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Chapitre 3 : Jusqu’à l’os

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-07-30 06:32:26

Alayna

Quand je me réveille, il fait encore nuit.

Un silence épais colle aux murs.

Je suis seule dans le lit. Nue. Froide.

Le drap a glissé jusqu’à mes hanches, et l’air glacé de la pièce m’arrache un frisson.

Mon corps parle pour moi.

Mes cuisses me brûlent. Mon cou porte les griffures de sa bouche. Mes lèvres, fendues, douloureuses, ont le goût de lui.

Mais ce n’est rien comparé à ce que je ressens à l’intérieur.

C’est là que ça hurle. Là que ça saigne.

Je me redresse, le souffle court.

Je cherche mes vêtements. Ils ne sont pas là.

Pas même une culotte. Pas un débardeur. Rien.

Sur une chaise, une chemise noire.

La sienne.

Je devrais me sentir volée, humiliée.

Mais je l’enfile. Parce que je suis pitoyable. Parce que je veux encore son odeur sur ma peau.

Je traverse la chambre pieds nus, la tête vrillée de questions que je ne veux pas formuler.

Le loft est silencieux, baigné dans une lumière rouge qui découpe des ombres sur les murs.

Et lui…

Il est là.

Kael

Je la sens. Avant même qu’elle bouge.

Elle est comme une onde. Un souffle de tempête.

Et elle est encore là.

Elle aurait pu fuir. Elle aurait dû.

Je reste immobile, dos à elle.

Une cigarette entre deux doigts, la fumée monte lentement, bleue et lourde.

Sur la table, mon arme. Un carnet noir. Mes clés.

Un autel pour mes démons.

— Tu devrais dormir.

Ma voix claque dans l’air, sèche, rauque.

Mais elle s’approche. Je l’entends. Sa respiration. Le frottement de ses pas nus contre le sol.

Elle porte ma chemise. Et bordel… elle est magnifique.

Je me retourne.

Et elle est là.

Cheveux en désordre. Regard incendiaire.

Elle ne dit rien, mais tout hurle dans ses yeux.

Alayna

— Tu m’as volé mes vêtements.

Je veux qu’il réagisse. Qu’il me rende furieuse.

Mais il ne fait que hausser les épaules.

— Non. Je t’ai laissée nue. C’est différent.

Je serre les poings. Ce n’est pas de lui que j’ai peur. C’est de moi.

De ce que je ressens.

De cette pulsion qui me pousse vers lui, encore et encore.

Je m’avance. Je grimpe sur la table. Je m’assois.

Je le regarde.

Et je veux qu’il parle. Qu’il me dise ce que je ne veux pas entendre.

— C’est quoi, ici ?

— Chez moi.

— Tu vis là ?

— Je règne ici. Nuance.

Il ne sourit pas. Pas même un rictus.

Tout en lui est contrôle. Froid. Détaché.

Mais je sens la tension dans ses gestes.

— Et moi ? je demande.

— Toi, tu t’es livrée. Alors tu restes.

Kael

Elle me regarde comme si elle cherchait une sortie. Mais il n’y en a pas.

Pas ici. Pas avec moi.

— Tu n’as aucune idée de ce que tu es en train de faire, Alayna.

Je me lève. Lentement. Je m’approche d’elle comme on s’approche d’un précipice.

Je pose ma main sur sa gorge. Pas pour l’étrangler. Pour la sentir.

Sentir son cœur battre sous ma paume.

— Ce qu’il y a entre nous, ce n’est pas une liaison. Ce n’est pas une histoire.

C’est une chute.

Et je vais te la faire vivre jusqu’à l’os.

Alayna

Il me touche et je vacille.

Mais je ne fuis pas. Je ne supplie pas.

Je suis déjà tombée.

Il me plaque contre le mur.

Pas pour me prendre. Pas tout de suite.

Pour m’imposer sa présence. Pour me montrer ce que je suis devenue.

Je glisse mes doigts dans ses cheveux. Je tire.

Je mords sa lèvre. Je goûte son sang.

— Je ne suis pas à toi.

Mais c’est un mensonge. Et il le sait.

Kael

Elle se bat. Comme une louve.

Et ça me rend fou.

Parce que je veux chaque parcelle d’elle. Son arrogance. Sa peur. Son foutu courage.

Je l’écrase contre moi.

Ma main empoigne sa nuque, mes lèvres frôlent son oreille.

— Tu crois qu’on peut jouer à ça longtemps ?

— Aussi longtemps que je tiendrai debout.

— Tu ne tiendras plus très longtemps.

Et je la prends.

Contre le mur. Sans douceur. Sans pause.

Ses ongles labourent mon dos.

Sa voix explose dans l’air.

Et je perds pied.

Parce qu’elle me consume.

Parce que je suis en train de devenir fou d’elle.

Alayna

Quand il me relâche, je glisse au sol.

Mon souffle est brisé. Mon cœur cogne.

Je devrais pleurer. Hurler. M’enfuir.

Mais je souris.

Je me sens vivante. Brûlante.

Et libre.

Il me tend la main.

Je la prends.

Kael

— Tu vas rester ?

Elle hoche la tête. Juste un battement.

— Pour combien de temps ?

— Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi.

Je souris.

Parce que c’est exactement ce que je veux.

La réduire. La briser.

Et la reconstruire.

À moi.

À nous.

À cette chose monstrueuse et sublime qu’on est en train de créer.

Et je sais, maintenant, qu’il n’y aura plus de retour possible.

Ni pour elle.

Ni pour moi.

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