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Je m’appelle Alma.
Lui, c’est Kael.
Nous sommes deux feux qui n’auraient jamais dû s’effleurer. Deux âmes qui se consument dès qu’elles se frôlent.
Quand je l’ai vu pour la première fois, il m’a suffi d’un seul regard pour comprendre que cet homme n’appartenait pas au monde ordinaire. Tout en lui crie le danger : ses épaules taillées comme pour porter un fardeau invisible, son regard sombre et tranchant comme une lame, sa façon d’occuper l’espace comme si rien ne pouvait lui résister.
Nous nous sommes rencontrés il y a trois mois.
Je sortais d’une période chaotique, après avoir tout quitté : mon travail, ma ville, mon passé. J’avais besoin d’air, d’une nouvelle vie. Et puis il y a eu ce club, cet endroit où tout brûle sous les lumières tamisées et les basses étouffées. Je ne voulais pas être là ce soir-là. Mais il y était.
Kael.
Il m’a vue. Et je l’ai vu.
Il ne m’a pas approchée tout de suite. Il s’est contenté de me fixer depuis l’autre bout de la salle, un verre à la main, ses yeux rivés sur moi comme s’il cherchait déjà à me décortiquer. C’était suffocant, comme si mon corps lui appartenait avant même que je sache son nom.
Le lendemain, il m’a retrouvée. Je ne sais pas comment. Cet homme ne demande pas, il prend.
Et maintenant, il est là, à moins d’un mètre, dans cette pièce sombre.
L’air est chargé, presque étouffant. Une faible lueur traverse les volets, dessinant des reflets dorés sur ses pommettes et ses lèvres.
Il se tient immobile, massif, ses épaules larges découpées dans l’ombre. Son regard ne vacille pas. On dirait un prédateur qui a déjà flairé sa proie.
Je reste figée. Mon souffle se bloque. Ma peau picote sous son regard comme s’il pouvait la brûler sans même me toucher.
Un sourire carnassier tord sa bouche.
Il ne dit rien.
Il avance, lentement, chaque pas résonnant dans ma poitrine comme un coup de tonnerre. L’air devient électrique, lourd, comme chargé d’un orage prêt à éclater.
Il s’arrête juste devant moi.
Sa main se lève, frôle ma joue, puis glisse sur ma gorge. Sa paume est chaude, rugueuse, presque brûlante. Le frisson qui me traverse me coupe les jambes. Il ne serre pas, pas encore. Mais je sens qu’il pourrait tout faire, qu’il a ce pouvoir que je lui ai déjà, malgré moi, laissé prendre.
— Tu brûles déjà, murmure-t-il, sa voix grave et rauque, comme un grondement contenu.
Je veux répondre, nier, mais aucun son ne sort. Mes cuisses se resserrent, mon ventre se contracte, et ma peau s’échauffe sous sa main.
Il me plaque contre le mur, sans prévenir. Le choc me coupe le souffle. Sa bouche s’écrase sur la mienne, brutale, dévorante. Ce n’est pas un baiser, c’est une attaque. Ses lèvres me possèdent, sa langue m’impose son rythme, me dévore comme s’il voulait m’arracher le souffle. Je gémis contre lui, incapable de lutter.
Ses mains descendent sur mes hanches, pressent ma taille, remontent le long de mon dos. Ses doigts s’enfoncent dans ma chair, marquent ma peau, comme s’il voulait y graver sa présence.
— Regarde-moi.
Sa voix est un ordre qui me cloue sur place.
Je relève les yeux, et je m’y perds. Ses pupilles noires, brillantes, sont un gouffre. C’est violent, magnétique. Tout en lui est tempête.
Il me soulève d’un geste sec, mon dos se colle au mur, mes jambes s’enroulent autour de sa taille sans que j’aie besoin d’y penser. Sa main glisse derrière ma nuque pour me maintenir, l’autre serre ma cuisse, sa poigne ferme et possessive. Chaque mouvement de ses hanches contre les miennes m’arrache un gémissement. La brutalité se mélange au plaisir, une onde de chaleur dévastatrice qui me consume de l’intérieur.
Kael mord ma peau, mon cou, mes épaules, comme pour signer son territoire. Sa main s’enroule dans mes cheveux, tire légèrement, m’obligeant à lever la tête pour qu’il marque ma gorge de ses lèvres.
— Tu es à moi, souffle-t-il, sa voix vibrante au creux de mon oreille. Compris ?
Un « oui » rauque m’échappe, comme un souffle arraché.
Il bouge contre moi, chaque coup de reins est une vague qui me submerge. Mes ongles s’accrochent à ses bras, mes jambes se contractent autour de lui. Je perds toute notion du temps, du lieu. Il est partout. Il ne me laisse pas respirer, pas une seconde de répit, comme s’il voulait me briser et me reconstruire en même temps.
Quand mes muscles cèdent enfin, il me retient. Il me garde contre lui, sa main ferme sur ma nuque, l’autre pressée sur mes reins. Je halète, vidée, tremblante.
Il relève mon menton du bout des doigts, plonge ses yeux dans les miens, et son sourire s’élargit. Cruel. Dangereux.
— Ce n’était rien. Tu n’as encore rien vu.
Je ne respire plus.
Mon corps est plaqué contre ce mur froid, mais je sens toute la chaleur de Kael contre moi, comme un brasier qui menace d’embraser chaque parcelle de ma peau.
Son poids pèse sur moi, lourd, puissant. Ses mains serrent mes cuisses avec une force qui me surprend, me soulèvent comme si je ne pesais rien. Mes jambes s’enroulent instinctivement autour de sa taille, cherchant un ancrage, une prise dans cette tempête qui s’abat sur moi.
Il mord ma lèvre, fort, sans retenue, et je retiens un cri qui me brûle la gorge.
Puis il recule juste assez pour plonger ses yeux dans les miens.
— Tu me veux, Alma. Dis-le.
Je secoue la tête, incapable de formuler une seule parole. Ma voix est prisonnière d’un chaos que je ne contrôle plus.
Son sourire se fait plus sombre, presque cruel.
Sa main glisse lentement le long de ma gorge, effleure ma peau comme une flamme qui lèche et laisse des brûlures invisibles mais indélébiles. Puis elle descend sur mon épaule, effleure mon bras, caresse comme une menace douce-amère.
— Dis-le, murmure-t-il, sa voix basse me transperçant comme une lame.
ElenaLe goût de lui persiste.Sur mes lèvres,sur ma langue, un mélange de nuit froide et de chaleur humaine qui tourbillonne dans ma tête. Mes jambes disent « fuis », mais le reste de mon corps a voté « reste » à l’unanimité.Kai Sterling.Son nom cogne à mes tempes,mais cette fois, ce n’est pas le rythme de mes pas. C’est lui qui le murmure contre ma nuque, ses bras m’empêchant de partir, alors que j’essaie mollement de me dégager.— Lâche-moi, Sterling. J’ai un train à ne pas prendre, un réfrigérateur vide qui a besoin de moi.—Ton frigo attendra. Moi, non, répond-il, son souffle chaud sur ma peau. Tu poses des questions. Tu veux des vérités. Je t’en donne une, maintenant : tu ne t’en vas pas.Je pivote dans son étreinte, mon dos contre le mur froid de l’allée. Sa chaleur, elle, est partout.— D’accord. Vérité n°1 : tu es un tyran des baisers. Vérité n°2 : ce « duel » était truqué dès le départ. Tu avais prévu de m’embrasser jusqu’à ce que je perde la mémoire de mon propre nom ?Se
ElenaLe silence qui suit est assourdissant. Le vide. Puis la panique. Reste là. Un ordre. Un piège ? Une rencontre ? C’est stupide. C’est suicidaire. Il devrait me haïr. Me traquer. M’envoyer la police.Je regarde autour de moi. La rue est sombre, silencieuse. Je devrais courir. Disparaître. Effacer toute trace.Je ne bouge pas.Les secondes s’étirent, élastiques, cruelles. J’entends le moteur d’une voiture électrique avant de la voir. Un véhicule sobre, gris acier. Il glisse sans un bruit et s’arrête à dix mètres de moi. Les phares s’éteignent.La portière conducteur s’ouvre.Il en sort.Kai Sterling.Il est plus grand en vrai. Plus… présent. Il porte un simple sweat sombre, un jean. Pas le costume de l’architecte que j’imaginais. Ses cheveux sont un peu en désordre. Ses yeux, même dans la pénombre, fixent la mienne avec une intensité qui me cloue sur place. Il tient quelque chose dans sa main droite.Mon gant.Il marche vers moi. Ses pas sont silencieux sur le trottoir mouillé. Il
ElenaLe toit du bâtiment en face est froid, granuleux sous mes genoux. La pluie a cessé, laissant l’asphalte luisant comme un serpent noir. D’ici, je vois la tour de verre où il veille. Fenêtre allumée au trente-septième. Une étoile bleutée dans la nuit.Je respire l’air humide, et un rire nerveux monte dans ma gorge. Je le retiens. Il m’a vue. Vraiment vue. Pas comme une ombre, mais comme un mouvement, une intention. Kai Sterling. Le fantôme des systèmes. L’ermite des données. Je l’imaginais… différent. Moins instinctif. Plus machine.Mais la façon dont il a lancé Gorgone… C’était beau. Malin. Cruel. Presque personnel. Un piège fait pour quelqu’un qui pense comme un artiste, pas comme un voleur. Il a deviné ma curiosité.Mon poing gauche, nu, serre le bord du toit. Le gant manque. Le laisser était un risque. Un calcul. Une pulsion. Je voulais qu’il ait un morceau de moi. Pas mes données. Mon artisanat. Ma signature physique. Qu’il le tourne dans ses mains, qu’il en analyse chaque co
Leur histoire commence par un affrontement nocturne dans la tour de verre d'une mégacorporation. Kai, surveillant ses défenses, repère une intrusion d'une grâce spectaculaire. Elena, piégée par un protocole qu'elle n'a jamais rencontré, est contrainte de fuir, mais laisse derrière elle un gant intelligent. Une chasse à travers la ville s'ensuit, faite de piratage de feux de signalisation et de traques dans les réseaux urbains.L'attirance érotique naît de cette admiration mutuelle pour l'intelligence et la maîtrise de l'autre. Leurs premiers contacts sont virtuels : des messages codés laissés dans des serveurs, des défis algorithmiques qui servent de prétexte à un flirt dangereux. La tension est celle d'un duel entre deux esprits brillants, où chaque victoire technique est une forme de séduction.Leur rencontre physique a lieu lors d'un rendez-vous tendu, sous une pluie battante dans un jardin japonais. Ce n'est pas une capitulation, mais une trêve érotique. Leur première fois est un
CamilleLe jour se lève. Une lame de lumière grise et froide s’insinue entre les lattes des volets, découpant des raies pâles sur le lit, sur nos corps entrelacés. Elle tranche la pénombre où nous nous étions réfugiés, impitoyable.Je suis éveillée depuis longtemps. À contempler son visage endormi. À mémoriser la courbe de sa joue, l’ombre de ses cils, la forme de sa bouche entrouverte. Chaque détail est une pièce du trésor maudit que je vais devoir enterrer au plus profond de moi.Je sens encore son sexe, mouillé et doux, contre ma cuisse. Je sens la trace de son sperme, séché sur ma peau, à l’intérieur de mes cuisses. Une marque indélébile, même une fois lavée. Il a dit qu’il m’emportait avec lui. Mais c’est lui qui reste en moi. Une semence de fantôme.Il bouge. Un soupir, profond, qui vient des entrailles. Ses bras se resserrent autour de moi, inconsciemment, dans un réflexe de possession qui me serre le cœur. Puis, je sens le changement. La tension qui envahit ses muscles. Le rév
LucasLa voiture est une capsule de folie dans la nuit. Je conduis comme un dément, les doigts crispés sur le volant, les phares déchirant l’obscurité. La raison a capitulé. La logique, le bon sens, les promesses – tout a été balayé par une marée montante, irrépressible, qui n’a qu’un seul nom : Camille.Je ne peux pas partir comme ça. Pas sans la revoir. Pas sans lui dire au revoir, pas avec des mots, mais avec la seule langue que notre corps ait jamais parlée. C’est de la folie. C’est égoïste. C’est cruel. Mais c’est plus fort que moi. Une force tellurique m’arrache à mon appartement, à mes valises, à ma vie en carton, et me propulse vers elle.Je me gare en double file, laissant le moteur tourner, et je monte les escaliers quatre à quatre. Mon poing frappe à sa porte, pas un coup poli, mais un assaut. Un martèlement qui vient des tripes.La porte s’ouvre. Elle est là. En peignoir, les cheveux en désordre, les yeux cernés mais grands ouverts, pleins de la même tempête que la mienne.







