Sofia Valente
Les flashs m’aveuglent. Les sourires forcés m’épuisent. Les applaudissements claquent comme des vagues artificielles. Une soirée comme tant d’autres. Je suis habituée à ces cérémonies, à ces galas où l’on ne célèbre pas l’effort, mais l’image. Ce soir, je suis en robe de satin noir, talons vertigineux, un masque figé de glamour. Ce soir, je ne suis pas l’athlète, je suis le trophée que l’on expose.
La salle entière brille : diamants, soie, visages maquillés. Le parfum du pouvoir et du champagne se mélange à celui du luxe. Des politiciens rient fort, des magnats de la finance serrent des mains, des actrices minaudent devant les caméras. Tout le gratin de Milan s’offre en spectacle.
Je fais semblant d’écouter, de sourire, mais au fond je n’entends rien. Je sens son regard.
Depuis un moment déjà.
Assis dans un fauteuil de cuir sombre, légèrement en retrait, entouré d’hommes dont l’influence dépasse les frontières. Pas une de ces célébrités de façade, non. Ceux-là, on ne les prend pas en photo. On les craint. Et lui, au centre de ce cercle d’ombres, reste immobile. Il n’a pas besoin de parler. Il me regarde.
Son regard ne se détourne pas. Insolemment fixe. Une lame froide qui me déshabille, qui m’expose, qui me défie. Je ne l’ai jamais vu auparavant. Je connais les visages qui comptent dans ce milieu, et pourtant, lui m’est inconnu. Alors qui est-il pour oser me fixer comme ça, sans détour, sans vergogne ?
Nos yeux se croisent. Une seconde trop longue. Et lentement, très lentement, il soulève son verre vers moi. Un toast silencieux. Un geste d’appropriation.
Je détourne la tête avec mépris. Ignoré.
Quelques minutes plus tard, alors que je converse avec un sponsor, un homme en costume sombre s’approche. Son oreillette trahit son rôle. Son ton est sec, presque mécanique :
— Mon patron souhaite vous voir.
Je hausse un sourcil, incrédule.
— Et qui est votre patron ?
— Leonardo D’Amaro.
Le nom résonne, inconnu et pourtant chargé d’une autorité glaciale. Mon regard glisse jusqu’au fauteuil. Il est toujours là. Toujours à me fixer.
Je souris froidement à l’homme et réponds :
— Dites à Leonardo D’Amaro qu’il peut aller se faire voir.
Et, pour ponctuer mes mots, je lève la main et lui offre mon majeur. Net. Cinglant. Sans détour.
Un silence électrique tombe autour. Le garde me fusille du regard, mais se retient. Je tourne les talons, indifférente, le cœur battant d’un mélange d’adrénaline et de défi.
Quelques minutes plus tard, je me lève et prends la direction des toilettes. Couloir désert. Silence étouffant après le brouhaha. Je respire enfin, mais à peine ai-je franchi le tournant qu’une main ferme se referme sur mon poignet.
Je sursaute : je ne suis pas seule , Il est là ce monsieur , peu importe son nom .
De près, son aura est écrasante. Pas seulement par sa carrure, mais par la froideur de son regard, cette intensité animale.
— Tu as du cran, souffle-t-il, sa voix basse et vibrante. Personne ne me parle comme ça.
— Alors il était temps, je réplique sèchement. Lâchez-moi.
Son visage se penche, si près que son souffle frôle ma peau. Un parfum de tabac blond et de cuir m’assaille. Sa poigne m’immobilise contre le mur.
— Tu crois que ton joli sourire te protège ?
Je plante mes yeux dans les siens.
— Non. Mais moi, je n’ai pas peur de vous . Fichez le camp d'ici , c'est une toilette pour Femme .
Ses pupilles se dilatent. Une seconde de silence lourd. Puis son corps s’avance, me bloquant sans brutalité mais avec une autorité totale. Ses lèvres s’écrasent sur les miennes. Sans douceur. Sans demande. Un vol, une attaque. Un baiser sauvage, intrusif, arrogant.
Mon cœur explose de rage. Le feu me monte aux joues. Alors ma main part. La gifle claque, cinglante, résonne dans le couloir désert.
Il reste immobile. Sa joue rougie. Ses yeux, brûlants. Puis lentement, très lentement, un sourire déchire son visage. Un sourire terrifiant.
— Mauvais choix, princesse. Très mauvais choix.
Il se penche encore, presque contre mon oreille, sa voix un venin sensuel :
— Je t’aurais prise avec douceur. Maintenant… je vais t’apprendre ce que ça coûte, de me défier.
Un frisson me traverse. Pas de désir. Pas encore. Mais cette peur étrange qui ressemble trop à une adrénaline interdite.
Je tremble, mais je soutiens son regard. Je ne connais pas cet homme. Je ne sais rien de lui. Et pourtant, je devine que je viens d’allumer une guerre dont je ne maîtrise aucune règle.
Sofia ValenteJe me redresse, encore secouée par l’incongruité de la situation. Mes poings se serrent, mon souffle s’accélère.— Où… où sommes-nous vraiment ? demandai-je, la voix tremblante mais tranchante. Je veux des réponses !L’homme que j’ai giflé se lève lentement, sans un geste brusque, mais chaque mouvement pèse comme un défi silencieux. Son sourire cruel me glace le sang.— Nous sommes dans mon jet, pour les États-Unis, Sofia, dit-il calmement. Tout est déjà en route.Le monde vacille autour de moi. Je recule instinctivement, mes mains tremblantes.— Quoi ?! hurle-je, la panique me traversant d’un coup. C’est impossible ! Tu ne peux pas…Je tente de me lever pour frapper, pour lui faire face, pour reprendre le contrôle, mais une douleur soudaine éclate à l’arrière de ma tête. Mes jambes flanchent, et je retombe lourdement sur le lit, un cri m’échappant malgré moi.— Espèce de… enfoiré ! lâche-je entre colère et frustration, les dents serrées. Je… je vais te faire payer !Il
Sofia ValenteLe réveil sonne tôt, comme tous les matins. Je suis déjà habillée pour l’entraînement, impatiente de commencer ma séance. À l'entraînement mes mouvements sont précis, le corps chauffé par la routine, les endorphines qui me donnent une énergie claire et pure. Rien ne me prédispose à ce qui va suivre.Après l’entraînement, je rentre chez moi, encore haletante, et saute sous la douche. L’eau chaude coule sur ma peau, efface la sueur et les tensions, et je me sens vivante, prête à attaquer le reste de la journée. Une fois séchée et habillée, je décide d’appeler mes parents pour un moment léger, un échange de banalités et de rires, qui me rassure, me recentre dans ma vie simple, linéaire.Après le coup de fil, je prépare un repas rapide, que je déguste en relisant quelques notes de travail. La fatigue se fait sentir malgré tout, et je décide de m’accorder une sieste. Les yeux clos, je m’endors rapidement, bercée par la chaleur de l’après-midi.Mais lorsque je m’éveille, le mo
Leonardo D’AmaroLe dossier est enfin devant moi, étalé sur le bureau de verre, chaque page une révélation, chaque mot un fil que je peux tirer. Je sens l’excitation grimper dans mes veines, le mélange brûlant de colère, de désir et de contrôle qui ne me quitte plus depuis cette gifle.Marco me tend un café, mais je ne le touche pas. Mes yeux parcourent chaque ligne, chaque photo, chaque détail que mon bras droit a réussi à rassembler. Sofia Valente. Vingt-cinq ans. Aucune relation amoureuse sérieuse. Jamais. Aucune attache. Juste sa carrière, sa famille, et cette amie fidèle, Camila. Une vie simple, linéaire, vulnérable… mais pas pour longtemps.Je souris, cruel, satisfait. La jeune femme qui a osé me gifler est intacte dans sa naïveté et son indépendance. Et c’est exactement ce qui m’attire. Elle est belle, fière, audacieuse… et ignorante du monde dans lequel elle vient de marcher. Aucune femme n’a jamais retenu mon attention de cette façon. Jamais. Et pourtant, elle occupe déjà cha
Leonardo D’AmaroLe dossier sur elle n’est pas encore prêt. Chaque minute qui passe semble s’étirer, un supplice délicieux et frustrant à la fois. Je reste assis dans mon fauteuil de cuir noir, jambes croisées, les doigts entrelacés, le regard fixé sur la fenêtre donnant sur Milan nocturne. Les lumières de la ville scintillent comme des promesses vaines, mais mon esprit ne voit rien de tout cela. Il ne voit qu’elle. Sofia Valente. Cette audace, ce feu dans ses yeux, cette gifle que personne n’ose me donner… sauf elle.Marco entre, discrètement . — Chaque seconde sans savoir est un poison que j’absorbe avec plaisir, murmurai-je pour moi-même. Marco sourit, amusé mais attentif.Pour canaliser cette frustration brûlante, je descends dans les sous-sols de mon domaine, là où mes ennemis apprennent que me défier a un prix. La violence est mon exutoire, et elle me rappelle que je contrôle tout… sauf cette femme. Et c’est exactement pour ça qu’elle me consume.L’homme est attaché, le corps c
Leonardo D’AmaroLe claquement de la gifle résonne encore dans ma tête. Je ferme les yeux un instant et revois ce geste, ce poing levé qui m’a frappé au visage. Une audace pure, crue, insensée. Et pourtant, au lieu de me mettre en colère comme je l’aurais cru, une autre sensation m’a traversé : un frisson brûlant, un mélange de défi et de désir que je n’avais jamais ressenti. Personne n’ose me résister. Personne. Et cette femme… cette insolente… elle a fait exactement cela. Elle m’a défié, et ça m’a consumé.Je passe une main dans mes cheveux noirs, impeccablement coiffés, mais je sens l’irritation me parcourir de la nuque jusqu’aux épaules. Mon corps entier réagit à cette confrontation : le torse large, les épaules puissantes, la carrure qui fait trembler ceux qui me croisent dans la rue… tout en moi est prêt à reprendre le contrôle. Mais elle… elle m’a échappé.— Tout va bien, chef ?La voix de mon bras droit, Marco, me tire de mes pensées. Il se tient à quelques pas, massif, sérieu
Sofia ValenteJe m'appelle Sofia Valente .J’ai vingt-cinq ans, et celà fait déjà huit années que je cours derrière un ballon rond sur les pelouses du monde entier, affrontant stades, adversaires et projecteurs. Pourtant, malgré cette carrière qui pourrait me faire croire que je maîtrise tout, je me sens parfois encore comme cette gamine de dix-sept ans qui rêvait de dévorer le monde à coups de dribbles et de buts spectaculaires.Je suis fille unique , mes parents ont placé en moi leurs espoirs, leurs sacrifices et leur fierté. Mon père, ancien mécanicien, répétait toujours que j’étais son moteur, la force qui faisait vibrer sa vie. Ma mère, infirmière dévouée, a tout donné pour que je ne manque jamais de rien, même quand l’argent ou le temps faisaient défaut. Tout ce que je suis aujourd’hui, je le dois à leur foi inébranlable et à leur exigence silencieuse.Mais derrière mes succès et mes exploits, il y a une autre présence qui a toujours compté plus que tout : Camila. Ma meilleure a