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Chapitre 91 – Ce qui demeure
Last Updated:
2025-06-21 04:36:12
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À l'encre de tes chaînes Chapitre 91 – Ce qui demeure
MaëlysLes heures ont glissé comme de l’eau sur la peau.Le jour s’est effacé dans le ciel sans que je m’en rende compte. Et pourtant, je suis encore là, debout, dans cet appartement trop silencieux, à regarder le vide au-delà des vitres. La ville s’étire sous nous, éclairée par des milliers de points qui clignotent comme des prières sans dieu.Je devrais aller me coucher.Je devrais manger.Je devrais... autre chose.Mais je ne fais rien.Je reste là.Et j’attends.Aleksandr est dans la salle de bain. Je l’ai vu passer le seuil, torse nu, l’épaule bandée, les yeux lourds de fatigue. Il ne m’a rien dit. Il n’avait pas besoin. Il savait que j’attendrais. Que je serais là.L’eau coule, de l’autre côté. Un bruit apaisant. Rythmé. Il ne chante pas, Aleksandr. Il ne fredonne même pas. Mais je sais qu’il se laisse envelopper, comme on se laisse laver du poids du jour.Je ferme les yeux.Je l’imagine, le dos appuyé au carrelage froid, les gouttes ruisselant sur ses muscles fatigués, sur ses
À l'encre de tes chaînes Chapitre 90 – L’entre-deux-mondes
MaëlysIl y a des matins qui n’en sont pas vraiment.Des matins où le corps s’éveille, mais où l’esprit reste suspendu. Comme s’il refusait de réintégrer pleinement la réalité. Comme s’il savait que la paix était éphémère, et qu’il valait mieux retarder le retour à la conscience.Je reste là, contre lui, à écouter le rythme lent de sa respiration. C’est presque une berceuse. Mon front contre sa clavicule. Sa main toujours sur ma hanche, lourde et tendre. Ancrage. Promesse.Je n’ai jamais aimé les promesses.Elles ont trop souvent été des chaînes.Mais avec lui, c’est différent. Ce n’est pas une promesse formulée. C’est un fait. Une présence. Un je suis là que rien ne vient troubler.Et c’est ça, le plus dangereux.Parce que j’y crois.Parce que je veux y croire.Je ferme les yeux un instant de plus, juste pour le luxe de rester.Mais le monde, lui, ne s’est pas arrêté.Je le sens dans les vibrations lointaines d’un téléphone, dans les murmures étouffés de la ville qui reprend. Les bru
À l'encre de tes chaînes Chapitre 89 – Le refuge après la tempête
MaëlysLe silence.Pas celui qui précède l’explosion.Celui qui vient après. Quand la poussière n’est pas encore retombée, mais que plus rien ne hurle. Un silence épais, irréel, presque sacré. Il n’a rien de rassurant, ce silence. Il est vide. Tranchant. Il oblige à ressentir.Nous avons quitté le hangar sans un mot. Aleksandr a donné ses ordres d’un simple mouvement de tête. Une chorégraphie militaire. Sa voix était glacée, implacable. Mais ses doigts, eux, ont cherché ma main.J’ai marché à ses côtés, les jambes cotonneuses, l’épaule en feu, le souffle court.Je ne sais pas si c’est la douleur, l’adrénaline ou le choc.Peut-être tout à la fois.La voiture nous attendait. Je suis montée sans réfléchir. Le cuir était froid contre ma peau trempée. Aleksandr s’est installé à côté de moi. Il n’a pas allumé la radio. Pas dit un mot.Il n’y avait rien à dire.J’ai tremblé.Pas de peur.Pas même de douleur.Mais de soulagement. Brutal. Profond. Déchirant.Un soulagement qui secoue le corps
À l'encre de tes chaînes Chapitre 88 – Ceux qui vivent dans les silences
MaëlysJe n’ai pas dormi.Le carnet est resté ouvert sur mes genoux toute la nuit. Les mots ont dansé sous mes yeux comme des fantômes : noms oubliés, dates effacées, promesses rompues. J’ai lu jusqu’à ce que les lettres se brouillent, jusqu’à ce que ma respiration devienne douloureuse.Aleksandr est resté près de moi, silencieux, immobile. Présent sans s’imposer. Comme s’il sentait que je devais traverser cette nuit seule, avant de pouvoir revenir à lui.Je relis un passage. "Ils ont scellé leur pacte dans le sang. Lev est tombé en premier. Mais le prix le plus élevé, c’est lui qui le paiera. Le fils, pas le père."Je serre les mâchoires. Lev. Ce nom revient encore et encore, comme un poison qui refuse de se dissiper.— Ton frère ? je murmure, sans détourner les yeux du carnet.Aleksandr ne répond pas tout de suite. Puis sa voix s’élève, rauque, usée :— Oui. Mon frère.Je referme doucement le carnet et me tourne vers lui, le cœur battant. Je cherche à comprendre. À entendre ce qu’i
À l'encre de tes chaînes Chapitre 87 – Les cicatrices de l’ombre
MaëlysLe jour se lève, froid et gris, comme un miroir de mon état d’âme.Je suis debout devant le miroir, le visage blafard, les yeux cernés. Je cherche dans mon reflet la femme forte, celle qui a choisi cette guerre, celle qui n’a plus le droit de reculer. Mais ce que je vois, ce sont des ombres, des blessures encore ouvertes, des cicatrices que je n’arrive pas à cacher.Le carnet noir. Ce nom. Ce lieu. Ces mots mystérieux qui tournent en boucle dans ma tête comme un refrain funeste.Je sens la morsure du doute me ronger. Ai-je la force de plonger dans ce passé obscur ? De fouiller dans les secrets qu’Aleksandr voudrait peut-être garder enfouis ?Mais je n’ai pas le choix.Je dois y aller. Pour lui. Pour nous.Pour ce futur qu’on essaie de bâtir sur des ruines.AleksandrJe regarde Maëlys, debout dans la lumière blafarde de l’aube. Elle est belle, fragile, mais invincible.Je sens que la tempête gronde, que les démons du passé ne sont pas prêts à la laisser tranquille. Mirela est un
À l'encre de tes chaînes Chapitre 86 – Ceux qui ne saignent pas
MaëlysLe trajet du retour a été un long tunnel de silence.Je n’ai pas prononcé un mot dans la voiture. Lui non plus. Ce mystérieux homme à la cicatrice m’a ramenée jusqu’à une ruelle proche, puis il a disparu comme il était venu, avalé par la nuit, sans autre explication que celle qu’il m’a laissée entre les dents : « Tu n’as encore rien vu. »Et maintenant je suis là. Dans l’appartement. Face à Aleksandr. Mon cœur bat trop vite, ma peau est trop froide, mes mains tremblent encore du poids des vérités qu’on a insinuées dans mon esprit. Mais je garde le masque. Pour lui. Pour moi. Pour ce qu’on doit affronter.Je suis celle qui entre dans la guerre. Plus une spectatrice. Plus une protégée.— Dis-moi la vérité, dis-je enfin.Il m’observe, figé.— Quelle vérité ?— Celle que tu caches depuis le début. À propos de Mirela. De toi. D’elle. De vous.Il ferme les yeux, soupire lentement, puis s’assoit au bord du lit, comme si le poids du passé l’écrasait.— Ce que tu as entendu ce soir… ce
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