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Author: RS WILD
last update Huling Na-update: 2025-05-08 04:40:55

Willow sentait ses dernières forces l’abandonner.

Ses bras, ses jambes, tout son être sombraient doucement dans l’obscurité glacée.

Quand, au milieu de la Tamise, une lumière éclata.

Ses paupières lourdes se fermèrent… puis se rouvrirent dans un sursaut.

Et devant elle, suspendu dans la lumière, il apparut.

Pas un homme.

Pas un mortel.

Quelque chose d’autre.

Un être aux ailes immenses, repliées dans son dos, son corps translucide comme tissé de brume et de lumière.

— « Bonjour, Willow. » Sa voix était un murmure qui vibrait jusque dans son âme.

— « Je suis Evans, ton ange gardien. Le messager entre la vie et la mort. »

Il sourit, et dans ce sourire, Willow sentit une chaleur si douce, si pure, qu’elle en eut les larmes aux yeux.

— « Il me semble que tu n’es pas encore prête à quitter ce monde. »

Tout cela semblait irréel, un rêve tissé de miracle et de douleur mêlés. Peut-être… Peut-être était-elle déjà morte après tout.

Evans lui tendit la main, comme un partenaire qui invite à danser. Hésitante, elle saisit sa main, et à sa grande surprise, elle se leva. Ses jambes, pourtant faibles depuis si longtemps, la portaient sans trembler. C’était magique, féerique.

Evans l’observait avec bienveillance.

— « Ce n’est pas encore ton heure. Mais si tu veux venir, je t’emmène. Sinon… tu peux rester. Mais d’abord, viens. Regarde avec moi. »

Il referma doucement sa main sur la sienne.

Ses ailes, gigantesques et majestueuses, s’ouvrirent dans un bruissement soyeux.

La Tamise disparut sous eux. La ville de Londres défilait en contrebas, floue, irréelle.

Bientôt, ils atterrirent devant une maison familière, la maison d’enfance de Willow.

La villa chic de la banlieue de Londres où Willow avait grandi, insouciante, heureuse.

À travers la fenêtre du bureau, elle vit une scène. Son père, assis derrière son bureau en bois massif, le visage tendu. Face à lui, Cassidy, plus jeune, à peine vingt-cinq ans.

Willow observait la scène depuis un coin sombre du souvenir, invisible, mais chaque mot résonnait en elle comme une déflagration.

Son père était là, debout dans son bureau, un dossier en main. Son regard trahissait la déception.

— « Mais pourquoi as-tu fait ça, Cassidy ? On t’a toujours traitée comme notre propre fille ! »

Cassidy, loin de reculer, soutenait son regard avec froideur.

— « Propre fille ? Depuis que Willow est née, vous ne voyez qu’elle ! J’ai toujours été celle qu’on met de côté. »

Le père soupira, sa voix se fit plus douce malgré la tension.

— « Depuis qu’on t’a prise à la mort de ta maman, jamais on n’a pensé à t’abandonner. »

— « Vraiment ? Vous avez mis Willow dans une école d’élite, vous l’avez poussée dans les études de commerce, juste pour qu’elle vous succède. Et moi ? Qui s’est soucié de ce que je voulais, hein ? »

— « On t’a toujours laissée libre, on t’a soutenue dans tes choix. Et on t’a même prévu une part d’héritage confortable. Tu pourrais vivre sereinement sans jamais te soucier de l’argent. »

Cassidy serra les poings, la colère montant.

— « Si peu... Donne-moi ce dossier ! »

Elle s’élança vers lui. Dans la lutte, ses mains agrippèrent les papiers, et son père perdit l’équilibre. Il tomba brutalement au sol, sa main plaquée contre sa poitrine, le souffle coupé.

— « Au secours... aide-moi… » murmura-t-il, tentant d’attraper le téléphone posé sur son bureau.

Elle s’empara du combiné, sans un mot, et recula hors de portée.

Willow, horrifiée, vit son père s’effondrer lourdement sur le bureau, haletant, en sueur.

Il tendit désespérément une main vers Cassidy.

Elle resta immobile, indifférente.

Lorsqu’il cessa de bouger, elle reposa tranquillement le téléphone sur le bureau, remit calmement son sac sur son épaule, ajusta sa veste, et quitta le bureau sans un regard en arrière.

Willow sentit son cœur se briser une seconde fois.

Cette journée…

Elle s’en souvenait parfaitement.

C’était elle qui avait découvert le corps sans vie de son père.

Le médecin lui avait dit que son père était mort d’une crise cardiaque foudroyante.

Jamais elle n’avait su que Cassidy… l’avait poussé à terre… puis l’avait laissé mourir.

Elle regarda Evans, qui affichait un air désolé.

— « Eh oui, Willow… » souffla-t-il d’une voix grave.

— « Mais ce n’est pas tout, ma chère Willow. »

Cette fois, ce fut sa résidence privée sur la Côte d’Azur qui apparut devant eux.

Une villa somptueuse, baignée de soleil, là où elle avait passé une semaine de vacances avec Damon.

C’était ce fameux week-end où tout avait basculé : son accident.

Willow sentit son ventre se nouer.

Elle se souvenait.

« Je vais faire un peu de shopping. »

« Vas-y, mon cœur. Je suis crevé... Je t’attendrai ici. »

« OK, bisou ! »

Elle avait alors pris sa voiture seule…

Mais à peine quelques virages plus loin, elle s’était rendu compte que ses freins ne répondaient plus.

La panique l’avait happée, suivie d’une lutte désespérée pour éviter l’inévitable. Les virages s’enchaînaient trop vite, la voiture dérapait, hors de contrôle. Puis il y avait eu la chute. Le ravin. L’impact brutal. La douleur déchirante. Et ce silence, plus violent encore que le fracas. Quand elle avait repris conscience, ses jambes ne répondaient plus. Parties. Brisées. Perdues à jamais.

Willow ferma les yeux. Son corps tremblait, mais pas autant que sa mémoire.

À ses côtés, Evans murmura avec une douceur irréelle :

— « Regarde, Willow. Regarde ce que tu n’as jamais vu. »

Autour d’eux, la scène se métamorphosa. Le décor changea lentement, dévoilant un vieux garage, poussiéreux, baigné d’une lumière grise et triste.

Un homme basané par le soleil, en bleu de travail, était couché sous sa voiture.

Et juste à côté…

Damon, hilare, une grosse enveloppe marron à la main.

Le garagiste se releva, s’essuyant les mains sales sur son pantalon.

— « Je vais enfin me débarrasser de ce boulet ! Merci, l’ami. Tu peux vérifier, y’a le compte. »

Le garagiste jaugea l’enveloppe d’un regard lourd.

Willow sentit tout l’air quitter ses poumons.

Son propre mari… L’homme qu’elle avait tant aimé, avait planifié son accident.

Des larmes inondèrent son visage.

Evans lui sourit doucement, mais rien n’aurait pu apaiser la douleur déchirante qui grandissait en elle.

Willow regarda autour d’elle. C’était une maison qu’elle ne connaissait pas.

Mais elle reconnut Damon.

Et Cassidy.

Ils avaient l’air heureux.

Si heureux.

Un éclat de voix la fit sursauter :

— « Papa, Harry veut pas me prêter sa voiture ! » protesta un petit garçon.

— « Harry, prête à Kevin, ou j’arrive ! » gronda Damon d’une voix sévère.

Une petite fille surgit et se jeta dans les bras de Cassidy.

— « Maman, dépêche-toi ! »

— « Parle mieux à ta mère, » reprit Damon d’un ton autoritaire.

— « Pardon, papa... » gémit la fillette.

Willow sentit son cœur exploser dans sa poitrine.

Damon.

Celui qui lui avait toujours refusé des enfants, prétextant sans cesse que ce n’était pas le moment.

Et quand elle avait eu son accident, il avait fermé définitivement la porte en évoquant vaguement l’adoption, peut-être.

Et là… elle le vit.

Damon. Aux côtés de Cassidy. Entouré de trois enfants qui riaient, couraient, l’appelaient papa.

Son souffle se bloqua dans sa gorge. Elle resta figée, incapable de détourner les yeux, comme clouée sur place par une douleur trop vive. Son cœur cognait si fort qu’il couvrait presque les rires autour d’eux.

Elle tourna lentement la tête vers Evans, le regard noyé de larmes.

— « Ce n’est pas possible… Pourquoi ? Pourquoi tout ça… ? »

Elle secoua la tête. Les larmes coulaient sans retenue. Son esprit hurlait. Ce qu’elle venait de voir la brisait. Ce futur-là… Elle ne pouvait pas l’accepter.

Elle renifla, incapable de répondre.

— « Willow, décide-toi, » insista doucement Evans.

Elle balbutia, la gorge nouée :

— « Je crois... que je préfère revoir mes parents... plutôt que de les revoir, eux ! »

Evans s’approcha, plongeant son regard dans le sien.

— « Tu as déjà fait ton choix, Willow.

Je le vois dans ton cœur.

Je vais te ramener dans le passé.

À toi maintenant de faire les bons choix.

À toi de réécrire ton histoire. »

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