Chapitre 2

« Débrouille-toi avec ce désastre. » Les mots de Derek m'ont frappée comme un coup de masse. Il s'est détourné sans la moindre hésitation, emmenant Victoria avec lui.

La cérémonie était terminée, mais pas mon humiliation. Ce soir-là, j'ai appris par les rumeurs de la meute que Derek avait emmené Victoria aux Maldives — notre destination prévue pour la lune de miel.

Le lien mental que nous venions tout juste de former a vacillé. Son message a retenti dans mon esprit : « Ce qui s'est passé à la cérémonie a profondément bouleversé Victoria. Offrons-lui notre lune de miel comme compensation. Tu devrais profiter de ce temps pour réfléchir à ton comportement. Je dois aider Victoria à se détendre. »

Je suis rentrée en titubant dans notre chambre — non, sa chambre — où des pétales de rose couvraient encore les draps. J'étais trop épuisée pour les ramasser. Je les ai simplement balayés au sol avant de m'effondrer sur le matelas, toujours vêtue de mes vêtements humides.

Après que Victoria m'a poussée dans le feu, les membres de la meute m'avaient arrosée d'eau, mais personne ne m'avait proposé de vêtements secs, ni même de soin pour mes brûlures.

En branchant mon téléphone pour le recharger, je suis « accidentellement » tombée sur le post Instagram de Victoria. C'était une photo d'elle et Derek : les bras de Derek autour de ses épaules, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre, presque collés. Ils portaient chacun un brassard assorti — symbole traditionnel de dévotion dans la culture des loups-garous.

Un mois plus tôt, j'aurais pris ma forme de louve immédiatement pour traverser le territoire et exiger des explications. Mais là, je me suis contentée d'éteindre mon téléphone et de me tourner pour dormir.

Pendant des années, j'avais cru que la froideur de Derek faisait simplement partie de sa nature, que son attachement à Victoria n'était qu'un devoir familial.

Je lui avais trouvé des excuses, je m'étais battue pour attirer son attention, j'avais gagné ma place. Mais maintenant, je le voyais clairement : je n'avais jamais été sa priorité.

Il était temps de tout arrêter.

Le lendemain matin, avec des mains étonnamment stables, j'ai signé les papiers de rupture du lien d'âmes et je les ai apportés au Conseil des Alphas.

Comme Derek était l'Alpha de la meute, la validation du Conseil était nécessaire pour briser notre lien.

Mais le destin semblait déterminé à m'arracher toute paix.

Sur le chemin du retour, dans un coin reculé du territoire, j'ai été encerclée par des loups de la meute rivale : les Bloodmoon. Leurs yeux brillaient de haine et de sauvagerie alors qu'ils tournaient autour de moi.

J'ai tenté de me transformer en louve pour me défendre, mais c'est là que je l'ai découvert :

J'étais enceinte.

Et la grossesse m'empêchait temporairement de me transformer — le moment le plus vulnérable dans la vie d'une louve.

Alors que la panique m'envahissait, j'ai entendu le grondement du rival Alpha : « Ton compagnon a chassé toute ma meute de notre territoire ! À cause de lui, on a tout perdu ! Nos terrains de chasse, nos tanières, tout est disparu ! »

Il s'est approché, immense, une masse noire qui me dominait.

« On a entendu dire que ton compagnon venait d'hériter de la Meute de l'Ombre. Une fois que nous t'aurons, il va échanger ces terres contre ton retour ! »

Apprendre qu'ils ne voulaient que du territoire m'a donné une étincelle d'espoir. Peut-être qu'ils épargneraient mon enfant si Derek coopérait.

Désespérément, j'ai tenté de le joindre par notre lien mental nouvellement formé.

Neuf appels mentaux, aucune réponse.

Mes mains tremblaient contre mon ventre, protégeant la vie que je venais à peine de découvrir.

« Derek, s'il te plaît ! Je suis enceinte de ton enfant ! Ils vont nous tuer tous les deux ! »

Les larmes ont inondé mon visage alors que mes jambes cédaient et que je m'effondrais à genoux, dans la terre de la forêt.

Au dixième essai, la réponse de Derek est tombée, glaciale : « Tu as fini avec ton cinéma ? Ma sœur Victoria ne se sent pas bien. Cesse de me déranger. »

Son rejet m'a arraché toute valeur aux yeux de mes ravisseurs.

J'ai lutté de toutes mes forces, mais avec ma louve endormie, ma résistance n'avait aucun poids. Les griffes de l'Alpha rival ont déchiré violemment et précisément mon ventre. L'horreur m'a paralysée alors que je le regardais… Mon enfant était déchiqueté, morceau par morceau, sous mes yeux.

Mon sang a imbibé la terre de la forêt, une douleur que je ne connaissais jamais m'a traversée, une chaleur poisseuse et insupportable.

Mon enfant est parti.

Juste comme ça.

La haine s'est cristallisée dans mon cœur, libérant ma louve Alpha dans une ultime vague de puissance. J'ai réussi à tuer celui qui avait assassiné mon enfant, avant d'échapper à l'encerclement des Bloodmoon.

De retour en territoire sûr, haletante, accrochée à mon dernier souffle, j'ai appelé mon père.

« Papa », ai-je soufflé, à peine audible, « je ne serai plus la Luna de la Meute de l'Ombre. Je vais rentrer et hériter de la Meute de la Lune d'Argent. »