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Chapitre 4

Author: Miss feyti
last update Last Updated: 2025-06-12 23:04:34

Solène

Flashback : Paris, quatre ans plus tôt

Ezra, Ezra, Ezra…

La première fois que je l’ai vu, c’était à l’une de ces soirées mondaines où l’élite se pavane et où papa aimait que je l’accompagne, depuis ma tendre enfance. Des galas réservés aux puissants, aux héritiers, aux rois déguisés en hommes d’affaires.

J’entrais dans la pièce, accrochée au bras de mon père. J’étais vêtue d’une longue robe rouge en satin fendue jusqu’à la cuisse, laissant deviner mes longues jambes. À mes pieds, des Louboutin noires de dix centimètres. À ma main, un petit sac Gucci, et à mes oreilles, des bijoux discrets mais choisis avec précision. Ce genre de tenue qui parle avant toi. Qui exige le respect. Qui fait taire la salle quand tu entres.

Ma coiffure ? Un simple chignon relevé, élégant, qui laissait mes clavicules nues. Rien de trop. Juste assez.

Dès que nous avons franchi le seuil, je les ai sentis : les regards. Tous. Certains chuchotaient, d’autres posaient la question à mon père d’un air curieux : « Qui est-elle ? » Et puis, je l’ai vu.

Lui.

Il se tenait là, au fond de la salle, un verre à la main, comme figé dans le temps. Il ne souriait pas. Il observait. Intensément. Il ne clignait presque pas des yeux, comme si son seul but était de m’imprimer dans son esprit. C’était hypnotisant.

La lumière bleue de la pièce semblait posée uniquement sur lui. C’était presque cinématographique. Il ne bougeait pas. Il dominait l’espace sans un mot. Sa présence silencieuse était bruyante. Intimidante.

Il portait une tunique en bazin blanche, trois pièces, parfaitement taillées, soulignant chaque courbe de son corps comme s’il avait été sculpté pour être vu. Les broderies fines chantaient le mystère. Elles disaient : force tranquille. Chaque accessoire, chaque détail — ses chaussures, ses bijoux — semblait envoyé pour transmettre un message : « Je n’ai pas besoin d’en faire trop pour dominer la pièce. »

Il ne respectait pas le dress code. Mais Ezra ne respecte jamais rien. C’est ça, Ezra Delacroix.

J’ai vu sa tenue. Impossible de ne pas la remarquer. Mais ce qui m’a véritablement déstabilisée, ce furent ses yeux. En amande. Ils paraissaient ordinaires au premier regard. Mais lorsqu’il te fixait… c’était comme si le monde s’arrêtait. Comme s’il te déshabillait sans jamais bouger.

Et ce regard me disait : Je vais te posséder.

Et moi… J’avais à peine dix-huit ans. L’innocence tatouée sur le visage, la naïveté cousue au cœur. Et je savais déjà que j’allais me laisser faire. Ou plutôt, me laisser emporter par cet homme.

Je me suis accrochée un peu plus fort au bras de mon père, et j’ai chuchoté :

— Papa ?

— Oui, ma chérie ?

— L’homme au fond de la salle… Il n’arrête pas de me regarder.

Il m’a lancé un petit sourire, presque ironique, et a répondu :

— Ezra Delacroix. L’héritier d’une des plus grandes familles ici. Je ne sais pas grand-chose sur lui. Mais… évite-le.

— Pourquoi, si tu ne sais rien de lui ? lui ai-je rétorqué, un brin piquée.

— Parce que tu es trop jeune, Solène.

Et sans que j’aie le temps de répondre, un de ses amis est venu le retirer de mon bras. Je me suis retrouvée seule. Seule dans un monde qui ne m’a jamais appartenu.

Je marchais, un peu perdue, en direction du buffet. Et puis, une main est apparue dans mon champ de vision. Un verre de champagne. J’ai levé les yeux doucement. Et mon cœur a failli s’arrêter.

Ezra.

Il était là. Devant moi. L’homme qui n’avait cessé de me fixer toute la soirée.

— Un verre, mademoiselle ? a-t-il dit de sa voix grave, presque murmurée.

Je n’arrivais pas à parler. Aucun mot ne voulait sortir. J’avais les papillons dans le ventre, comme dans les films. Il l’a senti, je pense.

Finalement, j’ai pris le verre et hoché la tête pour le remercier.

Mais il a continué :

— Dites-moi, quel est votre nom ?

— Solène Diallo, ai-je dit, d’un ton étonnamment assuré.

— Joli prénom, Solène. Moi, c’est Ezra Delacroix.

— Je sais…

— Oh, j’aime beaucoup ton assurance.

Nous avons parlé toute la soirée. C’était comme si le reste du monde n’existait plus. J’étais tombée. Littéralement. Il fut ma première relation. Mon premier amour. Mon premier tout.

Et puis… plus rien. Il a disparu. Sans un mot. Il m’a ghostée.

Il m’a brisée.

Dakar, aujourd’hui

La lettre à la main, je la relis encore une fois. Pas parce que je ne comprends pas. Non. Je comprends très bien. Mais ce nom… ce nom continue de résonner dans ma tête comme une cloche fêlée : Ezra Delacroix.

Je revois tout. Comment on s’est rencontrés. Comment il m’a fait tomber. Comment il est parti. Il m’a aimée, ou du moins, il a prétendu. Et il est parti. Sans rien dire.

Je lui ai donné une partie de moi. Oui… ma virginité.

Et malgré ça, il s’est volatilisé comme un lâche.

Et aujourd’hui, je reçois une invitation. À une soirée. Sans explication. Juste une adresse. Et un nom.

Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Qui me l’a envoyée ? Était-ce lui ? Ou quelqu’un d’autre ? Personne ici ne connaît mon passé. Ni celui de mon père. Ce nom… personne ne devrait le lier à moi.

Mon cœur se serre. J’ai deux choix : ignorer. Ou affronter. Et je choisis d’affronter. J’ai besoin de réponses.

La soirée est demain.

La nuit a été agitée. Cauchemar après cauchemar. J’ai dormi par intermittence. Une phrase me hantait : “Pas de repos pour les méchants.” Mais je ne suis pas la méchante, non ? Alors pourquoi je n’ai pas de paix ?

Le jour se lève enfin. Il me reste toute la journée pour me préparer. Mentalement. Émotionnellement. Physiquement. Car ce soir… je vais croiser le regard de l’homme qui m’a abandonnée. Je vais entrer dans l’arène de ceux qui m’ont ignorée. Et je vais briller. Sans trembler.

D’abord, un massage. Une heure de détente pour me reconnecter à moi-même. Puis une virée shopping. Je porte une robe d’une de mes collection encore non sortie. Exclusive. Unique. Une œuvre d’art à elle seule.

Ensuite, soins du visage, manucure, pédicure. J’ai payé une maquilleuse professionnelle. Le reste, c’est moi qui le fais. Avec soin. Avec stratégie.

Deux heures avant la soirée.

Je choisis une lingerie rose poudré, sensuelle et raffinée. Un modèle encore secret, pièce maîtresse de la nouvelle collection de ma boutique. Je l’enfile lentement, savourant le moment. Puis je prends la robe : un chef-d’œuvre. Un subtil mélange de tricot et de satin. Décolleté profond qui laisse entrevoir une partie de la sublime lingerie

.Dentelle qui laisse deviner, sans dévoiler. La robe épouse mes formes et les sublime sans vulgarité.

Elle véhicule un message ou je dirais représente la femme fatal que je suis .

Je suis prête.

À mon arrivée, un voiturier prend ma voiture. Un agent m’escorte jusqu’à l’entrée. Et là… dès que je pose un pied dans la salle, le silence se fait.

Les regards se tournent.

Je suis entrée comme une impératrice. L’élégance, le pouvoir, la lumière.

Un serveur me tend une coupe de champagne. Je la prends avec grâce, sans perdre mon sourire.

Je déambule dans la pièce. Les gens murmurent. Ils me regardent. Ils m’analysent. Certains veulent me ressembler. D’autres veulent me détruire. Je suis la lumière qu’ils n’attendaient pas ce soir.

Les anciens amis de mon père sont là. Les clientes de ma boutique aussi. Elles parlent de moi… sans savoir que je suis la propriétaire. Le moment viendra où la vérité éclatera. Pour l’instant, je reste dans l’ombre.

Je m’approche du buffet. Discrète. Mais toujours vue.

Et là… je le sens. Avant même de le voir. Ce parfum. Cette énergie.

Une ombre se pose derrière moi. Une voix chuchote à mon oreille :

— Solène Diallo. Fille de Monsieur Diallo.

Mon cœur s’emballe. Mes mains deviennent moites. Mon sang ne fait qu’un tour. Mais mon corps reste droit. Froid. Fier. Je n’ai plus peur de personne. L’amour m’est étranger maintenant.

Je me retourne lentement. Je le regarde. Et je murmure :

— Ezra Delacroix. Notre cher héritier…

— Tu te souviens de moi sans voir mon visage ? dit-il, surpris.

— J’ai une excellente mémoire… Ou tu l’as oublié, très cher ?

Son sourire disparaît. Plus un mot,silence mortuaire.Je lis dans ses yeux une once de culpabilité. Il tente de dissimuler ses émotions. Mais je le connais. Je vois tout. Il respire puis se reprend.

— Je veux te parler, dit-il.

— Je n’ai rien à dire à un arrogant stupide qui prétend être fort, mais qui n’assume même pas une fille.

Je tourne les talons, lentement, sans précipitation.

Personne ne nous a vus. Personne ne nous a entendus.

Mais il le sait : je suis revenue.

Et ce n’est que le début.

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