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Chapitre 2 — Là où la ville étouffe les cœurs

ผู้เขียน: L'invincible
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-07-23 00:31:13

Sarah

Le vacarme des klaxons s’accroche à mes pas comme une seconde peau. Ce n’est plus un bruit : c’est une présence, un souffle continuel, âcre, nerveux. Les talons des passants claquent contre l’asphalte détrempé, et leurs visages sont fermés, tirés, pressés par l’urgence de vivre, ou juste celle de tenir debout encore un jour.

Une pluie fine tombe depuis l’aube. Elle ne mouille pas vraiment. Elle ronge. Elle s’infiltre. Elle s’insinue dans les fibres du manteau, dans les plis de la peau, jusque dans la cage thoracique. Je resserre ma capuche, enfonce les mains dans les poches, refuse de remettre ces gants troués que je traîne depuis deux hivers. Par fierté peut-être ou par obstination idiote. Il n’y a plus vraiment de différence, à force.

Encore un entretien inutile.

Encore des sourires figés et des regards fuyants. Le genre de phrases que j’ai appris à décoder : « Nous avons d’autres candidats », « Vous êtes… intéressante, mais… », « Nous vous recontacterons ». Personne ne rappelle , jamais. Ils ont déjà jeté mon CV avant que je quitte la pièce, j’en suis sûre.

Je marche vite , le froid me mord les mollets, la pluie me gifle doucement, et je n’ai plus assez d’illusions pour me réfugier dans la colère. Je suis fatiguée. Éreintée. Lessivée de moi-même.

L’arrêt de bus me nargue avec son écran cassé et sa pancarte « Service suspendu incident technique ». Parfait. Juste parfait. Je ris. Un petit éclat sec, sans joie. Une note de plus dans cette symphonie de la lose.

Alors je marche. Dix pâtés de maisons. Des immeubles gris, des vitrines vides, des cafés trop pleins où l’on rit trop fort. Les gens s’évitent. Ou m’évitent. Je ne sais plus. Je ne me regarde plus vraiment dans la glace. Pas envie de croiser la fille aux cernes profonds et aux rêves atrophiés.

La ville me glisse dessus. Ou peut-être suis-je en train de me dissoudre en elle.

Mais ce soir… il y a quelque chose dans l’air.

Je le sens d’abord dans mon dos. Une tension. Une vibration infime. Comme un souffle que je ne perçois pas, mais que ma peau, elle, capte immédiatement. Je traverse la petite ruelle près de l’ancien cinéma un lieu toujours désert, à l’éclairage vacillant, que je prends pourtant chaque soir.

Ce soir, ce n’est pas pareil.

Une odeur flotte. Différente. Pas les vapeurs de friture ou de gasoil auxquelles je suis habituée. Non. Quelque chose de plus brut. Une odeur de mousse, de bois mouillé, de vent passé sur la roche. Un parfum de dehors de sauvage.

Je m’arrête mon cœur s’emballe, sans logique.

Je me retourne mais il n'y a personne.

Le lampadaire projette une lumière jaune maladive sur les pavés humides. L’ombre d’une poubelle, un chat qui file. Rien d’autre.

Mais mon souffle s’est raccourci. Mon corps a compris quelque chose que ma tête ne peut encore formuler.

Je reprends ma marche, un peu plus vite. J’ai honte de ma peur. Honte de cette impression ridicule qu’on m’observe. Et pourtant… je n’arrive pas à m’en détacher. Je n’entends pas de pas. Mais je sens une présence. Quelque chose, quelque part, qui m’a reconnue avant même que je me rende compte que j’étais là.

Quand j’atteins enfin mon immeuble, je monte les quatre étages sans ascenseur, haletante. Les escaliers craquent, toujours les mêmes plaintes de vieux bois sous mes semelles détrempées. Je pousse la porte de mon studio, claque derrière moi, et m’y adosse.

Le silence me frappe de plein fouet.

Pas un son.

Même la pluie semble s’être tue.

Je reste là, contre la porte, les yeux clos, comme si je pouvais empêcher le monde d’entrer plus loin. Puis je souffle, jette mon sac, retire mes chaussures et me laisse tomber sur le lit, toute habillée.

Je ne pleure pas.

Je ne parle pas.

Je flotte.

C’est comme si plus rien ne m’atteignait, sauf ce battement-là, dans ma poitrine. Ce battement irrégulier, trop fort, trop vite. Comme un tambour dans une forêt.

J’allume une bougie une vieille trouvaille d’un marché, dont la senteur me suit depuis. Vanille, musc, et autre chose. Quelque chose d’ancien. Une note que je ne saurais nommer, mais qui fait vibrer quelque chose de profond, de lointain.

Je ferme les yeux. L’odeur m’enveloppe.

Et un frisson me traverse.

Pas de froid , de pressentiment.

Je me glisse sous la couverture. Mais le sommeil ne vient pas. Mes pensées tourbillonnent, sans forme précise. Un souvenir inventé. Une attente absurde.

Et, quelque part, très loin, ou tout près, il s’avance.

Il suit une trace que lui seul peut lire.

Ma trace.

Car ma peau, sans que je le sache, porte une marque invisible à l’œil nu mais gravée en moi , gravée depuis toujours.

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