All Chapters of Témoin à abattre : Chapter 41 - Chapter 50

LiviaLa voiture glisse dans la nuit, ses phares déchirant l’obscurité, et je sens chaque vibration de Marko contre moi, cette présence massive, dangereuse et pourtant rassurante, qui m’absorbe entière. La tension de la soirée, le tumulte des regards, les éclats glacés de mon père, tout ce théâtre de pouvoir, n’a fait qu’attiser le feu sous ma peau, un feu qui pulse, qui brûle, qui réclame Marko avec une urgence qui me surprend moi-même.Quand nous franchissons le portail, la maison nous engloutit dans son silence luxueux, ses murs chargés de secrets et de désirs. Marko ne dit rien, mais son aura me guide, sa main dans la mienne, ferme, possessive, suffisant à faire frissonner mon échine. L’ascenseur nous élève comme dans un souffle suspendu, et je sens mes jambes fléchir à la seule anticipation de ce qui m’attend.La chambre est vaste, enveloppante, saturée de lumière douce qui caresse la peau. L’odeur du bois, du cuir, et surtout de lui, me submerge avant même que ses lèvres ne trou

MARKOLa villa est un bloc de lumière et de béton, suspendu entre le ciel étoilé et les falaises. À cette heure, elle ressemble moins à une forteresse qu'à un vaisseau amiral, et j'en suis le seul capitaine. Mon bureau est un sanctuaire d'ordre : des écrans noirs, une carte topographique de la région, et aucune trace de ce désordre émotionnel qui ronge Luciano.Mon regard ne se pose pas sur des chiffres ou des rapports ce soir, mais sur la courbe gracieuse du cou de Livia. Elle est assise dans le patio adjacent, penchée sur un livre, baignée par la lumière dorée d'une lampe. Cette image de paix, je l'ai créée. Je l'ai construite pièce par pièce.Quand le téléphone dédié vibre contre le bureau, un seul coup sourd, je n'ai pas besoin de sursauter. Je soulève simplement le combiné.— Parle.La voix sur la ligne est neutre, professionnelle. Elle m'informe que des questions ont été posées, que de l'argent a circulé depuis des comptes dormants en Serbie, que des visages nouveaux rôdent près

MARKOElle tremble contre moi. De petits tremblements fins, incontrôlables, comme ceux d’un oiseau saisi par le froid. Je sens les battements affolés de son cœur à travers les fines couches de son vêtement. Ma colombe. Effrayée. Meurtrie.La colère en moi est une chose froide et tranchante. Une lame que je garde polie, prête. Luciano a osé. Il a osé envoyer ses rats ronger les murs de ma maison. Il a osé pointer une arme dans la direction de ce qui m’appartient. Il a fait pleurer Livia.Je la serre plus fort, respirant le parfum doux de ses cheveux mêlé à l’odeur salée de ses larmes. Chaque larme est une insulte de plus, une dette que son père va régler.— Viens, murmuré-je contre son oreille.Je la guide à l’intérieur, loin de la terrasse, de cette nuit violée. Elle se laisse faire, docile, son espant encore prisonnier de la peur. Je l’installe sur le large canapé du salon, enveloppée dans une couverture, même si elle ne tremble plus de froid.— Viktor, dis-je sans élever la voix.Il

MARKOLe soleil se lève sur la mer, teignant l'eau de sang et d'or. Une ironie qui ne m'échappe pas. Je suis debout sur la terrasse, là où, il y a quelques heures à peine, ses hommes ont rampé. L'air est pur, lavé, mais il porte encore l'écho métallique de la violence.Livia dort enfin. Un sommeil agité, peuplé de monstres que j'ai contribué à créer. Mais c'est un sommeil ici, dans notre lit. En sécurité. Après qu'elle s'est endormie dans mes bras, j'ai veillé longtemps, regardant le calme revenir sur son visage, y cherchant les stigmates de ce changement irréversible. Je n'ai trouvé qu'une détermination nouvelle, gravée même dans son repos.Viktor approche, silencieux comme l'ombre qu'il est. Il se tient à côté de moi, suivant mon regard vers l'horizon.— C'est réglé ? demandé-je, bien que je connaisse la réponse.— Le message a été reçu et compris, Don Marko. La réponse de Don Bianchi ne se fera pas attendre. Mais ce ne sera plus une tentative d'enlèvement.Non. Luciano n'est pas un

MARKOLa portière de la voiture se referme, isolant soudain le monde dans un cocon de cuir et de silence. Le sourire figé de Livia s'effondre. Elle se laisse aller contre la banquette, les yeux fermés, un long souffle tremblant s'échappant de ses lèvres. La tension des dernières heures, de la performance parfaite, se décharge enfin.Je ne dis rien. Je la regarde. Cette femme de marbre et de feu qui a tenu tête à une meute de corbeaux avec une grâce meurtrière. Elle a été parfaite. Impeccable. Elle a renvoyé chaque attaque par un sourire, chaque sous-entendu par une affirmation tranquille de son bonheur. De notre bonheur.La voiture glisse dans la nuit. Les lumières de la ville défilent, striant son visage pâle de traits d'ombre et de lumière.— Ils m'ont crue, murmure-t-elle sans ouvrir les yeux. Je les ai vus dans leurs yeux. Le doute. Ils ne savent plus quoi penser.— Ils ont vu la vérité, corrigé-je doucement. Ils ont vu une reine.Elle ouvre les yeux. Dans la pénombre, ils sont de