Elena Cela fait trois jours qu’on s'évite au bureau. Trois jours que mon sommeil se trouble.Trois jours que mon téléphone reste muet. Pas un message. Pas un appel. Pas même un mot glissé sous la porte. Et lorsqu'on se croise à l'agence, nos rapports se limitent juste au travail. Je sens qu'il est froid et qu'il m'en veut de lui avoir fait des reproches. Le silence s’est installé comme une brume épaisse entre nous. Et je n’arrive pas à le dissiper. Je m’en veux. Il a peut-être séquestré un mec, mais il avait toutes les raison de le faire. Je suis dans la cuisine, assise à la table, une tasse de thé froide entre les mains, quand Anna débarque. Elle s’invite sans prévenir, comme toujours. Ses cheveux sont relevés en un chignon désordonné, et elle porte son vieux pull rouge troué à la manche.___ « On devrait te trouver un psychologue, tu ne penses pas ? Je te trouve bizarre dernièrement, mais tu ne me dis rien, non plus. Ou tu préfère que j'aille rendre visite à Adria
Adrian Je conduis jusqu'à me garer dans un lieu calme. Je sors de la voiture et claque la portière derrière moi. Le froid de la nuit m’accueille comme une gifle brutale et sèche. Néanmoins, elle me fait du bien. J’ai besoin d’air. J’ai besoin de silence. Pas de ses yeux qui me regardent comme si j’étais un monstre.Je fais les cents pas, tenant ma tête entre mes mains. Je vais devenir fou, si cette situation continue. Je pensais que tout était fini, que nous serons en paix, maintenant qu'il n'y a plus de Louise ou encore de Roméo. Je me suis trompé. Chaque jour, un nouvel défi dans notre vie de couples et cela commence à m'irriter. Je reviens encore près de ma bagnole, pousse la porte de ma voiture, m’y engouffre et claque encore la portière. Je ne démarre pas. Je reste là, immobile. Le souffle court, les poings crispés sur le volant.Elle a vu la vidéo et elle a douté. Évidemment, que je devais m'y attendre. Je penche la tête contre l’appuie-tête, ferme le
ElenaJ’ai demandé à Adrian de passer chez moi. Je lui ai fait comprendre que nous devons discuter sur un sujet important. Il était intrigué et surtout curieux, mais je n'ai pas osé aborder cela au téléphone. Je descends de l'appartement et le rejoins en bas, dans sa voiture. Il m'analyse, tel un détective privé. Mon cœur bat comme un tambour. J'ai peur d'aborder ce sujet, mais je veux des réponses. ___ « De quoi, tu veux qu'on parle ? » me demande t'il, en me fixant toujours.Je me lève. Mon cœur cogne dans ma poitrine, mais je le fixe droit dans les yeux.___« J’ai reçu une vidéo aujourd'hui »Je tends le téléphone, mais il ne le prend pas tout de suite. Il arque juste un sourcil, perplexe. ___ « Une vidéo de quoi ? »___ « De toi... » Je m'arrête un instant, hésitante.___ « Dans cette vidéo, on te voit en train de menacer un homme dans un entrepôt. »L'expression de son visage change, comme s'il vient de se souvenir de quelque chose. Je ressens un douloureu
Elena Le soleil du matin s’infiltre doucement par les vitres de notre salon. L’air est tiède, chargé de l’odeur du savon noir et de la lavande, un parfum de fraîcheur qui me donne envie de vider tous les placards. Armée de mon chiffon, j’attaque le meuble télé avec une concentration presque militaire, pendant qu'Anna, agenouillée à côté du canapé, s’occupe des taches sur le tapis comme si elle voulait leur faire avouer un crime. Toutes les deux, nous avons décidé de faire le grand ménage aujourd'hui. ___« Franchement, t’as vu la tête de ce tapis ? Il a survécu à une guerre ou quoi ? » grogne-t-elle en frottant avec énergie.___ « C’est toi qui a renversé du chocolat dessus la semaine dernière, je te rappelle. » lui lance je en riant.___« Moi ? Jamais de la vie. C’est sûrement un fantôme accro au cacao. T’as qu’à appeler un exorciste, Elena. »Je ris doucement. Cette matinée ménage me fait du bien. Une parenthèse tranquille dans le chaos de ces derniers
Elena Le silence s’est abattu dans l’appartement après le claquement sec de la porte. Un silence lourd, chargé d’émotions et de pensées non dites.Je reste affalée dans le canapé, les bras ballants, le regard perdu dans le vide. Anna, elle, fait les cent pas dans le salon, son agitation trahissant sa colère encore vive.___ « Tu lui as vraiment pardonné ? » demande-t-elle finalement, en s’arrêtant face à moi.Je pris une inspiration lente avant de répondre. Je comprends ce qu'elle ressent et je sais que ça peut paraître étrange, mais j'ai vraiment pardonné à cette femme. Je ne l'ai pas fait pour me sentir gentille ou quelque chose de ce genre. Je lui ai pardonné, parce que je ne veux plus qu'elle nous court après pour cette histoire. Louise est toxique et surtout sournoise, donc je ne veux pas prendre le risque de lui laisser une chance de revenir dans nos vies.___« Oui. Enfin… je crois. Mais pas pour elle. C’est pour moi que je l’ai fait. J’ai besoin de me
AdrianLa lumière tamisée du bureau baigne la pièce dans une atmosphère feutrée. Le silence n’est rompu que par le cliquetis rapide de mon clavier et le léger bruissement des feuilles que je passe en revue. L’écran de mon ordinateur affiche les derniers chiffres du trimestre, mais mon esprit reste partiellement distrait. Malgré les performances en hausse de l’entreprise, quelque chose plane dans l’air. Une tension. Un pressentiment.Un léger grésillement me sort de mes pensées. Mon téléphone de bureau commence à vibrer, une ligne directe utilisée uniquement par les agents de sécurité de la villa. Je fronçe les sourcils et décroche àl'appel.___ « Monsieur Adrian ? » fait une voix hésitante à l’autre bout du fil.___ « Qu’y a-t-il ? » demandé-je d’un ton ferme.___ « Il y a… une femme. Louise. Elle insiste pour vous voir. Elle dit que c’est urgent et qu’elle ne partira pas tant qu’elle ne vous aura pas parlé.»Un silence glacé tombe dans le bureau. Louis