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Chapitre 2 : Alessandra 

ผู้เขียน: L'invincible
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-10-28 03:06:00

Alessandra

Chaque pas est une épreuve. New York est une bête froide et indifférente qui me recrache d'un trottoir à l'autre. Le vent ne se contente pas de mordre ma peau ; il semble vouloir s'infiltrer dans mes os, y déposer son gel mortel. Mon manteau est une feuille de papier. Mes escarpins, des instruments de torture. Chaque claquement sur le bitume est un rappel : tu tombes, tu tombes, tu tombes.

Je sors d'un autre entretien. Le quatrième cette semaine. Le sourire figé, les mains qui ne doivent pas trembler, la voix qui doit rester stable, assurée.

"Vos compétences sont excellentes, Mademoiselle Valenti, mais nous cherchons un profil... plus expérimenté."

"Votre parcours est intéressant, mais un peu... erratique."

Erratique. Un joli mot pour dire "naufragé".

Je m'arrête devant une vitrine, feignant d'admirer des vêtements que je ne pourrai jamais m'offrir. Mon reflet me renvoie l'image d'une étrangère. Une femme pâle, aux yeux cernés d'ombres mauves. Où est passée la fille aux joues roses et au regard arrogant ? Elle a été emportée par la chute, comme tout le reste. La maison. La voiture. Les tableaux. L'illusion d'une vie à l'abri.

Tout a fondu comme neige au soleil. Il ne reste que Leo. Mon petit frère. Son sourire, si faible désormais, est la dernière bougie dans mon obscurité.

Mon téléphone vibre. Une décharge électrique me parcourt l'échine. Je sais qui c'est avant même de regarder. L'hôpital.

La voix de la responsable administrative est devenue la bande-son de mon cauchemar.Elle est polie, implacable.

—Mademoiselle Valenti, je vous rappelle concernant l'acompte pour le prochain cycle de traitement de votre frère. La date limite est demain. Sans cela, nous serons dans l'obligation de...

Sa voix se perd dans un bourdonnement. Les chiffres qu'elle énonce sont astronomiques. Ils pourraient aussi bien parler en années-lumière. Mon estomac se serre, un poing de glace qui se referme. La panique monte, acide, dans ma gorge.

— Je... Je comprends. Je vais régler cela. Je vous le promets.

Je raccroche, le souffle court. Les lumières de la ville dansent, se brouillent. Je m'appuie contre la vitrine froide, sentant la force me quitter. Promettre. Je promets, et je promets encore. Mais sur quoi ? Sur l'air ? Sur l'espoir mince comme du papier à cigarette ?

Je lève la tête, malgré moi. Mes yeux sont irrésistiblement attirés vers la plus haute tour, la plus impitoyable. Blackwood Holdings. L'empire de Lucian "Luck" Blackwood. Un nom qui revient souvent dans les journaux économiques. Un génie impitoyable. Un bâtisseur de ruines. On dit qu'il dévore les entreprises et crache les os.

Une pensée folle me traverse l'esprit. S'ils cherchent... S'ils avaient un poste... Le salaire, même modeste... Ce serait une bouffée d'oxygène. Assez pour respirer un mois de plus.

Je me ressaisis, me reprends avec violence. Idiot. Une entreprise comme la sienne ? Ils ne recrutent que les meilleurs, les plus affûtés, les plus impitoyables. Pas une épave comme moi.

Je pousse un profond soupir, un nuage de vapeur dans l'air froid, et je reprends ma marche. Je remets le masque. Je vais envoyer encore des CV, sourire encore à des inconnus, supplier encore pour une chance.

Je ne sais pas. Je ne sais pas que mon CV, ma photographie, mes mensonges plein d'espoir sont posés sur le bureau de l'homme même dont j'ai brisé l'existence. Je ne sais pas que ma prière a été entendue par le diable en personne.

L'ironie est si écrasante que si j'y pensais, je m'effondrerais sur ce trottoir pour ne plus jamais me relever.

Luck

Je n'ai pas bougé. Le dossier d'Alessandra est ouvert devant moi. Je le connais par cœur. Chaque faille. Chaque désespoir.

Je prends le téléphone. Cette fois, je compose un numéro interne.

—Le poste de directrice artistique junior. Il est retiré du marché. Je le pourvois.

Un silence à l'autre bout du fil.

—Monsieur ? Mais le processus de recrutement...

—Est terminé, l'interromps-je, la voix douce comme une caresse mortelle. J'ai la candidate. Faites-la venir , demain à 9 heures précises. Son nom est Alessandra Valenti.

Je raccroche.

Je me lève et marche jusqu'à la baie vitrée. La nuit est tombée. New York n'est plus qu'un tapis de diamants noirs et de lumières froides. Mon royaume.

Je cherche son reflet dans la vitre. Je ne vois que mon propre visage, durci par les années, les cicatrices invisibles sous la surface lisse. Le garçon qu'elle a battu regarde à travers les yeux de l'homme qui va la briser.

C'est une symphonie qui s'annonce. Une composition en plusieurs mouvements : l'espoir, la peur, l'humiliation, la chute. Je vais en être le chef d'orchestre. Je vais diriger chaque note de son agonie.

Elle va entrer ici demain, pleine d'un espoir misérable. Elle va me supplier avec ses yeux, avec son silence, avec tout son être.

Et je vais lui offrir un contrat. Pas un emploi.

Un an à genoux.

Pas comme une maîtresse. Cela serait lui faire trop d'honneur.

Comme ma putain.

La guerre que j'ai déclarée dans mon cœur il y a des années va enfin commencer. Et son premier coup ne sera pas un cri, mais un chuchotement.

Son premier champ de bataille ne sera pas un tribunal ou une salle de boardroom.

Ce sera mon bureau.

Je souris. Pour la première fois depuis très, très longtemps, c'est un vrai sourire.

J'ai hâte.

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