Isadora, une femme aussi séduisante que manipulatrice, n’a qu’un seul but : vivre dans le luxe. Lorsqu’elle séduit Adrien de Vallières, héritier d’une immense fortune, elle le pousse rapidement au mariage. En secret, elle entretient une liaison passionnée avec Victor, un homme ambitieux et sans scrupule. Ensemble, ils élaborent un plan : tuer Adrien, maquiller sa mort en accident et s’emparer de sa fortune. Mais le soir prévu, tout dérape. Le corps d’Adrien disparaît mystérieusement après l’incendie de leur villa. Isadora fait son deuil en public, hérite de tout… et s’enfuit avec Victor. Jusqu’au jour où, des mois plus tard, Adrien réapparaît. Vivant. Froid. Transformé. Il savait. Il a tout vu, tout entendu. Et désormais, c’est lui qui tire les ficelles. Isadora découvre trop tard qu’elle a épousé un homme bien plus dangereux qu’elle ne l’imaginait. La vengeance d’Adrien ne sera ni rapide, ni propre. Elle sera lente, psychologique, et d’une cruauté calculée.
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On m’a toujours dit que je n’étais pas faite pour aimer.
Je les ai crus.
Ce monde ne récompense pas les femmes qui rêvent d’amour. Il couronne celles qui savent s’asseoir sur leurs rêves pour mieux les vendre. J’ai appris à sourire sans chaleur, à séduire sans m’attacher, à me façonner une carapace faite de robes chères et de silences maîtrisés.
Je suis née Isadora Lefèvre. Quartier ouvrier. Une rue grise, des cris dans les cages d’escaliers, des hivers sans chauffage et des repas comptés. Fille unique d’une mère au dos voûté, les mains brûlées par les détergents, les rêves éteints dans les néons d’un supermarché. Et d’un père… fantôme. Il est parti un matin d’hiver. Sans valise. Sans adieu. J’avais huit ans.
J’ai attendu qu’il revienne jusqu’à ce que l’attente me ronge.
Alors j’ai appris à disparaître, moi aussi.
À dix-sept ans, je n’étais déjà plus une enfant. Je connaissais les regards qui collent, les compliments qui glissent comme des lames sous la peau, les promesses qui s’écrasent dans des draps froissés.
Le monde n’ouvre ses portes qu’aux belles.
Celles qui savent baisser les yeux au bon moment. Qui parlent peu. Qui rient sans se froisser.
Celles qui ressemblent à un rêve.
Pas à une menace.
Alors j’ai taillé mon corps comme une arme. J’ai étudié les gestes, les postures, les silences. J’ai appris à me cambrer juste assez, à parler avec les yeux, à respirer pour attirer.
Et à ne jamais me laisser prendre.
À vingt ans, j’étais une maîtresse idéale. Élégante, docile en apparence, intouchable au fond. J’étais cette femme qu’ils rêvaient de dompter mais qu’ils n’avaient jamais.
Je leur vendais le fantasme. Je gardais la liberté.
Mais ce soir-là… tout bascule.
Le Casino de Deauville. Plafonds dorés. Lustres en cristal. Tapis rouges. Le parfum du luxe flotte dans l’air, entêtant comme une promesse de pouvoir.
Je suis venue seule, comme toujours. Pas pour jouer. Pour être vue.
Robe verte émeraude, fendue jusqu’à la cuisse. Talons fins. Cheveux relevés, une mèche savamment échappée.
Je suis une œuvre d’art.
Exposée. Intouchable.
Et pourtant…
Je le sens.
Avant même de le voir, je sens qu’il est là.
Il est assis seul, à une table reculée. Dos droit. Immobile.
Costume noir, cravate bleu nuit. Une sobriété si maîtrisée qu’elle en devient presque brutale.
Il ne parle à personne.
Mais il observe tout.
Et quand ses yeux croisent les miens, je me fige.
Son regard n’est pas curieux.
Il est intrusif.
Comme s’il m’ouvrait le ventre du regard pour y lire mes secrets.
Je devrais détourner les yeux. Reprendre le contrôle.
Mais je ne peux pas.
C’est lui qui se lève.
C’est lui qui vient vers moi.
Lentement. Comme s’il savait que j’allais l’attendre.
Je me redresse, cambrée, sûre de moi. Mais sous la peau, je tremble. Ce n’est pas du désir.
C’est autre chose. Plus primitif. Plus noir.
Il s’arrête devant moi.
Incline la tête.
— Mademoiselle.
Sa voix est une caresse. Froide. Distante. Autoritaire.
Pas de sourire. Pas d’intention apparente.
Juste cette voix.
Et ce regard qui me traverse.
— Monsieur… ? je murmure, presque sans m’en rendre compte.
— Adrien. Adrien de Vallières.
Le nom claque dans l’air comme un vent glacé.
Je le connais. Tout le monde le connaît.
Dernier héritier d’une famille noble tombée dans l’oubli. Fortune ancienne. Dossiers verrouillés.
On dit qu’il a disparu pendant des années. Que sa fiancée s’est suicidée.
Qu’il n’a jamais refait sa vie.
Qu’il est devenu un spectre.
Mais ce soir, il est bien vivant.
Et il me regarde comme s’il me connaissait depuis toujours.
Je devrais parler. Dire quelque chose. Une banalité. Une provocation.
Mais rien ne vient.
Je me tais. Pour la première fois depuis longtemps.
Il me scrute.
Pas comme un homme regarde une femme.
Comme un prédateur observe une proie.
Et pourtant, c’est moi qui tends la main quand il me dit :
— Vous dansez ?
Il ne m’a pas posé de question.
C’était un ordre.
Doux. Irrésistible.
Sa main effleure la mienne. Froide. Parfaite. Il ne tremble pas.
Moi, si.
Nous glissons sur la piste comme deux inconnus liés par un pacte silencieux.
La musique est douce, presque triste.
Sa main à peine posée sur ma taille suffit à m’enflammer.
Je suis consciente de chaque centimètre de mon corps.
De chaque souffle.
De chaque battement de cœur.
Il ne me touche pas. Il m’encercle.
Nous dansons lentement. Il ne parle pas. Moi non plus.
Les autres n’existent plus.
Je ne suis plus la femme de parade. Je ne suis plus la créature brillante et creuse.
Je suis… vraie. Fragile. Brûlante.
Et je déteste ça.
Quand il me ramène au bar, mes jambes tremblent. Mon verre est vide. Ma bouche est sèche.
Il pose un doigt sur mon poignet.
Un geste minuscule.
Mais la chaleur de ce contact me bouleverse.
— Vous êtes dangereuse, murmure-t-il.
— Pourquoi ? soufflé-je.
— Parce que vous croyez savoir ce que vous cherchez.
Il se détourne, s’éloigne, disparaît dans la foule comme un mirage.
Je reste là, immobile. Mon cœur cogne contre ma cage thoracique. Mes mains tremblent.
J’ai perdu pied.
Moi, la femme qui contrôle tout. Moi, l’experte du faux-semblant.
Je suis nue.
Et il ne m’a même pas embrassée.
Je devrais le rayer de ma mémoire.
Je devrais me reprendre.
Retourner à mes jeux, mes règles, mon monde.
Mais c’est trop tard.
Il m’habite déjà.
Et je le sais.
Je vais le retrouver.
Même
si je dois me perdre pour cela.
Je vais l’atteindre.
Le faire plier.
Le faire brûler.
Ou il me détruira.
Et je l’embrasserai dans ma chute.
IsadoraJe ne sais pas à quel moment le sommeil m’a prise.Peut-être après le dernier gémissement.Peut-être entre deux battements de son cœur contre ma joue.Ou alors quand sa main a glissé dans mes cheveux, apaisante, comme une ancre dans la mer en furie que je suis devenue.Je me réveille lentement, dans un silence chaud. Un silence différent.Pas celui des cérémonies.Pas celui du feu qui juge.Mais un silence doux. Rare. Un écrin de cendres tièdes.Je suis allongée sur une couche de tissus sombres, moelleux, un lit que je n’ai pas vu venir. La lumière est tamisée, filtrée par des tentures épaisses. L’air sent le bois brûlé, la cendre tiède, la peau.Sa peau.Je bouge à peine. Son bras m’entoure toujours. Il est là, derrière moi, son torse pressé contre mon dos. Solide. Immobile. Vivant. Son souffle soulève mes cheveux, chaud et lent. Sa jambe est encore glissée entre les miennes, comme si la nuit n’avait pas fini de nous lier.Je reste là un instant, les yeux clos, savourant cett
IsadoraLa salle est vide à présent.Seuls restent les échos du feu. Et lui.Lui, le roi du silence. Le gardien des ombres. Celui dont le regard me consume plus encore que les flammes.Il ne parle pas. Il ne bouge presque pas. Et pourtant, il occupe tout l’espace.Son aura est une lame invisible qui fend l’air, un poids que mon corps ressent avant même le contact. Il n’a pas besoin de gestes. Il est le geste. Il est l’intention contenue dans chaque silence, chaque souffle suspendu.Je sens mon cœur battre contre ma cage thoracique comme un tambour de guerre. Mon corps, encore vibrant de la danse, réclame plus. Quelque chose de plus profond. De plus vrai. De plus dangereux. Quelque chose que seul lui peut m’offrir.Ses pas résonnent. Un par un. Lents. Déterminés. Mes jambes se dérobent presque, mais je reste droite. Fière. Même si en moi, tout se consume déjà.Il s’approche comme un prédateur sûr de son emprise. Et moi, je ne fuis pas. Je ne veux pas fuir.Quand enfin il se tient devan
IsadoraJe ferme les yeux et je laisse mon corps s’exprimer, abandonnant mes peurs dans cette danse incandescente.Je suis Isadora.Je suis le feu.Et je brûlerai, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien que ma force.Les heures s’égrainent, les regards ne quittent pas mes gestes, analysant chaque pas, chaque hésitation. La danse est un rituel, un apprentissage aussi brutal que magnifique.Quand enfin je m’arrête, haletante, la salle entière semble retenir son souffle.— Vous avez commencé, déclare la femme au masque d’argent, respectueuse. Mais ce n’est que la première étincelle. Le feu exige un sacrifice constant. Une vérité incessante.Je me redresse, le corps brûlant, le cœur lourd mais vibrant.— Je suis prête à payer ce prix.Le roi du silence se rapproche, ses yeux plongés dans les miens.— Alors le véritable embrasement commence, Isadora. Le feu n’est pas seulement une force à maîtriser. C’est une part de vous-même qui s’éveille, une guerre que vous menez avec vo
IsadoraLa liqueur rougeâtre brûle ma gorge comme une flamme vive. Un frisson court le long de ma colonne vertébrale, comme si une force ancienne s’éveillait en moi, réclamant son dû. Autour de moi, les silhouettes masquées semblent s’incliner en une révérence silencieuse, témoins d’un rite aussi vieux que le temps lui-même. Chaque regard derrière ces masques, aussi impassible soit-il, pèse sur moi comme un jugement sourd.— Vous sentez ça ? Sa voix est là, proche, derrière moi, rauque et pleine de promesses.Je me retourne lentement. Lui. Toujours lui. Sa présence est une ombre familière qui s’insinue sous ma peau, une chaleur autant qu’une menace. Cette ambivalence me déchire, mais je ne peux fuir.— Oui, je sens. Le feu. Celui que je ne peux fuir.Son regard brûle le mien, un duel silencieux entre maîtrise et chaos. Il y a en lui quelque chose d’indomptable, de sombre, qui m’effraie autant qu’il m’attire.— Ce feu ne vous consumera pas si vous apprenez à le dompter. Mais il vous dé
IsadoraIl s’avance, et sans un mot, me serre contre lui. Je sens ses doigts tracer des cercles brûlants sur ma peau nue, comme pour marquer ce territoire qui est désormais mien autant que sien.— Vous êtes mienne, murmure-t-il. Pas dans un sens de possession, mais dans celui d’une promesse. Une promesse que je tiendrai.— Et si je ne veux pas ?— Alors vous apprendrez à vouloir.Je frissonne à ses mots, à leur double tranchant. J’ai l’impression d’être une proie, mais aussi une reine. Une reine captive dans un château de feu.Il s’éloigne, me laissant suspendue à cette tension, à cette faim impossible à combler.Je me laisse tomber sur le canapé, les yeux rivés sur la porte qu’il vient de refermer derrière lui.Je suis entrée dans un jeu dont je ne maîtrise ni les règles ni l’issue.Mais je sais une chose.Je ne pourrai plus jamais m’en détourner.Car cette faim qui me ronge est aussi la seule vérité que je puisse encore reconnaître.Je suis à la fois la flamme et le bois qui brûle.
IsadoraLa lettre brûle entre mes doigts comme un secret défendu. Je la relis encore et encore, chaque mot pesé, chaque phrase savoureuse comme une promesse empoisonnée.« Revenez quand vous aurez faim. »Faim. Ce mot tourne en boucle dans ma tête, une mélodie obsédante qui refuse de s’éteindre. Une faim qui me consume de l’intérieur, qui me dévore sans pitié, qui me déchire et m’appelle à sortir de l’ombre, à franchir ce seuil invisible que je pressens plus qu’autre chose.Je suis devenue cette femme que je ne voulais pas être. Une femme enchaînée à un désir qu’elle ne contrôle plus. Une proie. Une prédatrice. Une amante captive d’un jeu dont je ne connais ni les règles, ni la fin.Le jour s’efface vite, comme avalé par l’ombre. Je quitte mon appartement avec un seul objectif : revenir à ce lieu qui n’existe pas vraiment, à cet homme qui n’a pas laissé de traces, à cette nuit sans nom où tout a basculé.Je glisse la lettre dans ma poche, la peau de son papier contre la paume, comme u
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