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Chapitre 2 : L'Écho de la Peur

Author: Eternel
last update Huling Na-update: 2025-11-06 20:25:45

Chloé

La sonnerie stridente de mon réveil déchire la nuit comme un couteau. Je m'assois d'un bond, le cœur battant à tout rompre, la chemise de nuit collée à ma peau trempée de sueur. Les draps sont un champ de bataille.

Ce n'était pas un rêve. C'était une réplique. La chambre, familière, semble étrangère. Les ombres se tordent dans les coins, prenant des formes menaçantes. Je respire un grand coup, forçant l'air à remplir mes poumons, mais il reste une boule d'angoisse coincée derrière mon sternum.

Trois jours. Trois jours depuis cette première séance avec Liam, et son regard ne me quitte plus. Ces yeux gris-vert qui semblaient voir à travers moi, à travers les murs de mon cabinet, à travers les défenses que je croyais solides. Je me lève, les jambes tremblantes, et me dirige vers la salle de bain.

L'eau froide sur mon visage devrait me réveiller, me secouer. Mais quand je relève la tête, essuyant la buée sur le miroir, c'est son visage que je crois voir derrière le mien, fugace, comme une ombre portée. Je cligne des yeux, et l'image disparaît. Seule ma propre pâleur me regarde, cernée, vulnérable.

La journée au cabinet est un exercice d'équilibre. Sourire. Écouter. Prendre des notes. Mais ma concentration est brisée, éparpillée. Chaque patient semble porter un masque. Chaque silence semble lourd de sous-entendus. Est-ce que je deviens paranoïaque ?

Mon assistante, Sophie, me tend une tasse de thé.

— Vous avez l'air fatiguée, Docteur Valois. Une mauvaise nuit ?

Je prends la tasse, espérant qu'elle ne remarque pas le léger tremblement de ma main.

— Juste quelques insomnies. Rien de grave.

Je détourne le regard avant qu'elle ne puisse lire le mensonge dans mes yeux. Comment expliquer que je suis hantée par le premier patient venu ? C'est ridicule. C'est contraire à toute éthique, à toute logique. Pourtant, cette sensation viscérale, ce pressentiment... Je ne peux l'ignorer.

L'après-midi, je consulte mon agenda. Son nom est là. Liam. Rendez-vous de suivi dans deux jours. Mon estomac se serre. Un mélange nauséeux d'appréhension et de... quelque chose d'autre. Une curiosité malsaine. Un besoin de comprendre, de percer son mystère. De retrouver le contrôle qu'il m'a si facilement arraché.

Je me surprends à fouiller dans mes notes de la première séance, relisant mes propres mots, tracés d'une écriture nerveuse, presque illisible. "Frontière poreuse... rêve prémonitoire... robe bleue..." Chaque mot est un écho de son regard pénétrant.

Je ferme le dossier brusquement. Ce n'est pas professionnel. Je ne suis pas censée être affectée ainsi. Je suis la thérapeute. Je suis celle qui écoute, qui analyse, qui guide. Pas celle qui frissonne en repensant à la voix d'un patient.

Mais cette voix... Elle résonne encore dans ma tête, grave, assurée.

Le soir, dans mon appartement trop silencieux, je me verse un verre de vin. La première gorgée est amère. Je regarde par la fenêtre les lumières de la ville. Des vies normales, des préoccupations normales. Pas des rêves qui se répandent dans la réalité. Pas des patients qui semblent vous connaître avant même que vous n'ouvriez la bouche.

Je me rappelle soudain un détail, un minuscule détail que j'avais refoulé. À la fin de la séance, alors qu'il se levait pour partir, son regard avait erré sur la petite étagère derrière mon bureau. Sur la photo de moi et ma sœur, prise il y a des années, sur une plage en Normandie. Il avait eu un imperceptible hochement de tête, comme s'il reconnaissait le lieu, ou le moment. Comme s'il validait une information.

Je pose mon verre, la main tremblante. C'est de la folie. De la projection. Je fabrique des connexions qui n'existent pas. Le stress, la fatigue. C'est tout.

Pourtant, quand je me couche, plongée dans le noir, je sens une présence invisible à côté de mon lit. Une conscience qui veille, qui observe. Qui attend.

Et je sais, avec une certitude glaciale, que la prochaine séance avec Liam ne sera pas une simple consultation. Ce sera la prochaine manche d'un jeu dont je ne connais pas les règles. Un jeu où je suis à la fois le joueur et l'enjeu.

Je ferme les yeux, et dans le noir, je ne vois que son regard. L'écho de ma peur a désormais un visage.

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