Chapitre 2

Après le déjeuner, Lamar est parti chercher sa voiture au parking souterrain, laissant Bette et Rachel devant le restaurant.

Rachel regardait ses pieds, perdue dans ses pensées, quand Bette a rompu soudain le silence : « Tu sais qu'il t'a épousée juste par dépit, n'est-ce pas ? »

Rachel a levé les yeux et a acquiescé lentement. Bette a redressé le menton, toute trace de douceur disparue, remplacée par un mépris glacial : « Et tu sais qu'il a failli briser tous les liens avec sa famille pour moi ? Qu'il jurait de n'épouser que moi ? »

Nouveau hochement de tête, impassible.

Cette tranquillité exaspérait Bette au plus haut point.

Son départ à l'étranger n'avait été qu'une mise en scène. Elle attendait que Lamar la supplie de revenir. Mais au lieu de cela, il avait épousé cette... cette muette ! Elle refusait de l'accepter !

« Il ne pourra jamais aimer cette idiote », a-t-elle songé en serrant les dents, élaborant déjà son plan pour le reconquérir.

Soudain, une douleur fulgurante lui a transpercé le ventre. Elle a blêmi, s'effondrant à genoux.

Rachel, paniquée, s'est précipitée en émettant des sons inarticulés pour lui demander si elle allait bien.

« Écarte-toi ! Qu'est-ce que tu lui as fait ?! » Une main brutale a repoussé Rachel, qui a perdu alors l'équilibre et a heurté violemment une colonne. Du sang a perlé à son front.

Elle a levé des yeux égarés vers Lamar, maintenant penché sur Bette avec une sollicitude qu'il ne lui avait jamais témoignée.

« J'ai mal... tellement mal... », a sangloté Bette.

Sans un regard pour Rachel, Lamar l'a soulevée dans ses bras et l'a emportée vers la voiture, les pneus crissant sur l'asphalte dans leur fuite.

Rachel est restée prostrée, pressant sa blessure qui saignait abondamment. L'abandon était plus douloureux encore que le choc physique. Elle venait de comprendre, avec une clarté cruelle, qu'elle n'était que déchets à leurs yeux.

L'expression anxieuse de Lamar, quelques instants plus tôt, restait gravée dans son esprit. C'était la première fois qu'elle voyait cet homme, connu pour sa froideur distante, montrer une telle inquiétude.

Avec un sourire amer silencieux, elle s'est relevée et a pris un taxi pour l'hôpital. Heureusement, le médecin lui a annoncé que sa blessure était superficielle, quelques jours de repos suffiraient.

En sortant des urgences, elle est tombée sur Lamar, venu chercher les médicaments de Bette.

Son regard a effleuré le bandage sur le front de Rachel, et il a froncé légèrement les sourcils : « Les médecins ont diagnostiqué une gastro-entérite aiguë. Ça n'a rien à voir avec toi. »

Rachel a esquissé une grimace.

Bien sûr que non ! Alors pourquoi avait-il réagi ainsi ? Croyait-il qu'elle était jalouse au point de vouloir du mal à Bette ?

Elle a voulu lui expliquer en langue des signes qu'elle n'éprouvait aucune jalousie, tout au plus une admiration polie.

Mais Lamar n'avait pas la patience d'interpréter ses gestes et s'est contenté de dire : « Je t'achèterai un cadeau pour me faire pardonner. L'affaire est close. »

Sans un regard de plus, il est parti rejoindre Bette, laissant Rachel derrière lui.

Voulant absolument s'expliquer, elle l'a suivi jusqu'au service de Bette. La porte était entrouverte…

Par l'entrebâillement, elle a vu Lamar assis au bord du lit, tandis que Bette le regardait intensément avant de l'embrasser sans qu'il ne la repousse.

Longs instants plus tard, Bette s'est redressée, son regard glissant brièvement vers la porte…

Rachel s'est reculée d'un coup, craignant d'être découverte. Une main sur la poitrine, elle a tenté d'apaiser cette douleur sourde qui l'étreignait.

« Ce n'est rien », s'est-elle répétée, « Je vais partir, non ? Que Lamar et Bette renouent ou non… cela ne me concerne plus. »