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Chapitre 3

Author: Bagel
Quand il a entendu mes mots, Zane en est resté si abasourdi qu'il en a oublié de saluer mon père, mon frère et Chloé, qui venaient tout juste de rentrer.

Il s'est précipité vers moi, le visage bouleversé.

« Clara, tu es vraiment en train de donner la villa à Chloé ? »

Je ne comprenais pas.

Ils avaient toujours pris le parti de Chloé, lui offrant tout ce qu'elle désirait, comme s'ils pouvaient décrocher les étoiles pour elle.

Et moi, si jamais j'osais dire non, je n'avais même pas droit à un regard.

Alors pourquoi, maintenant que je donnais à Chloé la villa ce lieu qui symbolisait les plus beaux jours de mon amour avec Zane, étaient-ils incapables de comprendre ?

Mon père et mon frère m'ont encerclée aussitôt.

La main lourde de mon père s'est abattue sur mon épaule, me faisant chanceler.

« Clara, je savais que tu étais la plus gentille, la plus généreuse ! » a-t-il dit d'une voix chargée d'émotion. « Ne t'inquiète pas, on ne fait que prêter la maison à Chloé pour un temps. Quand elle ne sera plus là… »

Mon frère a serré la main d'Chloé, les yeux humides.

« Tu as entendu, Chloé ? Clara te donne aussi la maison. C'est ça, une vraie famille : on s'entraide. »

S'entraider ?

Cher père, cher frère… pensez-vous vraiment que Chloé m'aiderait un jour ?

Vous n'aviez jamais vu ce qui se cachait sous son masque.

Comme à cet instant, assise dans son fauteuil roulant, elle m'a fait un doigt d'honneur, un sourire triomphant aux lèvres.

Zane, lui, a dégainé aussitôt son téléphone.

« Julien ? C'est Zane Pierce. Viens tout de suite à la villa. On signe. »

Il était si nerveux, comme s'il craignait que je change d'avis d'une seconde à l'autre.

Un goût métallique est monté dans ma gorge. J'ai attrapé le verre d'eau posé sur la table, mais ma main s'est mise à trembler violemment.

Le verre a glissé et s'est écrasé au sol, éclatant en mille morceaux.

« Clara, pourquoi es-tu si maladroite ? Et tu oses te dire écrivain ? Regarde-toi, tes mains tremblent tellement que tu peux à peine tenir un stylo ! Céder tes droits d'édition à Chloé, c'est ce qu'il y a de mieux pour eux », a lancé Nathan en fronçant les sourcils.

J'ai fixé mes mains tremblantes et, incapable de me retenir, j'ai relevé les yeux vers eux.

« Papa, Nathan… si c'était moi qui étais en train de mourir… est-ce que vous vous en soucieriez ? »

Mais mon frère a balayé ma question d'un geste agacé.

« Tu es juste stressée. Détends-toi ! Regarde-toi, tu as une mine superbe. C'est de Chloé qu'il faut s'inquiéter. Tu as vu comme elle a maigri ? C'est déchirant. »

À ses côtés, mon père a caressé tendrement les cheveux de Chloé.

« Exactement ! » a renchéri Olivia. « C'est toi qui es forte et en bonne santé, maman. C'est tante Chloé qui a vraiment besoin qu'on s'occupe d'elle ! »

En entendant ma fille répéter leurs paroles, j'ai vacillé. Zane a dû croire que j'allais faire une scène.

« Après la signature, tu devrais quand même aller te faire examiner à l'hôpital. Je demanderai à un interne de jeter un œil. »

Quelle ironie.

Un chirurgien réputé qui envoyait sa propre femme chez un interne.

Peu importe. Bientôt, je ne serais plus un fardeau pour personne.

Je me suis tournée vers Olivia, le sourire aux lèvres.

« Olivia, puisque la villa sera désormais à tante Chloé, pourquoi ne choisirais-tu pas une chambre pour elle ? Tu préfères la suite parentale avec vue sur mer, ou ta chambre ? »

Les yeux d'Olivia se sont illuminés.

« Je peux vraiment choisir ?! »

Je lui ai rendu un sourire pâle.

« Une fois que tu auras choisi, tu pourras être avec tante Chloé tous les jours. Elle sera toujours avec toi. Alors réfléchis bien. »

Olivia s'est mise à sautiller d'excitation.

« Je veux la chambre avec vue sur mer ! C'est la plus belle ! Tu es la meilleure, maman ! »

Elle m'a arraché la main et a couru vers Chloé.

« Tante Chloé, est-ce qu'on peut habiter dans la chambre vue mer à partir de maintenant ? »

Mon père, mon frère et Zane observaient la scène, rayonnants d'approbation en visage.

Je me suis retournée et je suis partie, jetant un dernier regard derrière moi.

Mon père et mon frère entouraient Chloé, s'occupant d'Olivia, tandis que Zane, debout à l'écart, souriait.

Je me suis demandé s'il se souvenait seulement qu'il avait acheté cette maison parce que je lui avais dit vouloir vivre près de la mer.

« Comme ça, Clara, tu pourras voir ton océan adoré chaque jour », m'avait-il murmuré alors, les yeux débordant d'amour.

Aujourd'hui, il n'y avait plus aucune trace de moi dans son regard.

J'ai refermé la porte de la villa et je me suis éloignée.

Il ne me restait que vingt-quatre heures à vivre, et plus aucun endroit où aller.

L'air humide et salé m'a fouetté le visage.

Je suis montée sur le ferry qui traversait vers la petite île de l'autre côté du Puget Sound.

Les vertiges s'intensifiaient, ma vue se noircissait par vagues.

Je savais que je ne tiendrais plus très longtemps.

Avant que l'obscurité ne m'engloutisse, j'ai fouillé mon sac à la recherche de mon téléphone.

Avec mes dernières forces, j'ai passé un ultime appel.

Puis tout est devenu noir. Je n'ai plus rien su.
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