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Chapitre 3 — Le Bal des Serpents

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-06-22 22:08:37

Alba

Je ne suis pas prête.

Pas à enfiler cette robe trop moulante, trop rouge, trop… femme. Pas à sentir le satin contre ma peau nue comme un rappel qu’on m’a arraché mes armes. Pas à affronter les regards. Pas à marcher à son bras comme un trophée qu’on exhibe dans une vitrine de chair et de mensonges.

— Lève le menton, murmure-t-il derrière moi. Tu n’es pas une servante. Tu es la future Reine.

Je croise mon propre reflet dans le miroir. Les lèvres maquillées en sang. Le regard noirci à la kohl. Les cheveux relevés pour exposer la gorge.

Une offrande.

Il m’a transformée en putain de poupée vénéneuse. Belle. Brillante. Et vide.

Je serre les dents. S’il croit que quelques perles autour de mon cou effaceront la haine qui me ronge, il se trompe. Ce gala, c’est sa scène. Sa putain de mascarade.

Et moi, je suis le prix.

La voiture s’arrête devant un immense palais privé. Deux statues de lions gardent l’entrée, aussi figées que mon visage. Les flashs crépitent déjà. Les objectifs nous guettent comme des fusils. Il sort en premier, dominant, élégant, dangereux. Costume noir. Regard incendiaire. Il m’offre sa main.

Je ne la prends pas. Je descends seule.

Le tapis est rouge comme ma robe. Rouge comme le sang qu’ils ont versé. Rouge comme la colère qui m’habite.

Les murmures commencent immédiatement. Je les sens se glisser entre les colonnes de marbre, se faufiler entre les serveurs silencieux et les coupes de champagne.

— C’est elle, la flic ? — Il l’a vraiment fait... — Une Valente. Belle comme la mort.

Je les entends tous. Des vautours bien habillés. Des assassins en costume qui sourient en dégustant du champagne au goût de sang. Certains m’observent avec une condescendance glacée, d'autres avec une curiosité lubrique. Et d'autres encore, plus rares, avec une crainte mal dissimulée.

Sandro m’attrape doucement le poignet. Un geste maîtrisé. Une pression mesurée.

Son sourire est celui d’un roi. Son emprise, celle d’un geôlier.

— Marche à mes côtés, Alba. Ou je t’y traîne.

Je marche. Pas pour lui. Pour moi. Pour ma fierté. Pour leur prouver que je ne suis pas une poupée, mais une lame. Aiguisée. Tranchante. Mortelle.

La salle est un théâtre de luxe et de corruption. Dorures, lustres de cristal, violons en fond sonore. Miroirs sans tain. Œuvres d’art volées. Tapisseries anciennes imbibées de silence et de secrets. Chaque invité est une pièce d’échiquier dans un jeu qui me dépasse.

Et au centre… moi.

On nous annonce.

« Monsieur Sandro De Santis et sa fiancée, Alba Valente. »

Fiancée. Le mot résonne comme un couperet. Une insulte gravée dans l’air.

Je retiens un haut-le-cœur. Mon cœur bat trop vite. Trop fort.

Mais je ne cède pas. Je suis une Valente, merde.

Je redresse les épaules. Mes talons claquent contre le marbre. Chaque pas est une déclaration de guerre.

Sandro

Elle est sublime. Sauvage. Furieuse.

Chaque pas qu’elle fait est une insulte à ceux qui voudraient la voir soumise. Et pourtant, elle est là. À mes côtés. Liée par son propre sang.

Et ce qu’elle ignore, c’est qu’elle enflamme plus qu’elle ne scandalise.

Les parrains s’approchent. Les chefs de clan. Les anciens. Les plus jeunes. Tous veulent jauger ma conquête, tester sa docilité, chercher la faille.

— Une flic, hein ? demande l’un avec un rictus. J’espère qu’elle sait tenir sa langue.

— Elle saura tenir plus que ça, répond un autre en ricanant. Les Valente ont toujours eu une bouche utile.

Je souris. Tranchant.

— Messieurs, je vous déconseille de sous-estimer ma femme. Elle mord.

Et elle mordra, je le sais. Elle dévorera même. Les plus faibles, les plus arrogants, les plus stupides. Elle n’a pas encore compris son propre pouvoir. Mais moi, si.

Je capte les regards. Certains la convoitent. D’autres la jugent. Quelques-uns la craignent. Et un seul la hait avec un feu ancien.

Alba

Je serre le poing. Assez fort pour que mes ongles s’enfoncent dans ma paume. J’ai envie de cracher à leurs pieds. De balancer une coupe de champagne au visage du premier qui ose une remarque.

Mais je reste droite. Digne.

Je suis en territoire ennemi. Chaque faux pas serait un festin pour ces serpents.

Alors il m’embrasse.

Un baiser lent. Forcé. Calculé.

Il veut que je m’écrase. Que je sois la compagne docile.

Je résiste. Une seconde. Deux. Mon souffle se heurte au sien. Mon cœur cogne contre ma cage thoracique comme une bête enfermée.

Puis je cède. Par orgueil. Par stratégie. Par défi.

Parce que je refuse de lui offrir l'humiliation.

Je rends le baiser. Juste assez pour lui faire croire qu’il gagne. Juste assez pour qu’ils doutent tous de qui manipule qui.

Quand nos lèvres se séparent, un silence dense s’installe autour de nous. Comme si chacun avait retenu son souffle.

Sandro

Elle m’a embrassé. Elle m’a défié.

Elle m’a excité comme jamais.

Elle croit me manipuler ? Elle n’a aucune idée du feu qu’elle attise.

Mais ce n’est pas elle qui m’inquiète ce soir.

C’est l’homme au fond de la salle.

Alba

Mon sang se glace.

Massimo Valente.

Mon géniteur. Mon traître.

Il est là. Parfaitement calme. Comme s’il assistait à un opéra. Son regard me transperce, mais c’est son sourire qui me donne envie de hurler. Ce petit rictus satisfait. Comme s’il m’avait modelée, offerte, domptée.

Il lève son verre. En mon honneur.

Je sens mes entrailles se tordre. Mes jambes vaciller.

Mais Sandro glisse sa main dans mon dos nu et murmure à mon oreille :

— Reste droite. Montre-leur que tu es mienne. Pas une faiblesse. Une menace.

Je le déteste. Pour sa voix. Pour sa justesse.

Je le déteste encore plus que son contact me brûle.

Alors je souris. Pour la première fois.

Un sourire de louve. De putain de lionne.

Et tout le monde le voit.

Les rumeurs changent de ton.

— Elle va le dévorer. C’est elle qu’il devra craindre, au final.

Je serre la main de Sandro. Pas comme une amante. Comme une ennemie. Une promesse.

Une déclaration de guerre silencieuse.

Ils croient m’avoir enchaînée.

Mais ils viennent juste de réveiller la pire version de moi.

Et si je dois danser avec le Diable ce soir…

Alors qu’il me suive.

Parce que je n’ai pas dit

mon dernier mot.

Parce que ce bal n’est pas seulement celui des serpents.

C’est le bal de ma renaissance.

Et je compte bien faire tomber une couronne.

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