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chapitre 2- les anciens

ผู้เขียน: Karma Lockhart
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-05-26 16:08:49

point de vue de rayan

Je les entends encore, leurs voix chargées de fiel, s’écrasant contre les murs comme les restes d’une tempête mal digérée.

Ils me regardent comme si j’étais une erreur vivante, une salissure sur leur tableau de chasse.

Et pourtant, je suis toujours debout.

François, avec sa barbe grise et son air de faux sage, me reluque comme si j’étais un vulgaire cafard. Il ne digère pas que je sois ici, que je respire le même air que lui. Pour lui, je suis l’ombre d’un péché, le rejeton d’une oméga qui n’aurait jamais dû écarter les cuisses.

Dommage pour lui, je suis aussi le fils de l’Alpha.

Je reste silencieux. Pas par respect, certainement pas. Simplement parce que si j’ouvre la bouche, je vais me faire un plaisir de leur rappeler à quel point ils sont pathétiques. Et peut-être que je finirais par planter un couteau dans quelque chose de vital. On a tous nos pulsions.

À ma gauche, mon père trône, calme, tendu. Il a ce regard qui précède toujours les éclats de voix. Pas encore de hurlements, mais presque. Mathilda est juste derrière lui, droite comme un piquet, digne comme toujours. C’est une Luna, ça se voit, ça se sent. Et même elle semble à bout de patience.

— Votre présence ici est inopportune, avait-il lâché, glacial. Je ne vous ai pas convoqués.

Et ils s’étaient tût. Parce qu’ils savent que même vieux, mon père peut encore leur faire plier l’échine.

Moi, j’observe. C’est tout ce que je sais faire ici, en attendant que leur venin sèche.

Ils m’ont craché à la gueule dès que j’ai mis un pied dans la salle. Certains m’accusent de vouloir le pouvoir, d’autres de ne pas être digne. C’est presque drôle : ils ne savent même pas de quel crime m’accuser en premier.

Ce qu’ils ignorent, c’est que je m’en fous de leur trône. De leur foutue hiérarchie. Ce que je voulais, moi, c’était du respect. Une reconnaissance. Un "tu as survécu", ou un simple "merci" après toutes ces années à nettoyer leurs merdes.

Mais ils ne savent que haïr.

Je croise les bras, fixant le vieux François.

— Vous avez fini ? demandai-je d’un ton trop calme pour être innocent.

Il me jauge, prêt à siffler une autre insulte. Mais cette fois, c’est Mathilda qui intervient.

— Assez, tranche-t-elle. Vous n’avez jamais été invités à donner votre avis sur ce que décide un Alpha dans son propre foyer.

Elle est redoutable quand elle s’y met. Même moi, je redresse un peu les épaules.

Mon père se lève enfin. Lentement. Le silence qui suit est pesant.

— Mon fils aîné a refusé la succession, dit-il sans détour. Pas par faiblesse, mais par sagesse. Il a décidé que ce n’était pas à lui de diriger cette meute.

Je sens les regards revenir sur moi. Dégoulinants de mépris. Ça les arrange, ça les excite presque. Rayan le bâtard renonce à la couronne. Le monde tourne à nouveau rond.

Mais ce qu’ils ne comprendront jamais… c’est que renoncer, dans mon cas, c’est une forme de guerre.

Je les laisse tranquilles aujourd’hui. Mais demain ? Qui sait.

Je souris légèrement, sans joie.

— Vous pouvez reprendre votre soupe de venin, les vieux. J’ai assez donné pour aujourd’hui.

Je tourne les talons, sans un regard de plus. J’entends à peine mon père soupirer.

Mais je sens son regard me suivre. Fièrement. Amèrement.

Ce soir, je dors sans chaînes. Et c’est déjà une victoire.

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