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Chapitre 5 : Entre le feu et la glace

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-03-20 20:39:59

Emily

Je suis assise dans ma voiture, les mains crispées sur le volant, les yeux rivés sur le club de Victorio. La nuit est tombée depuis longtemps, plongeant la ville dans une ambiance électrique, presque suffocante. Des néons rouges et bleus illuminent la façade du club, projetant des ombres dansantes sur le bitume mouillé.

Mon souffle est court, mes pensées en désordre. Victorio sait. Il a compris mon jeu, ou du moins une partie. Ce qu’il a dit hier soir résonne encore dans ma tête : "Jusqu’où es-tu prête à aller ?"

Je devrais faire marche arrière. Partir, appeler mes supérieurs et leur dire que la couverture est compromise. Mais mes doigts restent accrochés au volant, comme si une force invisible me retenait ici.

Ce n’est pas seulement une mission, maintenant. C’est devenu personnel.

Victorio est un piège mortel, et pourtant, une partie de moi brûle de tomber dedans.

Je prends une inspiration tremblante, puis j’ouvre la portière. Mes talons claquent sur le trottoir alors que j’avance vers l’entrée du club. Le videur me reconnaît immédiatement et me laisse passer sans un mot. L’intérieur du club est saturé de chaleur, de musique et de désir. Les corps se pressent sur la piste de danse, les lumières tamisées caressant les silhouettes comme une promesse silencieuse.

Je me fraye un chemin parmi la foule jusqu’au fond de la salle. Victorio est là, installé dans son coin habituel, un verre à la main, l’air parfaitement à l’aise au milieu de ce chaos maîtrisé.

Ses yeux accrochent les miens dès que j’approche. Un frisson me parcourt l’échine.

— Emily, dit-il d'une voix suave, le coin de ses lèvres s'incurvant en un sourire dangereux.

Je m'arrête juste devant lui, les bras croisés.

— Pourquoi m'as-tu appelée ?

Victorio penche légèrement la tête, son regard glissant lentement de mon visage à mon décolleté, puis plus bas encore, avant de remonter avec une lenteur calculée.

— Assieds-toi.

— Non. Dis-moi ce que tu veux.

Un éclat amusé traverse ses yeux.

— Très bien. Suis-moi.

Il se lève, son mètre quatre-vingt-dix de muscles et de domination prenant immédiatement possession de l'espace. Il ne me laisse pas le choix. Il commence à marcher, et je le suis sans réfléchir, comme hypnotisée par sa démarche fluide et la tension animale qui émane de lui.

Il m’entraîne vers une porte discrète, protégée par deux hommes armés. Ils nous laissent passer sans un mot. Un long couloir faiblement éclairé s’étire devant nous. Victorio pousse une autre porte, révélant une pièce luxueuse et insonorisée.

Une immense baie vitrée offre une vue plongeante sur la ville illuminée. Une table basse en verre trône au centre de la pièce, entourée de fauteuils en cuir noir.

Victorio se retourne vers moi, refermant la porte derrière lui.

— Pourquoi es-tu ici, Emily ?

Je fronce les sourcils.

— C’est toi qui m’as appelée.

Il s’approche, lentement, son regard ancré au mien.

— Non. Pourquoi es-tu vraiment là ?

Je me raidis.

— Tu sais pourquoi.

Il s’arrête à quelques centimètres de moi, son souffle effleurant ma peau.

— Peut-être. Mais j’ai envie que tu me le dises.

Je recule d'un pas, mais il me suit. Son regard est noir, brûlant.

— Tu crois que je suis stupide ? poursuit-il d'une voix basse et glaciale. Tu crois que je ne sais pas que tu caches quelque chose ?

Je le fixe sans ciller.

— Et toi, tu crois que tu peux m’intimider ?

Son sourire s'élargit.

— Non, Emily. Mais je sais que tu ressens la même chose que moi. Cette tension. Cette brûlure. Ce besoin.

Sa main effleure ma joue, et malgré moi, je frémis.

— Tu crois pouvoir jouer à ce jeu avec moi ? souffle-t-il. Tu crois pouvoir me manipuler ?

Il glisse son pouce sur ma lèvre inférieure.

— Je suis le prédateur, Emily. Pas toi.

Mon souffle s’accélère. Ma peau s’embrase là où il me touche. Je devrais le repousser. Je devrais m’éloigner. Mais je reste figée.

— Peut-être, dis-je d’une voix rauque. Mais même un prédateur peut se faire piéger.

Un éclat d’ombre traverse ses yeux.

— Oh, ma douce Emily… Si tu penses que tu as le contrôle, alors tu n’as rien compris.

D’un geste brutal, il me saisit par la taille et me plaque contre la baie vitrée. Mon souffle se coupe. Mon dos rencontre le verre froid alors que son corps brûlant s’appuie contre le mien.

— Dis-moi d’arrêter, murmure-t-il contre mon oreille.

Mes mains s’accrochent à ses épaules. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser.

— Emily…

Sa bouche effleure la mienne, si proche…

— Arrête-moi.

Mais je ne le fais pas.

Au lieu de ça, mes lèvres s’entrouvrent. Et il s’empare de ma bouche avec une brutalité possessive.

Sa langue s’insinue entre mes lèvres, réclamant, exigeant. Mes mains glissent dans ses cheveux, mes hanches s’ouvrent sous la pression de son corps.

Je me perds dans ce baiser, dans le goût de sa bouche, dans l’odeur sombre et musquée de sa peau. Il me soulève, mes jambes s’enroulent autour de sa taille, son corps s’enfonce plus profondément contre le mien.

— Tu es à moi, murmure-t-il contre ma bouche.

Je halète, mes ongles s’enfoncent dans sa nuque.

— Et si c’était toi qui étais à moi ?

Il rit doucement, un son sombre et délicieux.

— On va voir ça…

Ses lèvres glissent le long de mon cou, laissant une traînée de feu sur ma peau. Mes hanches roulent contre lui, cherchant davantage.

— Tu vas me détester, Emily, murmure-t-il contre ma peau.

Je plante mes yeux dans les siens.

— J’ai déjà commencé.

Il m’embrasse de nouveau, sauvage et brûlant. Et je comprends à cet instant que je suis foutue.

Parce que Victorio Moretti est en train de me posséder — corps et âme.

Plus tard, lorsque la porte se referme derrière moi, mes jambes sont encore tremblantes. Ma peau est encore marquée par ses doigts, ma bouche douloureuse sous la force de ses baisers.

Je m’appuie contre le mur, le souffle court.

Je suis en train de tomber.

Non… Je suis déjà tombée.

Et Victorio l’a compris bien avant moi.

Maintenant, il sait qu'il n’a plus besoin de me chasser.

Parce que je suis déjà sa proie.

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