Mag-log inLe velours du siège épousait la silhouette d’Alexie avec un confort trompeur. Comme si ce coin de lounge privé avait été conçu pour qu’on s’y abandonne… et qu’on cesse de réfléchir aux conséquences. Mauvaise idée, songea-t-elle en observant ses amis avec une méfiance grandissante.
La musique venait de changer. Le saxophone se faisait plus audacieux, presque complice des bêtises qui naissaient dans les esprits alcoolisés.
— Donc… si j’ai bien suivi, vous voulez m’utiliser pour divertir vos vendredis soirs ? lança Alexie en arquant un sourcil, sa voix teintée d’ironie.
Sarah plaqua une main dramatique contre sa poitrine.
— Que nenni ! C’est une mission noble ! Tu représentes l’honneur du groupe !
— L’honneur du groupe ? répéta Alexie, incrédule. Et depuis quand avons-nous un honneur à défendre, exactement ? Parce que j’ai des flashbacks d’une soirée karaoké où Malik a hurlé « Barbie Girl » en faussant toutes les notes.
— Hey ! protesta Malik en levant son verre. J’ai une voix… artistique.
— Oui, répondit Alexie. Artistiquement criminelle.
Le groupe éclata de rire. Camille, qui tentait de rester sérieuse, avait déjà les yeux brillants de complicité.
Sarah fit tournoyer son verre, prête à exposer la suite de son plan machiavélique.
— Revenons à notre défi princier : séduire un inconnu.
Alexie inspira profondément. Si elle devait jouer, autant connaître toutes les règles avant d’accepter de perdre.
— Très bien. Je t’écoute, Machiavel.
— Voilà ce que nous avons établi, dit Sarah en se penchant vers elle, conspiratrice. Tu as sept jours. Pas un de plus. Et dans cette période, tu dois obtenir au moins trois preuves de son intérêt.
— Trois ? Quoi, un tampon de fidélité à chaque flirt ? ricana Alexie.
Malik frappa doucement la table.
— Idée brillante. On pourrait créer une carte : « Seduction Club Gold Member ». Cinq frôlements = un verre offert.
— Je vous déteste, souffla Alexie, incapable de retenir un sourire.
— Les preuves, reprit Sarah, imperturbable : un sourire qu’il te réserve uniquement à toi. Une conversation personnelle. Et… une marque d’intérêt physique.
Alexie faillit s’étouffer avec son cocktail.
— Une marque d’intérêt physique ? C’est quoi cette terminologie policière ? Je dois aussi remplir un rapport ?
Camille tenta de tempérer la situation.
— Rien d’inapproprié ! Juste… un geste qui montre qu’il est attiré. Par exemple, te toucher le bras, se rapprocher sans raison, ce genre de choses.
Alexie haussa un sourcil.
— Le consentement, vous connaissez ?
— Bien sûr ! Et tu peux toujours arrêter le jeu si ça dépasse la limite, répondit Sarah. On ne fait pas ça pour te mettre en danger. Juste pour s’amuser un peu.
Le regard d’Alexie se radoucit. C’était ça, au fond : son groupe d’amis était un mélange étrange de provocateurs et de protecteurs. Ils voulaient rire, mais jamais à ses dépens… du moins pas totalement.
— Et si je gagne ? demanda-t-elle, croisant les bras comme une négociatrice professionnelle.
Malik leva la main comme en cours.
— Je vote pour que la perdante — donc nous — paie un brunch royal dimanche prochain. Avec pancakes, avocado toasts et mimosas à volonté.
— Hm, j’approuve, dit Camille en hochant la tête.
Sarah plissa les yeux, réfléchissant.
— Et si tu perds, on choisit la prochaine étape du défi.
— Pardon ? Il y aurait une suite ?!
— Évidemment, rit Sarah. La vie serait trop ennuyeuse sinon.
Alexie se massa les tempes.
Pourquoi ai-je des amis qui me veulent autant de malheur… avec amour ?
— Je veux un papier signé, plaisanta-t-elle. Semble-t-il que je me suis retrouvée dans un contrat tacite avec des clowns.
Malik porta la main au cœur.
— Nous sommes des artistes du chaos, rectifie. Ça sonne mieux sur LinkedIn.
Ils éclatèrent de rire à nouveau.
Puis le rire s’éteignit doucement… remplacé par un silence plus lourd de conséquences.
Sarah pencha la tête, son sourire se transformant en arme d’influence massive.
— Tu acceptes, Alex. N’est-ce pas ?
C’était là que se jouait tout.
Alexie regarda son verre.
Elle leva les yeux vers ses amis.
Elle sourit.
— D’accord, déclara-t-elle finalement. Je joue.
Sarah poussa un cri de victoire, Malik applaudit, Camille rit dans sa paume.
Sarah rapprocha son siège du sien, rieuse :
— Tu viens de signer pour la meilleure semaine de ta vie.
Alexie haussa un sourcil.
— Ou la pire.
La musique monta d’un cran, comme pour sceller l’accord.
Et quelque part dans la salle, un regard attendait déjà de la rencontrer.
Elle ne le savait pas encore.
Alexie regardait ses amis comme si elle avait accepté de sauter sans parachute… et qu’ils continuaient à débattre de la couleur du sol en bas.
— Donc, commença-t-elle, feignant un calme olympien, comment comptez-vous procéder ? Parce que si votre plan consiste à pointer un gars du doigt en criant “lui !”, je propose qu’on revoie notre stratégie.
— Oh mais c’est exactement ça, répondit Sarah, radieuse.
Alexie soupira.
Malik observa rapidement la salle, la tête penchée comme un agent secret en mission — ou plutôt comme un pigeon cherchant du pain.
— Cible numéro un : Monsieur Pull Col en V, déclara-t-il en désignant un homme blond à la table voisine.
Alexie plissa les yeux. L’homme, la trentaine élégante, parlait avec une femme qui avait l’air de vouloir être ailleurs.
— Il a l’air mignon, observa Camille, optimiste.
— Il a surtout l’air d’un « je parle en statistiques et je déteste le fun », répliqua Alexie.
Sarah hocha lentement la tête.
— Oui… Non, ça manque de challenge.
Malik tapa une note sur son téléphone.
— Ok. Recalé pour cause de col en V suspect.
— Tu prends une liste ?! demanda Alexie, stupéfaite.
— Évidemment. Contrôle qualité, ma chère.
Elle leva les yeux au ciel.
La musique vibra plus profondément, comme un signal secret de recalibration.
Sarah fit signe à Alexie d’observer un autre homme, près de la scène où un saxophoniste laissait glisser des notes suaves.
— Lui ? proposa Sarah. Il joue avec son alliance alors qu’il n’a personne près de lui.
Camille fronça les sourcils.
— Marié malheureux ou veuf… ce n’est pas très joyeux comme terrain de jeu.
— Je ne suis pas là pour briser des foyers, merci, répondit Alexie.
Malik nota dans son téléphone :
“N°2 : Marié (non merci).”
Alexie rit malgré elle.
— Sérieusement, laissez-moi quelqu’un de normal, avec un cœur intact… ou au moins quelques morceaux utilisables.
Malik scanna encore la salle, concentra son regard vers le fond :
— Et lui ? Aucun ringardage détecté.
Alexie suivit la direction indiquée.
Un homme en chemise bleu nuit, lunettes fines, silhouette discrète.
Trop gentil.
Alexie hésita…
— Je veux… quelque chose de moins évident, murmura-t-elle.
Sarah sourit, ravie d’entendre ça.
— Ah ! Donc tu es officiellement une amoureuse du danger. On progresse !
— Peut-être que j’aime juste les intrigues, riposta Alexie.
— Même combat, répliqua Sarah.
Camille tapota la main d’Alexie.
— Tu trouveras, j’en suis sûre. Et puis… c’est toi qui choisiras au final.
Alexie soupira.
Malik, toujours concentré sur sa mission, se redressa brusquement.
— J’en ai un autre ! Là-bas, près du bar.
Alexie tourna la tête dans la direction indiquée.
Et son souffle manqua un battement.
Il était là.
L’homme en costume sombre.
Une intensité contrôlée.
Alexie sentit quelque chose vibrer dans son ventre.
— Celui-là, déclara Sarah d’une voix basse, comme si elle prononçait un sort.
Malik regarda autour.
— On le met dans la short-list, celui-là. Très haute priorité.
Camille cligna des yeux, impressionnée.
— On dirait qu’il pourrait… la dévorer juste du regard. Tu es sûre que c’est une bonne idée ?
Alexie resta figée un instant.
Elle avala une gorgée trop vite.
Sarah tapa doucement du doigt sur la table.
— Je crois qu’on a trouvé notre requin dans l’océan.
Alexie s’éclaircit la gorge.
— Il est un peu… intense. Non ?
— Exactement, répondit Sarah, séduite par l’idée.
Malik sourit en coin.
— Et toi, Alex ? Qu’est-ce que tu en dis… vraiment ?
Elle voulut détourner les yeux…
Et leurs regards se croisèrent.
Pas un regard curieux.
Les doigts d’Alexie se crispèrent autour de son verre.
Lui non plus ne céda pas.
Une courte bataille silencieuse.
Puis il détourna calmement la tête.
Alexie reprit enfin son souffle.
Camille murmura presque un « wow » timide.
Malik tapa encore sur son téléphone.
— Noté : “Alpha mystérieux”. Grand potentiel.
Sarah rayonna, triomphante.
— Voilà ta cible. Ton défi. Ta semaine vient de devenir très, très intéressante.
Alexie inspira.
Elle tenta de plaisanter, pour sauver les apparences :
— Tant que je ne dois pas l’approcher à mains nues, ça ira.
— Oh si, répliqua Sarah en clignant de l’œil. Même à mains brûlées.
Alexie avait envie de rire.
Ce pari allait être sa perte.
Et une part d’elle avait hâte de perdre.
Alexie se redressa lentement dans la banquette, comme si elle venait de se rendre compte qu’elle s’était trop laissée aller en avant, attirée par ce regard abyssal de l’inconnu. Elle replia les épaules, ravala la surprise qui avait traversé ses traits, et tenta de récupérer un semblant de contrôle.
— Avant que vous ne décrétiez que je suis officiellement engagée dans un pacte avec Satan, dit-elle sèchement, je veux savoir : que se passe-t-il lorsque j’aurai gagné ? Parce que je vais gagner.
Elle adressa à Sarah un sourire défiant, presque arrogant, qui fit rire la table entière.
Malik leva les mains, solennel.
— Brunch royal pour toi, supplice public pour nous. Et en prime, tu pourras nous jeter nos lacunes sociales à la figure pendant… un mois ?
— Deux mois, corrigea Alexie en croisant les jambes dans une élégance calculée.
— Une semaine, tempéra Camille, toujours la voix de la raison au milieu des pyromanes.
— On se mettra d’accord plus tard, déclara Sarah en balayant l’air. Ce n’est qu’un détail. L’important, c’est que tu te lances.
Alexie tapota du bout des doigts la tige de son verre.
— Et si je perds ? reprit-elle, même si cette idée la faisait intérieurement grincer des dents.
Malik eut un sourire qui lui donna envie de le frapper.
— Alors… tu devras suivre un défi choisi par nous. Quelque chose qui te fera sortir de ta zone de confort. Genre…
— Arrête-toi là, Malik, menaça Alexie. Je te préviens : si tu me fais faire du saut en parachute, je t’assomme avec la première aile d’avion venue.
— Noté, dit Sarah en notant mentalement. Pas d’avion. On trouvera quelque chose… de plus amusant. Et terrestre.
Alexie soupira profondément.
Ils allaient la tuer.
Lentement.
Elle porta une nouvelle gorgée à ses lèvres, comme si le liquide sucré pouvait lui donner du courage. Elle se redressa complètement, posant son verre avec un petit claquement qui attira l’attention du groupe.
— Très bien. Je valide l’opération. Mais j’impose une règle.
Sarah plissa les yeux.
— Laquelle ?
— Pas d’intervention de votre part. Pas de sabotage. Pas d’encouragement à voix haute, pas de gestes ridicules derrière mon dos, pas de signaux de détresse genre « cligne des yeux si tu veux qu’on vienne la sauver ».
Malik fit semblant de ranger un talkie-walkie imaginaire.
— D’accord, je retire le plan d’opération commando.
— Je veux que ce soit moi. Mon charme, mon intelligence. Pas vous.
Elle appuya son doigt contre sa poitrine en signe de détermination.
Camille sourit, sincèrement touchée.
— Tu vas assurer, Alex. Je le sais.
Alexie inclina légèrement la tête, reconnaissante.
La lumière ambiante se fit plus chaude, plus profonde. Le saxophone vibra d’une note grave qui semblait frôler les côtes d’Alexie de l’intérieur.
Et comme attirée par un aimant incontrôlable, elle regarda à nouveau vers le bar.
L’inconnu était toujours là.
Il avait l’air… dangereux.
Et elle était sur le point de jouer avec ce danger.
Une sensation étrange la traversa, un mélange d’adrénaline et de crainte. C’était grisant. Terrifiant. Addictif.
Sarah suivit son regard, puis chuchota :
— Tu sens ça ? Cette tension silencieuse ? C’est le début d’une histoire folle.
Alexie déglutit.
— Je sens surtout que je vais faire un AVC avant d’avoir dit bonsoir.
Malik ricana.
— On appelle ça l’effet « Dieu vivant », Alex.
Camille pinça discrètement Alexie pour la ramener à la réalité.
— Hé. Respire. C’est juste un gars.
Alexie hocha la tête, comme une automate qui se persuade de quelque chose de faux.
— Oui. Juste un gars.
Mais elle savait que c’était un mensonge.
Sarah s’empara de sa main, l’air d’une meneuse prête à lancer sa star sur scène.
— Cette semaine, tu vas provoquer l’imprévisible. Et tu vas aimer ça.
Alexie la fixa.
— Je me souviendrai de cette phrase quand je serai en train de me liquéfier de honte.
Malik leva son verre.
— Alors, portons un toast à l’audace, à la folie… et à Alexie qui va séduire l’homme mystère.
Camille leva aussi son verre.
— À Alexie.
Sarah renchérit :
— À la victoire du charme, du talent… et de l’arrogance bien placée !
Ils trinquèrent.
Alexie avala une longue gorgée, se sentant brûler de l’intérieur.
Et dans un souffle, juste assez fort pour ses amis :
— D’accord. Je me lance.
Sarah poussa un cri silencieux d’excitation. Malik faillit applaudir. Camille rayonnait.
Alexie inspira une dernière fois, profonde, presque solennelle.
Elle se releva lentement de la banquette.
Et au loin, lui.
L’obstacle.
Pour Alexie, le pari commençait maintenant.
Sarah murmura, un sourire au coin des lèvres :
— Que la chasse commence.
Alexie répondit en levant légèrement le menton.
— Qui te dit que c’est moi la chasseuse ?
Son regard glissa une dernière fois vers le mystérieux inconnu…
Et pour la première fois, un doute l’effleura :
Et si c’était lui…
Le réveil sonna trop tôt. Ou peut-être était-ce son cerveau qui sonnait plus fort que l’alarme.Alexie cligna des yeux, se tournant vers son téléphone qui vibrait encore sur la table de nuit. Elle avait l’impression de n’avoir dormi qu’une demi-heure. Pas étonnant : elle avait passé une partie de la nuit à envoyer des “je vais très bien” mensongers à Sarah et à se convaincre que le monde n’allait pas s’écrouler parce qu’un homme avait un regard trop puissant.Elle attrapa son oreiller et l’écrasa sur son visage en grognant.— Je refuse de me lever. Officiellement.Mais son cerveau n’était pas de cet avis. Déjà, il déroulait un film précis :Un bureau. Des regards. Un sourire infime. Une voix basse.Elle repoussa violemment la couverture et se redressa, les cheveux en bataille, l’air d’une héroïne au lendemain d’une guerre psychologique.Direction : salle de bain.Elle alluma la lumière. Son reflet la fixa.— Toi, tu es en train de perdre tes moyens, dit-elle à haute voix.Le
La fin de journée promettait d’être paisible.En théorie.Le bruit des claviers diminuait progressivement, les chuchotements se transformaient en soupirs d’épuisement, et l’odeur du café froid abandonnait peu à peu les gobelets vides sur les bureaux.Alexie s’étira dans sa chaise, sentant ses épaules craquer sous la tension.Elle jeta un coup d’œil à l’horloge de son écran : 17h38.Encore vingt minutes avant de pouvoir filer.Encore vingt minutes avant que son cerveau cesse d’être un champ de bataille entre logique et… Ethan.Elle ferma son ordinateur portable d’un geste presque triomphant et récupéra son manteau sur le dossier de sa chaise.Ce soir, elle voulait fuir les pensées, fuir le désir, fuir la question qu’elle refusait de formuler.Mais le destin — ou une ironie cosmique très malicieuse — en avait décidé autrement.— Alexie ?La voix.Toujours la voix.Elle se figea.Très lentement, elle tourna la tête.Ethan se tenait à l’entrée de l’open space, appuyé contre le cadre de la
La réunion du lundi matin s’annonçait interminable.La salle était grande, vitrée, avec une longue table centrale et trop de slides projetées pour une heure aussi matinale.Alexie avait choisi une place dans la deuxième rangée, légèrement en retrait.Une position stratégique pour observer sans être observée.Enfin… c’était l’idée.Parce qu’au moment où Ethan entra dans la salle, tout l’air sembla changer de densité.Il était là encore.Costume sombre, allure parfaitement posée, visage fermé de concentration.Il n’était pas venu seul : un directeur l’accompagnait, pressé de lui expliquer des chiffres à voix basse.Alexie ravala un frisson mal placé.Reste normale. Respire. Fais ton travail.Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et fixait la présentation…pendant exactement quatre secondes.Puis ses yeux glissèrent inexorablement vers lui.Il prenait place au fond de la salle, près de la baie vitrée, les bras croisés.Attentif.Ou peut-être… en surveillance ?Il ne rega
L’heure du déjeuner dans l’entreprise : un brouhaha de conversations qui se croisent, des parfums de café et de plats réchauffés, des éclats de rire trop sonores. La vie professionnelle à son maximum. Le moment idéal pour jouer.Alexie avait décidé de s’installer à une table en plein centre de la cafétéria moderne, entourée de collègues. Elle était détendue en apparence, mais intérieur… c’était une toute autre histoire.Elle observait chaque entrée de la salle. Chaque silhouette. Chaque mouvement d’ouverture de porte.Elle ne le cherchait pas. Elle le guettait.Mais elle avait un plan.Une stratégie.Elle voulait montrer… à lui et à elle-même qu’elle pouvait mener la danse sans se brûler.— Alexie, tu es bizarre depuis quelques jours, lança Malik en s’asseyant face à elle, une bouteille d’eau à la main. — Bizarre ? répéta-t-elle, faussement outrée. Je suis le modèle même de la stabilité psychologique.— Ça doit être ça, répondit-il en haussant un sourcil amusé. T’as encore
Le soir tombait lentement, traînant derrière lui les dernières couleurs du soleil. Dans l’appartement d’Alexie, cette lumière orangée glissait sur les murs, comme si le jour refusait de s’éteindre complètement — un peu comme ses pensées.Elle lâcha son sac près du canapé, se laissa tomber dessus avec un long soupir, puis resta immobile quelques instants.Respirer. Se calmer. Remettre tout en ordre.Elle se passa une main sur le visage.— C’est rien, Alexie. Tu maîtrises, tu gères… tu domines même.Elle hocha la tête, comme pour se convaincre elle-même que la version de la réalité qu’elle venait de formuler était la bonne.Le pari. C’était ça, le point de départ. Une blague entre amis. Une petite mission amusante pour challenger l’ennui du quotidien.Séduire un inconnu. Obtenir un sourire. Et maintenant… pousser le jeu un peu plus loin.Elle posa les yeux sur la table basse où reposaient ses deux trophées involontaires : Une carte photographique glissée sous un livre. Une not
Le soleil s’était levé sur le campus avec une assurance insolente, comme s’il savait qu’aujourd’hui encore, Alexie aurait besoin d’un peu de lumière pour ne pas sombrer dans ses pensées.Les étudiants circulaient entre les bâtiments, discussions animées, sacs trop lourds, cafés à emporter.Un lundi ordinaire.Mais rien n’était ordinaire dans la tête d’Alexie depuis que lui s’y était installé.Une présence silencieuse, un écho qui refusait de s’éteindre.Elle sortait de son amphithéâtre, des notes à peine lisibles sur son cahier parce que chaque phrase du professeur se mélangeait à la question obsédante :Ethan reviendra-t-il ?Elle aurait aimé prétendre que ça ne changeait rien à sa vie.Mais son cœur la dénonçait à chaque battement.Elle inspira profondément et marcha vers les jardins du campus, là où de nombreux étudiants s’installaient pour réviser sur les bancs face aux magnolias en fleurs.L’air sentait la sève, le gazon encore humide, et le café fraîchement versé dans les gobele







