LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyLa pluie tombe en fines gouttes froides sur le bitume, créant une mélodie sourde qui se mêle au grondement distant de la ville. New York ne dort jamais, même à une heure aussi tardive. Les lumières des lampadaires créent une ambiance trouble, reflétant des ombres mouvantes sur les façades des immeubles. J’observe la scène depuis le siège passager d’une berline noire aux vitres teintées, le cœur battant à un rythme mesuré, mais l’esprit en ébullition.— Tu es sûre de toi ? — demande l’agent Ross, son regard perçant s’attardant sur mon profil.— Je n’ai jamais été aussi sûre de rien.Mes mains, pourtant calmes, trahissent une légère tension alors que je réajuste le col de ma robe noire. Elle est trop courte, trop moulante. Une partie de moi déteste l’image que je renvoie, mais je sais que dans le monde que je vais infiltrer, l’apparence est une arme. Mon corps, mon visage, mon charme… tout cela va devenir un outil, une distraction, un piège soigneusement tendu à la mauvaise person
EmilyLe silence est presque oppressant dans la pièce faiblement éclairée. La lumière tamisée du lustre au plafond projette une lueur dorée sur les murs sombres, accentuant la tension qui flotte dans l’air. Mes lèvres sont encore brûlantes du baiser que Victorio m’a donné. Mes jambes tremblent légèrement sous la robe trop courte, le tissu frôlant ma peau sensible.Je suis assise dans un fauteuil en cuir, le dos droit, les mains croisées sur mes genoux pour masquer le tremblement de mes doigts. Victorio se tient face à moi, adossé négligemment contre le mur, une cigarette entre ses doigts. La fumée s’élève lentement, serpentant autour de son visage sculpté par les ombres. Il me dévore du regard, ce même regard glacial qui semble traverser mon âme.— Alors, Emily… murmure-t-il, sa voix basse et rauque s'insinuant sous ma peau comme une caresse empoisonnée.Je lève les yeux vers lui, rassemblant mon courage.— Alors quoi ?Un sourire fugace étire ses lèvres. Il prend une longue bouffée d
EmilyLe soleil commence à se lever lorsque je sors de l’immeuble de Victorio, le souffle encore court, mes lèvres brûlantes du baiser qu’il m’a volé. La fraîcheur matinale pique ma peau, mais je suis incapable de calmer les frissons qui parcourent mon corps. Ce n’est pas le froid. Ce sont ses mains sur ma peau. Son souffle dans mon cou. Sa bouche contre la mienne.Je monte dans la voiture banalisée garée non loin du bâtiment. Je me passe une main dans les cheveux en poussant un long soupir, essayant de retrouver mes esprits. Je suis une professionnelle. Une agent du FBI. Pas une adolescente en train de tomber sous le charme d’un homme dangereux.Mais Victorio Valenti n’est pas un homme ordinaire. Il est une ombre. Une menace silencieuse. Une tempête prête à éclater. Et moi, j’ai marché droit dans son piège.Je démarre la voiture, les mains crispées sur le volant. Il faut que je me ressaisisse. Je suis ici pour une mission. L’objectif est clair : infiltrer son organisation, récolter d
EmilyLe soleil perce à peine à travers les rideaux de ma chambre lorsque j’ouvre les yeux. Mon corps est encore engourdi, la chaleur résiduelle de la nuit passée avec Victorio ancrée dans ma chair. Je sens encore le poids de son corps contre le mien, le goût de sa bouche sur mes lèvres, la brûlure de ses doigts sur ma peau.Je me redresse lentement, la couverture glissant le long de mon dos nu. La chambre est silencieuse, baignée dans une lumière dorée. À côté de moi, le lit est vide. Victorio est parti. Bien sûr qu'il est parti. Ce n’est pas un homme qui reste après avoir pris ce qu'il voulait.Je m’assois au bord du lit, ramenant mes genoux contre ma poitrine. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Ce que je ressens en ce moment est une erreur. Ce que j’ai fait est une erreur.Je suis en train de perdre le contrôle.Je suis censée le piéger, pas succomber à lui.Je ferme les yeux en me repassant chaque seconde de la nuit passée. La manière dont ses lèvres ont parcouru chaque centimè
EmilyJe suis assise dans ma voiture, les mains crispées sur le volant, les yeux rivés sur le club de Victorio. La nuit est tombée depuis longtemps, plongeant la ville dans une ambiance électrique, presque suffocante. Des néons rouges et bleus illuminent la façade du club, projetant des ombres dansantes sur le bitume mouillé.Mon souffle est court, mes pensées en désordre. Victorio sait. Il a compris mon jeu, ou du moins une partie. Ce qu’il a dit hier soir résonne encore dans ma tête : "Jusqu’où es-tu prête à aller ?"Je devrais faire marche arrière. Partir, appeler mes supérieurs et leur dire que la couverture est compromise. Mais mes doigts restent accrochés au volant, comme si une force invisible me retenait ici.Ce n’est pas seulement une mission, maintenant. C’est devenu personnel.Victorio est un piège mortel, et pourtant, une partie de moi brûle de tomber dedans.Je prends une inspiration tremblante, puis j’ouvre la portière. Mes talons claquent sur le trottoir alors que j’ava
EmilyJe suis allongée sur mon lit, le regard perdu dans le plafond fissuré de ma chambre d'hôtel. La lumière blafarde du matin perce à travers les rideaux entrouverts, projetant des ombres pâles sur le sol. Mon corps est encore engourdi par la nuit passée, mais mon esprit, lui, est en ébullition.Victorio.Je ferme les yeux, mais son visage s'impose à moi. Ce regard noir et brûlant, cette façon de me dévorer du regard comme si j’étais déjà à lui. Ce baiser sauvage et possessif, ce frisson qui a parcouru ma colonne vertébrale quand il a murmuré : "Tu es à moi."Mon cœur s’emballe à ce souvenir, mais une vague de panique s’y mêle aussitôt. Je me redresse d’un coup, la respiration saccadée. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? C’est une mission, pas une romance. Victorio Moretti est une cible, pas un amant.— Merde, souffle-je en passant une main tremblante dans mes cheveux.Je me lève et file sous la douche, laissant l’eau glacée me ramener à la réalité. Mais même le froid mordant
EmilyLa nuit est tombée depuis longtemps quand je quitte le club. L'air est lourd, chargé d'humidité et de l'odeur de la pluie fraîchement tombée. Mes talons claquent sur le pavé tandis que je rejoins ma voiture, encore secouée par ce qui vient de se passer avec Victorio.Mes lèvres sont encore sensibles, brûlantes de son baiser. Chaque frisson, chaque battement de cœur résonne dans ma poitrine comme une alarme. Il joue avec moi. Mais le pire, c'est que je suis en train de répondre à ce jeu.Je démarre la voiture, les mains crispées sur le volant. La musique basse résonne dans l'habitacle, mais elle ne couvre pas le tumulte de mes pensées.Victorio Moretti n'est pas un homme à qui on survit. Il est le genre de poison qui s’infiltre dans vos veines et vous détruit de l’intérieur. Et pourtant, je viens de lui céder.Je passe les feux rouges sans vraiment les voir, la mâchoire serrée. Ce n'est qu'une mission, je me répète. Juste une mission.Mais au fond, je sais que c'est un mensonge.
LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyIl dort. Enfin. Je le regarde, allongé sur le flanc, les traits détendus pour une fois, comme si la violence s’était éloignée, juste un instant. Comme si l’homme qu’il aurait pu être reprenait possession de son corps. Mais ce n’est qu’un leurre. Une illusion fragile. Je suis éveillée. Et je pense. Trop. L’air est lourd. L’obscurité complice. Et dans le silence, les questions remontent, une à une, comme des aiguilles sous la peau. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suis Emily Reyes. Agent fédérale. Spécialisée en criminologie comportementale. Formée pour traquer, manipuler, démasquer. Pas pour… aimer. Encore moins un homme comme lui. Et pourtant, je suis là. Nue dans son lit. Désarmée. Troublée par le moindre de ses gestes. Enchaînée à quelque chose que je ne peux ni nommer, ni fuir. Est-ce que je regretterai ? C’est la question qui tourne sans fin. Celle qui m’empêche de respirer. Est-ce que je regretterai d’avoir tout quit
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu
LorenzoJe n’ai même pas pris le temps d’essuyer mes mains. Le sang sèche déjà sous mes ongles, dans les lignes de ma paume, comme une mémoire que je ne peux pas effacer. Emily ne dit rien. Elle ne me regarde plus de la même manière. Mais elle reste. Et c’est bien ça le plus dangereux.Le corps gît encore au sol. Une traînée écarlate s’étend jusqu’à la flaque de pluie entrée par le toit éventré de l’usine. Le sang et l’eau forment une mare trouble, comme un cauchemar dissous dans le réel. Dante s’est écarté, son visage fermé comme à son habitude, mais je vois son cou raidi, ses mâchoires crispées. Même lui sent que cette nuit, quelque chose a changé.Emily m’a suivi. Elle a vu. Elle n’a pas détourné les yeux.Et ça… Ça me retourne plus que je ne veux l’admettre.— Il avait des infos sur les cargaisons ? demandé-je d’une voix sèche.Dante hoche la tête.— Ils comptent frapper sur deux fronts. L’un par la route. L’autre par quelqu’un de l’intérieur.Je plisse les yeux. Ce mot. Intérieur
LorenzoElle me regarde, un mélange de détermination et d’incertitude dans son regard. Mais elle acquiesce, lentement, prenant une profonde inspiration avant de s’installer à mes côtés.— Je suis prête, murmure-t-elle.Les phares de la voiture s’allument, et le moteur rugit dans la nuit. La pluie continue de tomber, mais je n’y prête plus attention. La route est devant nous, et tout ce qui compte maintenant, c’est ce qui va suivre. Nous allons frapper fort. Et personne ne pourra nous arrêter.EmilyLa pluie tambourine encore sur le toit de la voiture, amplifiée par le silence tendu qui règne à l’intérieur. J’ai les yeux fixés sur la route détrempée, les mains posées sur mes cuisses, immobiles, comme si le moindre mouvement risquait de faire éclater l’équilibre précaire qui m’habite. Tout va trop vite. Les mots de Melaine tournent encore dans ma tête comme des crochets venimeux. Sa voix douce, ironique, cette façon de m’observer comme si elle savait déjà ce que je ne voulais pas admett
VictorioLa pluie n’a pas cessé. Elle martèle le toit du motel avec une intensité qui me fait presque oublier la tension palpable qui envahit l’air autour de moi. Le bruit de l’eau tombant sur le métal est monotone, presque apaisant, mais il ne parvient pas à étouffer le tumulte dans mon esprit. Les mots de Melaine résonnent encore dans mes oreilles, des échos désagréables qui s’infiltrent dans chaque recoin de mes pensées.Je jette un regard furtif vers Emily, toujours là, silencieuse à mes côtés. Elle semble être dans son propre monde, perdu dans la pénombre de la pièce. Sa respiration est calme, mais je peux voir les signes de l’agitation sous-jacente qui la traverse. Son regard est distant, presque absent, et malgré sa tentative de rester forte, je sais qu’elle lutte contre quelque chose de plus grand qu’elle. Quelque chose qu’elle ne me dit pas. Mais je peux lire entre les lignes.Je brise le silence, ma voix douce mais ferme.— Tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse ?Elle se
VictorioLa pluie s’est intensifiée. De grosses gouttes s’écrasent contre le pare-brise de la voiture alors que je fixe la route devant moi, le regard noir. Emily est à mes côtés, son visage éclairé par la faible lumière des lampadaires qui défilent. Elle ne dit rien, mais je sens sa tension. Ses doigts crispés sur le tissu de son pantalon, sa respiration mesurée, presque forcée.— On devrait s’arrêter pour la nuit, propose Dante depuis le siège passager.— Non, on continue, répliqué-je froidement.Dante me jette un regard en coin.— On ne peut pas rouler éternellement, capo. On a besoin de repos, et elle aussi.Il désigne Emily d’un signe de tête. Je me tourne vers elle. Ses yeux brillent faiblement dans l’obscurité, mais elle ne dit rien.— Je vais bien, murmure-t-elle.Je serre la mâchoire.— On va s’arrêter une heure, dis-je à contre-cœur. Pas plus.Dante sourit légèrement.— Comme tu voudras, capo.Il s’engage sur une petite route secondaire, et quelques minutes plus tard, nous a