CHAPITRE 5

Mais d’un revers de main brutal, George envoya valser le verre. Le cristal éclata en mille morceaux sur le sol, faisant sursauter tout le monde.

Derek, quant à lui, resta impassible.

— Avec ou sans votre accord, elle est à moi. Je peux la prendre en douceur, comme par la force. Ne m’obligez pas à vous montrer de quoi je suis capable.

Derek fixait l’homme, un peu plus jeune que son père, le forçant à soutenir son regard.

C’était bien lui. George n’avait plus le moindre doute, car les yeux du loup en Derek venaient de s’illuminer d’un vert clair éclatant.

— Jamais tu n’auras ma fille, compris ? Jamais !!!

George bondit, lui criant ces mots en pleine figure. La mère de Stella, figée, les yeux écarquillés, semblait à la fois confuse et profondément choquée.

— C’est ma mate. Elle est à moi.

Derek prononça chaque mot avec lenteur, comme pour les graver dans l’esprit de George.

— Ça, je m’en fiche ! Comme les chiens ne font pas des chats, je sais qu’avec toi, elle sera malheureuse. Et ça, je le refuse.

Les poings de George se serraient si fort qu’ils en tremblaient. Une colère noire l’envahissait, si intense qu’elle faisait vibrer tout son corps. Stella ne l’avait jamais vu dans un tel état.

Derek lui lança un simple sourire, froid et mauvais, puis s’avança, le dépassa, et se dirigea droit vers sa mate.

Il la dévisagea de la tête aux pieds, avant de se mordre la lèvre inférieure. Quand leurs regards se croisèrent, une vague de chaleur monta en Stella, l’envahissant brutalement.

En une fraction de seconde, il se retrouva devant elle, et l’embrassa. Un baiser profond, dominant, sa langue jouant avec la sienne.

Stella ferma les yeux, perdue dans l’intensité de ce baiser. Lorsqu’il rompit ce ballet de leur bouche , ses lèvres restèrent gonflées et tremblantes. Derek posa sa bouche tout près de son oreille et murmura :

— Je serai là demain. Prépare-toi, on ira faire une balade. Et ne sois pas en retard, je déteste attendre.

Sur ces mots, il quitta la maison. Un silence de plomb suivit son départ. Chacun se regardait sans un mot, cherchant à comprendre ce qui venait de se passer.

George, toujours furieux, tourna les talons et se dirigea vers la chambre conjugale. Elisabeth, inquiète, le suivit. Quant à Stella, elle resta plantée là, dans la salle à manger, abasourdie.

— C’était quoi, ce bordel ? souffla-t-elle.

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Une fois rentrés, les enfants reprirent leur routine quotidienne. Seul petit changement ce soir-là ils passaient la nuit chez mémé Martine.

Ils l’adoraient, elle et son mari. Même Daniel, qui n’aimait pas montrer ses émotions, se montrait tendre envers elle.

— Alors, on fait les devoirs pour demain ? dit la vieille dame en prenant le cahier de Dan.

En l’ouvrant, elle découvrit un bout de papier glissé entre deux pages. Elle le lut à haute voix, horrifiée :

-Espèce de petit bâtard que vous êtes. Vous n’avez même pas de père. On vous met au défi de montrer votre père à la fête de fin d’année. C’est ce qu’il y avait écrit .

Elle leva la tête, outrée.

— Qui est le petit voyou qui a écrit ça ?

Les trois enfants se regardèrent et haussèrent les épaules, comme pour dire qu’ils n’en savaient rien. Ce qui n’était pas totalement faux . Dan se faisait souvent harceler à cause de l’absence de figure paternelle.

Mais le vrai problème, c’était qu’alors que les garçons affirmaient que leur père était mort, leur petite sœur, elle, disait le contraire. De quoi semer le doute sur la vérité.

Martine, qui était la confidente de Laurie et connaissait toute son histoire, savait pertinemment qui était le père des enfants.

— J’en parlerai à votre mère. Il faut que ça cesse.

À cet instant, le bruit du four se fit entendre. Aussitôt, les trois enfants sourirent. Ce bruit-là, ils le connaissaient bien : les gâteaux étaient prêts.

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Juliette se réveilla doucement. En baillant, elle tourna la tête et croisa le regard de son mate, son mari. Il l’observait en silence. Il adorait la regarder dormir.

— Tu pars aujourd’hui voir ta mère ? demanda-t-il.

C’était ce qui était prévu. Il n’aimait pas l’idée, mais il ne pouvait pas l’en empêcher. Et puis, il devait la tenir éloignée pour mener à bien une opération.

Juliette était heureuse à l’idée de revoir sa mère, George… et même Stella. Les choses s’étaient apaisées entre elles. Elle lui avait tendu la main pendant ses moments difficiles avec Vincenzo.

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Clark, lui, était en proie au doute. Lorsqu’il avait terminé sa réunion avec son collaborateur, Laurie était déjà partie.

Elle et Nate ne devaient jamais se rencontrer. Jamais. Mais si lui avait réussi à la croiser, qu’est-ce qui empêchait que Nate tombe sur elle par hasard ?

Il se tourna vers l’homme de sa vie, encore endormi dans le lit. Tous deux s’étaient connus à des moments chaotiques de leur existence, et s’étaient reconstruits ensemble.

Sous la douche, une idée traversa l’esprit de Clark.

Peut-être qu’il pouvait essayer.

Une fois lavé, il quitta discrètement la maison, laissant Nate dormir paisiblement. Il se mit en route pour l’hôtel.

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Martine venait tout juste de déposer les enfants. Elle n’avait qu’à traverser la rue pour rentrer chez Laurie.

Elle ouvrit la porte avec la clé qu’elle possédait, et laissa les enfants entrer. Ils se dirigèrent aussitôt vers la chambre de leur mère.

— Mamaan ! Tu m’as manqué !

s’écria Daniella en se jetant dans les bras de Laurie.

Cette dernière se réveilla doucement, un sourire aux lèvres, et ouvrit les bras pour accueillir sa fille.

Mais dès que Daniella la toucha, elle eut une vision celle de la journée d’hier, précisément du moment où Laurie avait rencontré cet homme.

— C’était papa ?

demanda la petite d’un air troublé.

Laurie, encore perdue dans les brumes du sommeil, se redressa soudain, figée.

— Cet homme que tu as rencontré hier c’était lui ?

Merde. Elle s’en souvenait maintenant sa fille était née avec ce don particulier. Daniella pouvait projeter des images dans l’esprit des autres, leur montrer ce qu’elle avait vu ou vécu. Elle pouvait aussi percevoir le passé et parfois même entrevoir l’avenir.

Un don aussi fascinant que terrifiant.