Alayna
Quand je me réveille, il fait encore nuit.
Un silence épais colle aux murs.
Je suis seule dans le lit. Nue. Froide.
Le drap a glissé jusqu’à mes hanches, et l’air glacé de la pièce m’arrache un frisson.
Mon corps parle pour moi.
Mes cuisses me brûlent. Mon cou porte les griffures de sa bouche. Mes lèvres, fendues, douloureuses, ont le goût de lui.
Mais ce n’est rien comparé à ce que je ressens à l’intérieur.
C’est là que ça hurle. Là que ça saigne.
Je me redresse, le souffle court.
Je cherche mes vêtements. Ils ne sont pas là.
Pas même une culotte. Pas un débardeur. Rien.
Sur une chaise, une chemise noire.
La sienne.
Je devrais me sentir volée, humiliée.
Mais je l’enfile. Parce que je suis pitoyable. Parce que je veux encore son odeur sur ma peau.
Je traverse la chambre pieds nus, la tête vrillée de questions que je ne veux pas formuler.
Le loft est silencieux, baigné dans une lumière rouge qui découpe des ombres sur les murs.
Et lui…
Il est là.
Kael
Je la sens. Avant même qu’elle bouge.
Elle est comme une onde. Un souffle de tempête.
Et elle est encore là.
Elle aurait pu fuir. Elle aurait dû.
Je reste immobile, dos à elle.
Une cigarette entre deux doigts, la fumée monte lentement, bleue et lourde.
Sur la table, mon arme. Un carnet noir. Mes clés.
Un autel pour mes démons.
— Tu devrais dormir.
Ma voix claque dans l’air, sèche, rauque.
Mais elle s’approche. Je l’entends. Sa respiration. Le frottement de ses pas nus contre le sol.
Elle porte ma chemise. Et bordel… elle est magnifique.
Je me retourne.
Et elle est là.
Cheveux en désordre. Regard incendiaire.
Elle ne dit rien, mais tout hurle dans ses yeux.
Alayna
— Tu m’as volé mes vêtements.
Je veux qu’il réagisse. Qu’il me rende furieuse.
Mais il ne fait que hausser les épaules.
— Non. Je t’ai laissée nue. C’est différent.
Je serre les poings. Ce n’est pas de lui que j’ai peur. C’est de moi.
De ce que je ressens.
De cette pulsion qui me pousse vers lui, encore et encore.
Je m’avance. Je grimpe sur la table. Je m’assois.
Je le regarde.
Et je veux qu’il parle. Qu’il me dise ce que je ne veux pas entendre.
— C’est quoi, ici ?
— Chez moi.
— Tu vis là ?
— Je règne ici. Nuance.
Il ne sourit pas. Pas même un rictus.
Tout en lui est contrôle. Froid. Détaché.
Mais je sens la tension dans ses gestes.
— Et moi ? je demande.
— Toi, tu t’es livrée. Alors tu restes.
Kael
Elle me regarde comme si elle cherchait une sortie. Mais il n’y en a pas.
Pas ici. Pas avec moi.
— Tu n’as aucune idée de ce que tu es en train de faire, Alayna.
Je me lève. Lentement. Je m’approche d’elle comme on s’approche d’un précipice.
Je pose ma main sur sa gorge. Pas pour l’étrangler. Pour la sentir.
Sentir son cœur battre sous ma paume.
— Ce qu’il y a entre nous, ce n’est pas une liaison. Ce n’est pas une histoire.
C’est une chute.
Et je vais te la faire vivre jusqu’à l’os.
Alayna
Il me touche et je vacille.
Mais je ne fuis pas. Je ne supplie pas.
Je suis déjà tombée.
Il me plaque contre le mur.
Pas pour me prendre. Pas tout de suite.
Pour m’imposer sa présence. Pour me montrer ce que je suis devenue.
Je glisse mes doigts dans ses cheveux. Je tire.
Je mords sa lèvre. Je goûte son sang.
— Je ne suis pas à toi.
Mais c’est un mensonge. Et il le sait.
Kael
Elle se bat. Comme une louve.
Et ça me rend fou.
Parce que je veux chaque parcelle d’elle. Son arrogance. Sa peur. Son foutu courage.
Je l’écrase contre moi.
Ma main empoigne sa nuque, mes lèvres frôlent son oreille.
— Tu crois qu’on peut jouer à ça longtemps ?
— Aussi longtemps que je tiendrai debout.
— Tu ne tiendras plus très longtemps.
Et je la prends.
Contre le mur. Sans douceur. Sans pause.
Ses ongles labourent mon dos.
Sa voix explose dans l’air.
Et je perds pied.
Parce qu’elle me consume.
Parce que je suis en train de devenir fou d’elle.
Alayna
Quand il me relâche, je glisse au sol.
Mon souffle est brisé. Mon cœur cogne.
Je devrais pleurer. Hurler. M’enfuir.
Mais je souris.
Je me sens vivante. Brûlante.
Et libre.
Il me tend la main.
Je la prends.
Kael
— Tu vas rester ?
Elle hoche la tête. Juste un battement.
— Pour combien de temps ?
— Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi.
Je souris.
Parce que c’est exactement ce que je veux.
La réduire. La briser.
Et la reconstruire.
À moi.
À nous.
À cette chose monstrueuse et sublime qu’on est en train de créer.
Et je sais, maintenant, qu’il n’y aura plus de retour possible.
Ni pour elle.
Ni pour moi.
AlaynaLe parfum du café emplit encore la cuisine lorsque des pas résonnent derrière moi. Kael apparaît dans l’encadrement de la porte, les cheveux encore ébouriffés, le visage détendu par le sommeil mais illuminé d’un sourire chaleureux. Ses yeux rencontrent les miens et, pour un instant, tout le reste disparaît.— Bonjour, dit-il d’une voix encore grave de sommeil.Je me lève légèrement sur la pointe des pieds, dépose le couteau sur le plan de travail et lui offre un sourire.— Bonjour… Dormi comme un roi ?Il hoche la tête, les épaules se détendant un peu plus, et vient déposer un baiser furtif sur ma joue. Je sens le contrecoup de cette proximité, un mélange d’habitude et de désir, et je me rends compte que le petit-déjeuner va devenir bien plus qu’un simple repas.Isolde, toujours en peignoir ivoire, me jette un regard qui semble dire : « Observe, apprends », tout en plaçant un plateau supplémentaire sur la table. Elle ne commente pas, mais je devine qu’elle apprécie ces moments
AlaynaLa lumière du matin s’étire comme un voile d’or sur la chambre. Elle glisse entre les rideaux à demi fermés, caresse la commode, accroche les verres d’eau restés sur la table de nuit. Je m’éveille lentement, enveloppée d’une chaleur familière, et la respiration régulière de Kael me parvient comme une rumeur apaisante. Son bras repose sur ma taille, lourd et protecteur.Je ferme les yeux un instant. Les souvenirs de la nuit reviennent en fragments : des éclats de rire étouffés, la moiteur de sa peau, nos cœurs battant à l’unisson. Une langueur douce m’envahit, une certitude d’avoir trouvé un abri, ne serait-ce que pour quelques heures. J’effleure sa joue du bout des doigts. Il sourit dans son sommeil, un sourire presque enfantin qui me serre le cœur.Le parfum du café, lointain mais précis, me tire doucement du lit. Je dépose un baiser discret sur son épaule, glisse hors des draps encore chauds et me faufile hors de la chambre. Dans le couloir, la maison respire déjà, planchers
AlaynaJe me réveille dans la pénombre encore tiède de la chambre, enveloppée par son corps chaud contre le mien. L’air est doux, parfumé d’ambre et de sueur mêlés, chargé de l’odeur de nos corps mêlés dans la nuit. La lumière filtrée par les rideaux teinte nos peaux de reflets dorés. Chaque souffle que je prends est encore lourd, chaque mouvement me rappelle les traces brûlantes de notre union.Ses doigts glissent sur ma taille, effleurent mes flancs, explorent avec une lenteur presque cruelle. Je frissonne malgré moi, un frisson qui court le long de ma colonne vertébrale et jusque dans mes reins. Ses caresses sont plus que du désir, elles sont une affirmation silencieuse : il est là, présent, vulnérable à sa manière, mais toujours maître de sa faim.Je ferme les yeux et me laisse guider, laissant mon corps répondre à ses gestes, mais mon esprit reste attentif, calculateur. Chaque soupir que je laisse échapper est une petite victoire, chaque mouvement de mes hanches un signe que je p
AlaynaLe silence est presque assourdissant après la tempête. Pas un bruit, sinon nos souffles heurtés, la plainte discrète des draps froissés sous nos corps encore emmêlés. Sa chaleur m’écrase, me brûle, me rassure malgré moi. Ma peau est maculée de sueur, perlée d’éclats de fièvre, et marquée de ses doigts, de ses dents, de son emprise. Mais je reste immobile.Je sens ses tremblements légers. Pas assez pour que lui-même s’en rende compte. Juste une secousse, presque imperceptible, qui trahit un état qu’il déteste : la faiblesse.Je passe ma main dans ses cheveux sombres, encore humides, collés par la sueur. Il ferme les yeux, son front appuyé contre mon épaule, et ce geste intime me donne l’impression d’avoir gagné une bataille invisible. Lui, le maître des ombres, réduit à chercher refuge dans ma chair.Je me garde bien de sourire. Mais à l’intérieur, chaque battement de son cœur que je compte est une victoire.KaelJe hais cette sensation. Mon souffle est saccadé, incontrôlable, c
AlaynaIsolde avait raison. Ne combats pas toujours. Laisse-le croire qu’il te dévore, et glisse ton venin au moment exact.Alors je me lève, doucement, comme une proie qui choisit de se livrer au prédateur. Mes doigts effleurent la soie de ma robe, la font glisser sur mes épaules. Le tissu tombe, révélant ma peau nue à la lueur tremblante des chandelles. Je ne détourne pas le regard. Je veux qu’il voie, qu’il sente que c’est moi qui décide de l’instant.KaelDieu… Elle ose. Elle me provoque, elle joue avec un feu dont elle ne mesure pas l’ampleur. La voir ainsi, offerte, me met au bord de la folie. Mon souffle se bloque, puis se fait rauque, animal.Je franchis la distance en un battement de cœur. Mes mains saisissent ses hanches, mes doigts s’enfoncent dans sa chair tendre. Elle étouffe un gémissement quand je la plaque contre le mur froid. J’ai besoin de sentir son corps contre le mien, de la posséder, de m’assurer qu’elle est bien là, à moi, à cet instant.Ses lèvres s’entrouvrent
AlaynaLe couloir semble interminable, étouffé par le silence. Je marche lentement, comme si chaque pas me ramenait un peu plus à ma solitude. Derrière moi, la voix d’Isolde persiste, fil invisible qui s’enroule autour de ma mémoire. Observer. Lire. Attendre. Ses mots me poursuivent, coulent dans mes veines comme un poison dont je ne veux déjà plus me défaire.Lorsque j’atteins mes appartements, deux gardes s’écartent en silence pour me laisser entrer. La porte se referme, et aussitôt le monde extérieur disparaît. La chambre m’accueille dans une pénombre apaisante, rythmée par le souffle discret d’une lampe suspendue. Mais ce qui attire mes yeux, c’est la salle attenante, d’où s’élève une vapeur légère.Une servante est passée par là. Elle a préparé ce qui ressemble moins à un bain qu’à un sanctuaire.Je m’avance, mes pieds nus frôlant les dalles fraîches. L’alcôve s’ouvre sur une salle de bains ultramoderne, disproportionnée pour une simple captive. Des murs de marbre clair miroitent