son bureau. Un mélange de confusion et de désir la traverse. Elle n’arrive pas à se débarrasser de cette tension palpable qu’elle ressent envers lui. Ce n’est pas seulement à propos du procès ou de leur travail. Il y a autre chose. Quelque chose qu’elle ne contrôle pas.

Elle ferme les yeux, prenant une profonde inspiration. Elle sait que cette conversation n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Mais ce n’est pas simplement une question de justice, ni même de la vérité. C’est quelque chose de plus complexe.

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