Mag-log inLa nuit était tombée depuis longtemps lorsque Grâce, incapable de dormir, se leva de sa chaise d’hôpital. Les lumières blanches du couloir lui faisaient mal aux yeux, mais elle n’avait pas le choix : elle devait parler au médecin tout de suite.
Elle marcha jusqu’au bureau de garde et frappa doucement.
— Entrez, répondit une voix fatiguée.
Grâce poussa la porte. Le docteur, encore en blouse, révisait un dossier.
— Docteur, excusez-moi… c’est urgent.
Sa voix tremblait légèrement.
— Mademoiselle Grâce ? Tout va bien ?
— Écoutez… dit-elle en serrant ses doigts. Pour ma mère… le rein. Je vous demande de faire tout ce qu’il faut pour en trouver un. L’argent… sera disponible demain, à 11h.
Le docteur fronça les sourcils.
— Vous êtes sûre de pouvoir payer les deux millions ?
Grâce hocha la tête avec assurance, même si son cœur battait trop vite.
— Oui. Je vous en supplie, commencez les recherches. Et si possible… qu’elle soit opérée demain. Sa vie dépend de vous.
Le docteur soupira, mais accepta.
— Très bien. Je vais lancer la procédure dans la nuit. Votre mère a besoin d’une intervention rapide. Nous ferons notre maximum.
Grâce murmura un « merci » avant de sortir.
---
La nuit dans la chambre
Elle retourna dans la chambre de sa mère, où seul le bip régulier des machines rompait le silence. Elle s’allongea sur le lit d’appoint et sortit son téléphone.
Elle écrivit rapidement :
Grâce → Alex :
Je suis déjà à la maison. Bonne nuit.
Quelques secondes plus tard, il répondit :
Alex :
D’accord ma belle. Moi aussi je suis déjà au lit. Bonne nuit.
Grâce verrouilla son téléphone et soupira.
Elle ferma les yeux… priant pour que demain ne soit pas trop tard.
---
Pendant ce temps — Chez Alex
Alex fixait le plafond de sa chambre. Impossible de dormir.
Il repensait à la somme que Grâce lui avait demandée.
— Deux millions… et moi j’ai deux millions cinq cent mille en tout.
Il se gratta la tête.
Son père avait arrêté de lui envoyer de l’argent depuis qu’il était devenu « adulte ».
Et comme Alex venait juste de rentrer au pays, sans travail stable… ce compte était tout ce qu’il lui restait.
— Si mon père apprend que je fais un retrait aussi gros… il va poser des questions.
Puis il haussa les épaules.
— Bah… il ne sait même pas que j’ai ce compte-là.
Il sourit en coin.
— Au pire… c’est un investissement. Après tout, je vais devenir l’héritier. Je le mérite, je travaille bien…
Il se retourna dans son lit, enfin serein.
Demain, il deviendrait plus proche de son rêve.
---
Le matin — 7h30
Anne entra dans l’hôpital en courant presque. Elle n’avait pas dormi longtemps, mais elle s’était levée avec une boule au ventre. Elle voulait voir Grâce et sa mère avant son rendez-vous avec Jordan.
Elle traversa le couloir, salua une infirmière, puis trouva Grâce devant la chambre.
— Grâce !
Elle s’approcha, essoufflée.
— Comment va maman Christel ce matin ?
Grâce haussa les épaules, les yeux marqués par la fatigue.
— Elle dort… et les médecins lancent les recherches pour un rein. On attend.
Anne entra doucement dans la chambre, toucha la main froide de maman Christel et murmura une petite prière.
De retour dans le couloir, elle fouilla dans son sac et sortit une enveloppe.
— Tiens, dit-elle en la tendant à Grâce.
Grâce ouvrit la bouche, surprise.
— Anne… non. Tu as déjà fait beaucoup.
— Prends.
Anne força un sourire.
— Ce n’est pas grand-chose, mais ça aide pour les soins. Je n’ai plus mon contrat, tu sais, je fais juste des petits travaux journaliers… mais ce que j’ai, je partage.
Les yeux de Grâce se remplirent de larmes.
— Merci, Anne… tu n’imagines pas ce que ça représente pour moi…
Anne prit sa main et la serra doucement.
— On est des sœurs de cœur, non ? On se laisse pas tomber. Jamais.
Grâce hocha la tête, émue.
Anne regarda l’heure.
— Je dois filer… Jordan m’attend. On a un rendez-vous chez ses parents.
— D’accord… allez-y. Et merci encore.
Anne lui fit un signe de la main avant de partir.
---
Chez Jordan
La maison de ses parents était grande et chaleureuse. Jordan l’attendait devant le portail, un sourire éclatant sur le visage.
— Ma fiancée ! dit-il en la prenant dans ses bras.
Anne sourit malgré sa fatigue et ses préoccupations.
— Mon amour… tu m’as manqué.
— Toi aussi, dit-il en la guidant vers l’intérieur.
— Viens, on doit parler de quelques choses importantes aujourd’hui.
Anne sentit son cœur se serrer.
Elle espérait que ce soit une bonne nouvelle.
La veille du mariage – Gabriel et JordanDepuis leur rencontre dans la rue, Gabriel et Jordan échangeaient parfois des messages.Toujours avec respect, toujours avec une politesse presque fraternelle.Message de Gabriel :Salut Jordan, tu vas bien ?Réponse de Jordan :Oui, très bien. Et toi ?Gabriel :Bien. J’espère que ta sœur va bien aussi.(Il parlait d’Anne, comme Jordan le lui avait laissé croire.)Jordan :Anne n’est pas ma sœur… c’est ma fiancée. On se marie demain.Silence.Gabriel ne répondit pas immédiatement.Il relut le message trois fois.Puis enfin :Gabriel :Félicitations. Sincèrement. Je viendrai au mariage si tu permets.Jordan :Bien sûr, tu es invité. Tu es quelqu’un de bien, Gabriel.Gabriel posa le téléphone sur sa table, se frotta le visage.— Ta fiancée… Anne…Il murmura seul dans son salon.— Alors je n’ai aucune chance ?Mais aussitôt, il se reprit, se redressa, releva le menton.— Non… un cœur peut changer. Un cœur peut se tromper. Peut-être qu’un jour… el
Deux semaines plus tard – Hôpital CentralLe couloir de l’hôpital avait une odeur de désinfectant, mais pour Grâce, il sentait la victoire.Sa mère dormait paisiblement, reliée à quelques machines, mais elle respirait mieux.Son visage avait repris des couleurs, ses doigts étaient plus chauds.Le docteur Kamanda entra, un dossier à la main.— Mademoiselle Grâce…Il sourit largement.— L’opération a été un succès. Votre maman réagit très bien. Le rein s’adapte parfaitement.Grâce porta ses mains à sa bouche, les larmes jaillissant sans prévenir.— Merci docteur… merci infiniment… vous avez sauvé sa vie…— Non, répondit le docteur avec douceur.Remerciez plutôt Angélique… c’est grâce à elle.Grâce baissa la tête.— Oui… je sais…---Funérailles d’Angélique – Deux semaines après l’opérationLa petite chapelle du quartier Nord était remplie de fleurs blanches.Une photo d’Angélique trônait devant l’autel : un sourire doux, un regard fatigué mais lumineux.Le prêtre récita quelques mots.—
Chez Grâce et Alex – Le contrat de l’ombreLe salon d’Alex était silencieux, trop silencieux.Grâce avait entre les mains les feuilles du contrat qu’il lui avait donné.Son cœur battait à toute vitesse, mais elle resta concentrée, ligne par ligne.Alex, assis en face d’elle, la regardait avec un calme presque dérangeant.— Tu as bien tout lu ? demanda-t-il doucement.Grâce prit une dernière inspiration et posa le document.— Oui… j’ai tout lu.— Et tu acceptes ? insista Alex, les yeux rivés sur elle.Elle hésita, mais finit par hocher la tête.— Je signe.Elle prit le stylo, ses doigts tremblants, et apposa sa signature à la dernière page.Alex sourit, un sourire lent, satisfait.— Parfait.Il se leva, ouvrit un tiroir, sortit une enveloppe épaisse et la tendit à Grâce.— Voici l’argent. L’intégralité.Grâce prit l’enveloppe avec émotion.— Merci… Alex… tu n’imagines pas ce que ça signifie pour moi.— Je sais, répondit-il froidement.— Et n’oublie pas : dans deux semaines.Grâce rougi
Chez Jordan, l’atmosphère était simple mais chaleureuse.Pas de luxe, pas de grande cuisine moderne — juste une table en bois, deux tasses de thé fumant, et l’amour sincère de deux cœurs qui n’avaient jamais eu besoin de richesse pour exister.Anne s’assit, les mains autour de la tasse chaude.Jordan, assis en face d’elle, la regardait avec un mélange d’amour et d’inquiétude.— Anne…Sa voix avait changé.— J’ai… deux nouvelles à te dire. Une bonne… et une mauvaise.Anne posa la tasse, soudain nerveuse.— Commence par la mauvaise…Jordan soupira profondément.— J’ai perdu mon travail.Il joua avec ses doigts.— Ça fait un mois… et j’ai essayé de te cacher ça. Je ne voulais pas t’inquiéter… Mais je ne pouvais plus continuer à mentir.Anne sentit son cœur se serrer.— Mon Dieu, Jordan… et tu ne m’as rien dit ? Pourquoi ?— Parce que…Il leva les yeux vers elle.— Je ne voulais pas que tu penses que je ne pouvais plus t’offrir un avenir. Mais c’est une longue histoire… oublions ça pour l
La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Grâce, incapable de dormir, se leva de sa chaise d’hôpital. Les lumières blanches du couloir lui faisaient mal aux yeux, mais elle n’avait pas le choix : elle devait parler au médecin tout de suite.Elle marcha jusqu’au bureau de garde et frappa doucement.— Entrez, répondit une voix fatiguée.Grâce poussa la porte. Le docteur, encore en blouse, révisait un dossier.— Docteur, excusez-moi… c’est urgent.Sa voix tremblait légèrement.— Mademoiselle Grâce ? Tout va bien ?— Écoutez… dit-elle en serrant ses doigts. Pour ma mère… le rein. Je vous demande de faire tout ce qu’il faut pour en trouver un. L’argent… sera disponible demain, à 11h.Le docteur fronça les sourcils.— Vous êtes sûre de pouvoir payer les deux millions ?Grâce hocha la tête avec assurance, même si son cœur battait trop vite.— Oui. Je vous en supplie, commencez les recherches. Et si possible… qu’elle soit opérée demain. Sa vie dépend de vous.Le docteur soupira, mais acce
Grâce passa près d’une heure à se préparer.Elle ouvrit son armoire, sortit une robe simple mais élégante, couleur bordeaux, qui mettait en valeur sa peau caramel. Ses mains tremblaient encore à cause des révélations de l’hôpital, mais elle se maquilla légèrement pour cacher ses yeux gonflés de larmes.Devant le miroir, elle inspira profondément.— C’est juste un dîner… calme-toi.Elle ne savait pas ce qu’Alex voulait lui dire, mais une partie d’elle espérait une aide… ou au moins une distraction après cette journée infernale.À 19 heures, elle arriva à l’adresse qu’il avait envoyée : un restaurant luxueux, feutré, éclairé par des chandelles, avec une musique douce flottant dans l’air.Alex l’attendait à l’entrée.Quand ses yeux se posèrent sur Grâce, son regard changea.— Waouh… Tu es magnifique, dit-il en souriant.Grâce sourit timidement.— Merci. Toi aussi tu es très élégant.Ils s’installèrent à une table dans un coin intime du restaurant. Ils échangèrent quelques banalités, parl







