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Chapitre 3 : La psy vous écoute !

Author: LGRINA
last update Huling Na-update: 2025-09-05 09:29:51

Je m'installe sur un siège, le carnet posé sur mes genoux, le stylo prêt à capturer ce qui se cache derrière les mots. Quelques secondes plus tard, la porte du bureau s'ouvre doucement. Le visage de Gabriel apparaît dans l'embrasure, ses yeux hésitants.

— Je fais entrer le premier patient ?

— Oui, vas-y !

Il hoche la tête, un simple mouvement, presque imperceptible. Puis la porte s'ouvre un peu plus et Cole apparaît. Dès qu'elle se referme derrière lui, il sursaute légèrement, les mains crispées, les doigts entrelacés comme pour se retenir lui-même. Sa tête reste baissée, comme si lever les yeux serait trop demander.

Il porte un jean bleu délavé, des baskets légèrement usées, un t-shirt blanc surmonté d'un sweat vert. Ses cheveux noirs sont en brosse, mais quelques mèches retombent sur son front. Ses lunettes rondes glissent un peu sur son nez, masquant des yeux où se lisent une inquiétude et une fatigue qui ne devraient pas appartenir à un adolescent.

Je penche légèrement la tête, cherchant à comprendre son visage derrière ces barrières.

— Bonjour, Cole. Assieds-toi, s'il te plaît, dis-je doucement, en laissant traîner un sourire encourageant sur mes lèvres.

Il ne répond pas, mais s'exécute avec une rapidité maladroite. Ses mouvements sont courts, nerveux, comme s'il avait peur de laisser le silence s'installer. Je prends mon carnet et mon stylo, laissant le temps à ses mains de se détendre.

— Comment te sens-tu aujourd'hui ?

Enfin, il lève les yeux. Ses pupilles plongent dans les miennes, hésitantes, comme si elles cherchaient un point d'ancrage. Sa voix tremble lorsqu'il répond :

— Je... je ne sais pas... je ne sais plus ce que je ressens.

C'est la troisième séance avec Cole. Le premier jour, il est arrivé avec sa tante, la seule famille qui lui reste depuis la disparition tragique de ses parents dans un accident. Cole est un jeune homme timide, réservé, chaque mot qu'il prononce semblant peser une tonne. Ses émotions, elles, restent prisonnières, recroquevillées au fond de lui.

— Dis-moi...

Un silence. Puis il inspire profondément, les doigts se détendant à peine.

— C'est comme une boule. Un poids... un truc qui me serre le ventre. À chaque fois que j'essaie de m'en débarrasser... j'ai l'impression que c'est impossible. Comme si... comme si ça faisait partie de moi maintenant.

Je laisse le silence s'installer quelques secondes, lui montrant qu'il peut prendre le temps de trouver ses mots. Il inspire profondément, puis murmure presque pour lui-même :

— Parfois, je me demande si je vais... si je vais pouvoir m'en sortir un jour.

Mon cœur se serre un peu pour lui, mais je garde ma voix douce, stable.

— Tu n'as pas à avoir toutes les réponses maintenant. On va avancer petit à petit, à ton rythme. Juste parler, exprimer ce que tu ressens, c'est déjà un chemin.

Il ferme les yeux quelques instants, laissant échapper un petit souffle tremblant. Puis, presque timidement, il raconte un souvenir :

— L'autre jour... je suis passé devant le parc où... où on allait avec mes parents. Je me suis arrêté... et j'ai senti la boule... elle a grossi. Mais... j'ai aussi senti... un petit truc qui me disait que je devais continuer à marcher.

Je souris doucement, laissant filtrer un peu d'encouragement dans mes yeux.

— C'est exactement ça, Cole. Même quand la boule semble tout envahir, il y a toujours cette petite étincelle qui te pousse à avancer. Et c'est elle qu'on va essayer de nourrir ensemble.

Il hoche la tête, un geste à la fois fragile et courageux. Ses doigts se détendent un peu, sa respiration se fait plus régulière. Et, pour la première fois depuis qu'il est entré, j'ai l'impression qu'il commence à croire qu'il n'est pas seul face à ce poids qu'il porte.

Je reste silencieuse quelques instants, laissant l'air circuler entre nous. Puis je parle doucement :

— Cole... tu sais, parfois, les petites victoires sont presque invisibles. Un souffle plus profond, un geste qui change... même un mot que tu arrives à dire. Tout ça compte.

Il détourne le regard, mordillant légèrement sa lèvre inférieure. Ses doigts jouent avec le bord du t-shirt, tricotant et détricotant le tissu, un tic qu'il ne contrôle pas. Puis, presque sans s'en rendre compte, un petit rire nerveux s'échappe de lui, rapide et fragile, comme un oiseau qui tente de s'échapper.

— C'est... c'est stupide... dit-il, la voix à peine audible.

— Pas du tout, Cole. Ce n'est jamais stupide, je t'assure. Ce que tu ressens est réel. Tout ce que tu ressens est important.

Il inspire profondément, laissant sa poitrine se gonfler comme pour chasser un peu de ce poids. Ses yeux se remplissent d'une humidité légère, et je vois ses mains trembler doucement. Il cligne plusieurs fois des yeux, comme pour retenir les larmes.

— Parfois... je me surprends à penser à eux... mes parents... et j'ai peur de... d'oublier, murmure-t-il, la voix étranglée.

Je me penche légèrement, non pour l'envahir mais pour montrer ma présence :

— Tu ne vas pas les oublier. Les souvenirs, les moments que tu chéris... ils font partie de toi. Et tu as le droit de les pleurer, Cole. Pleurer ne fait pas de toi quelqu'un de faible.

Ses épaules s'affaissent un peu, et il laisse échapper un petit sanglot, qu'il tente de retenir mais qui finit par s'échapper. Il cache son visage entre ses mains, tremblant légèrement. Et pourtant, malgré la vulnérabilité, je vois dans ses yeux une lueur : celle qui dit qu'il commence à accepter qu'il peut être soutenu.

— Tu vois... murmure-t-il enfin, la voix brisée mais plus ouverte... ce poids... il est toujours là, mais... ça fait du bien de le dire.

Je hoche doucement la tête, encourageante :

— Exactement. Chaque fois que tu parles de cette boule, chaque fois que tu la laisses exister à voix haute, tu lui donnes moins de pouvoir sur toi. Et petit à petit... tu apprendras à la faire respirer avec toi.

Cole relève le visage, les yeux encore rougis, mais avec un petit sourire timide qui éclaire enfin son visage. Un sourire fragile, hésitant, mais authentique. Et dans ce geste minuscule, j'ai l'impression qu'une étape vient d'être franchie.

Le silence s'installe quelques instants après ses mots. Je ferme doucement mon carnet et repose mon stylo. Cole inspire profondément, comme pour remplir ses poumons d'air frais après une longue plongée sous l'eau. Ses épaules, encore légèrement voûtées, semblent déjà plus légères.

— Merci... murmure-t-il, la voix hésitante.

— Merci à toi, Cole. Pour avoir partagé ça avec moi. Tu as fait un grand pas aujourd'hui.

Il se lève lentement, comme s'il portait encore la boule dans ses mains, mais un peu moins lourdement. Ses pas sont prudents, hésitants, mais chaque mouvement semble plus assuré que lorsqu'il est entré.

Lorsque la porte du bureau s'ouvre, sa tante est là, l'air inquiet mais souriant. Cole se tourne vers elle, hésitant, puis un petit sourire sincère éclaire son visage.

— Alors, comment ça s'est passé ? demande sa tante doucement, les mains jointes.

Cole hoche la tête.

— Ça va... mieux qu'avant. Un peu... enfin, j'ai parlé... un peu.

Sa tante s'approche et pose une main sur son épaule, un geste léger mais rempli de tendresse.

— Je suis fière de toi, dit-elle simplement. Même les petits pas comptent.

Cole inspire profondément et laisse échapper un souffle qui ressemble à un soulagement. Ses yeux brillent légèrement, mais cette fois ce n'est pas seulement la tristesse : il y a de la lumière, fragile mais réelle.

— Merci... dit-il encore, plus assuré cette fois

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