L’air était lourd d’humidité et de colère. Alex sortit de l’église d’un pas décidé, la pluie battant son visage comme pour laver le passé. Mais il n’y avait rien à laver. Tout brûlait déjà en lui : la douleur de la trahison, le poids de dix années perdues, et surtout la certitude qu’il ne tomberait plus jamais dans le piège.
--- Les cris derrière lui À peine eut-il franchi le seuil que des pas précipités résonnèrent derrière lui. Isabella surgit, la robe blanche trempée par la pluie. Ses yeux étaient emplis de larmes, son visage tordu de panique. — Alex ! Attends ! Tu ne peux pas me faire ça ! Pas comme ça ! Il se retourna lentement. Le tonnerre gronda au loin. — Comme ça ? répéta-t-il d’une voix glaciale. Isabella, je viens de t’éviter une vie entière de faux-semblants et de mensonges. Considère que je t’ai fait un cadeau. Elle chancela, ses lèvres tremblantes. — Mais… pourquoi ? Tu m’aimais ! Tu disais que tu ferais tout pour moi… Un sourire amer étira les lèvres d’Alex. — Oui. Je faisais tout pour toi. Et tu aurais piétiné chaque sacrifice. Tu crois que je ne vois pas clair ? Tu crois que je suis aveugle ? Isabella ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Dans ses yeux, Alex crut déceler autre chose que de la douleur : une inquiétude… comme si elle avait peur qu’il ait découvert quelque chose. Avant qu’elle ne puisse parler, une autre voix éclata. — Alex ! Marc. Il arriva en courant, son costume détrempé, son regard flamboyant de colère. — Bordel, mec, t’as pété un câble ?! Tu humilies Isabella, tu fous la honte à nos familles devant tout le monde ?! Alex le fixa. Dans une autre vie, il aurait cherché à s’expliquer, à apaiser. Mais cette fois, il ne voyait qu’un traître devant lui. Il avança lentement, jusqu’à se tenir à quelques centimètres de lui. Ses yeux plongèrent dans les siens. — Tu veux un conseil, Marc ? Ne me parle plus. Ne m’adresse plus jamais la parole. Marc déglutit. Une ombre de malaise traversa son visage, mais il tenta de sourire. — Mec… arrête, t’es juste stressé. On peut en parler. — Non, trancha Alex d’une voix froide. Tu ne comprends pas. Ce mariage n’aura jamais lieu. Et toi… tu n’as plus rien à voir dans ma vie. Il tourna les talons, laissant derrière lui Isabella effondrée et Marc figé, incapable de répliquer. --- La fuite Alex marcha longtemps sous la pluie, sans se soucier de l’eau qui collait sa chemise à sa peau. Les passants le regardaient avec étonnement, mais il ne voyait qu’un seul chemin devant lui. Il finit par s’arrêter sous un vieux porche. Son souffle était court, son cœur battait la chamade. Mais peu à peu, la rage céda la place à une clarté nouvelle. Je suis revenu dix ans plus tôt. Il se répéta ces mots encore et encore. Tout ce qu’il avait perdu, il pouvait désormais le récupérer. Mieux encore : il pouvait transformer chaque erreur en opportunité. Je connais l’avenir. Un sourire naquit sur ses lèvres. Ce n’était plus un fardeau, c’était une arme. --- Le poids des souvenirs Il se mit à repenser à ces dix années effacées. Chaque humiliation, chaque sacrifice pour Isabella, chaque trahison subie. Mais aussi… les événements du monde, les marchés financiers, les technologies, les entreprises qui allaient exploser. Je peux bâtir une fortune. Je peux réécrire l’histoire. Son esprit s’embrasait d’idées. Mais au milieu de tout cela, une pensée revenait sans cesse, comme une lame dans sa poitrine : Isabella et Marc. Il se revit les surprenant ensemble. Leurs baisers volés, leurs murmures brûlants. Dix ans d’aveuglement. Il ferma les yeux, serra les poings. — Vous allez payer. --- Retour à la maison familiale Le lendemain matin, Alex se rendit chez ses parents. La maison lui parut plus grande qu’il ne s’en souvenait. Tout semblait intact, comme figé dans une époque qu’il avait perdue. Sa mère, surprise de le voir si tôt, l’accueillit avec un sourire. — Mon fils… J’ai appris ce qui s’est passé hier. Que s’est-il passé, Alex ? Son père, plus sévère, restait en retrait. — Tu nous as couverts de honte. Annuler ton mariage le jour même ? Alex soutint son regard. Dans une autre vie, ces reproches l’auraient écrasé. Mais aujourd’hui, il savait. Il n’avait pas à se justifier. — Père. Mère. Faites-moi confiance. Vous ne comprenez pas encore, mais un jour vous saurez que j’ai pris la meilleure décision de ma vie. Ils échangèrent un regard perplexe, mais Alex n’ajouta rien. Il monta dans sa chambre d’autrefois. Tout y était : ses vieux livres, ses affaires, ses rêves d’adolescent. Assis à son bureau, il prit une feuille et commença à écrire. --- Les premières stratégies Il nota tout ce dont il se souvenait : Les entreprises qui allaient percer dans les prochaines années. Les événements politiques majeurs. Les krachs boursiers à venir. Les start-ups qui deviendraient des géants. Son écriture était fébrile, mais chaque mot lui donnait la sensation de reprendre le contrôle. Puis, il s’arrêta. Une autre idée lui traversa l’esprit. Et si je ne faisais pas que bâtir une fortune ? Et si je détruisais aussi tout ce qu’Isabella et Marc allaient tenter de construire ? Une flamme sombre s’alluma dans son regard. --- La promesse gravée Ce soir-là, seul dans sa chambre, Alex se tint devant le miroir. Il se regarda longuement, son reflet plus jeune mais son âme plus vieille. Il leva la main et jura : — Je ne suis plus l’homme naïf que j’étais. À partir d’aujourd’hui, chaque choix, chaque pas, chaque souffle sera dirigé vers un seul but : ma revanche. Ses yeux brillèrent d’une intensité nouvelle. — Isabella. Marc. Vous avez détruit ma vie. Cette fois, c’est moi qui détruirai la vôtre.L’air du matin avait cette fraîcheur piquante propre aux débuts de saison, un mélange de renouveau et de tension contenue. Pour Alex, c’était le parfum d’un champ de bataille invisible.Il n’avait pas dormi beaucoup. La nuit précédente, son esprit avait ressassé chaque détail de ses plans : les alliances qu’il devait tisser, les secrets qu’il devait révéler au bon moment, les pièges qu’il devait tendre. Le chemin qu’il avait choisi n’était plus celui de la survie, mais celui de la domination. Désormais, chaque mouvement devait avoir un poids.Assis dans son bureau — une petite pièce qu’il avait transformée en véritable quartier général — il parcourait des dossiers financiers, des notes personnelles et surtout un carnet où il consignait tout ce qu’il savait de l’avenir. Ce carnet était son arme la plus redoutable : prédictions de crises, dates d’événements clés, noms de personnes qui allaient marquer l’histoire.Un sourire amer se dessina sur ses lèvres.— Si seulement vous saviez à qu
Le matin se leva avec une brume légère qui étouffait les bruits de la ville. Alex s’était assis à son bureau avant l’aube, le carnet ouvert, le regard fixé sur les lignes rageuses qu’il avait tracées la veille. Ses yeux brûlaient de fatigue, mais son esprit était aussi clair que l’acier d’une lame fraîchement forgée. La veille, il avait juré que rien ni personne ne l’arrêterait. Ce matin, il devait transformer ce serment en actes. Il avait appris, dans sa première vie, que la vengeance n’était pas une impulsion brutale mais une longue guerre d’usure. Chaque coup devait être préparé, chaque geste mesuré. Et aujourd’hui marquerait la première manœuvre visible. --- Il commença par organiser son capital. Ce qu’il possédait encore était modeste, mais il savait où frapper. Dix ans plus tôt, certaines entreprises considérées comme insignifiantes allaient devenir des géants. Il nota trois noms dans son carnet : une petite société de logiciels, une startup de paiement en ligne, et une
Le matin se leva sur la ville, voilé par un ciel grisâtre. Alex n’avait pas dormi. Pas une seconde. Ses yeux étaient rouges, mais son esprit brillait d’une lucidité glaciale. Il avait passé la nuit à dresser des plans, à revisiter ses souvenirs du futur comme un stratège analysant une guerre déjà vécue. Chaque événement, chaque trahison, chaque opportunité lui revenait avec une précision chirurgicale. Et maintenant, il avait une carte. En bas de son immeuble, il croisa le concierge, un vieil homme qui l’avait toujours regardé comme un gamin sans importance. Mais Alex lui rendit son sourire avec une assurance nouvelle. Ce n’était pas un simple échange banal. C’était un test. Et dans le regard du vieil homme, Alex vit ce qu’il voulait : une pointe de respect, née de l’assurance qu’il dégageait désormais. — Bonjour, monsieur Dupont, dit le concierge. Vous partez tôt aujourd’hui. — Une grande journée commence, répondit Alex en ajustant sa veste. Et il descendit la rue, le pas f
La nuit était tombée depuis longtemps sur la ville. Un silence épais enveloppait les rues désertes, brisé seulement par les aboiements lointains d’un chien errant. Dans son bureau faiblement éclairé, Alex contemplait une feuille blanche posée devant lui. Ses doigts tenaient un stylo, mais il ne bougeait pas. Ses pensées tourbillonnaient, plus sombres que jamais. Dix ans plus tôt, il avait été un homme brisé. Dix ans plus tard, il était mort dans la solitude, trahi, humilié, effacé de sa propre histoire. Mais aujourd’hui, il avait une seconde chance. Une seconde vie. Et il n’avait plus l’intention de la gaspiller. Le miroir de vérité Alex se leva et se dirigea vers la grande glace accrochée au mur. Il s’y regarda longuement. Les traits étaient les mêmes : le visage jeune, les yeux fatigués mais pas encore consumés par la douleur. Pourtant, il se sentait différent. Il approcha son visage du miroir et murmura : — Tu n’es plus Alex Dupont. Tu n’es plus cet homme naïf qu’ils o
Alex passa les jours suivants enfermé dans son bureau, le carnet toujours ouvert devant lui. Le monde extérieur semblait s’effacer : les appels d’Isabella restaient sans réponse, les visites de Marc se heurtaient à un silence glacial. Chaque heure, chaque minute était consacrée à écrire, calculer, prévoir. Il se souvenait parfaitement de certaines dates-clés, de ces événements qui avaient façonné son autre vie : L’ouverture d’une petite entreprise de technologie locale qui, en quelques années, deviendrait un mastodonte. La flambée des prix immobiliers dans un quartier encore méprisé. Le lancement d’un projet minier qui attirerait bientôt les investisseurs étrangers. À l’époque, il n’avait pas su en profiter. Il avait regardé, impuissant, pendant que d’autres s’enrichissaient. Pas cette fois. Le premier pas : un capital de départ Mais la connaissance ne suffisait pas. Il lui fallait de l’argent. Pas grand-chose, mais assez pour placer ses premières pierres. Alex fouilla
Le silence de la maison fut brisé par le claquement sec de la porte d’entrée. Alex releva la tête. Isabella entra, ses talons résonnant sur le parquet, chaque pas trahissant une nervosité contenue. Son visage, impeccablement maquillé malgré la nuit agitée, se crispa à la vue du carnet ouvert sur le bureau. — Tu écris maintenant ? demanda-t-elle d’une voix acide, cherchant à reprendre le dessus. Alex ne répondit pas immédiatement. Il referma calmement le cahier, posa le stylo, puis croisa les bras sur sa poitrine. Son silence pesa lourd, plus douloureux que n’importe quelle réplique cinglante. Isabella s’approcha, ses yeux scrutant les siens, cherchant une faille. Mais elle ne trouva qu’un mur glacé. — Alex… on peut parler ? dit-elle enfin, sa voix se radoucissant. Il esquissa un sourire amer. — Parler ? Comme on le faisait quand tu me disais que j’étais ton unique amour ? Ou comme quand tu passais tes nuits avec Marc ? Le coup fut direct, sans détour. Isabella blêmit, ses