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Chapitre 4 — Là où le piège se referme

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-07-23 00:04:45

NAHIA

Je signe : une lettre , puis une autre.

Puis encore une.

Chaque mouvement du stylo est un clou dans ma liberté.

Ma main tremble, mais je serre les dents. Je veux aller jusqu’au bout. En finir.

Je ne lève pas les yeux. Je ne veux pas croiser son regard pendant que je m’enchaîne de mon plein gré.

La dernière lettre , puis le point et enfin le silence.

Je repose le stylo. Lentement. Comme si je déposais une arme que je ne saurais plus jamais manier.

Il prend le contrat. Le lit d’un œil attentif, presque détaché. Puis referme le dossier, le glisse dans une mallette noire. Il verrouille.

Le clic du fermoir résonne dans la pièce comme un coup de feu.

Je me lève. Trop vite.

Ma respiration s’affole.

Mon cœur cogne.

Je veux sortir maintenant.

Avant qu’il ne soit trop tard.

— Je vais y aller.

Ma voix me surprend car elle est sèche , râpeuse. Comme si elle sortait de quelqu’un d’autre.

Je contourne la table, serre mon sac contre moi. Je sens son regard me suivre, glisser sur ma nuque, sur mes hanches.

Je ne veux pas le sentir.

Mais c’est trop tard.

Je suis presque à la porte quand sa voix m’arrête.

— Nahia.

J'entends mon prénom simple et calme mais tranchant comme un fil de rasoir.

Je me fige. Tout mon corps se tend.

L’air devient plus lourd, plus dense. Chaque respiration est une lutte.

Je n’ai pas besoin de me retourner. Je sais qu’il sourit. Qu’il me tient déjà.

— CE CONTRAT COMMENCE MAINTENANT .

Un frisson court le long de ma colonne. Mon ventre se serre.

Je me retourne lentement. Il est debout, les bras croisés, le regard rivé sur moi.

— Tu vas partir, dit-il.

Il fait un pas vers moi.

— Mais pas avant que je ne t’aie prise , encore une fois.

Le silence explose dans mes tempes.

— Ce n’était pas dans les clauses.

Ma voix vacille, mais je m’accroche. Comme si ces mots pouvaient me protéger.

Son sourire est glacial. Presque tendre, dans sa cruauté.

— C’est implicite , tu m'appartiens . Tu l’as signé.

Je recule.

Un pas. Puis un autre.

Mais mon dos heurte la porte.

Je suis acculée. Littéralement.

— Vous ne pouvez pas faire ça.

— Je ne te force pas, Nahia. Tu es libre de refuser.

Il marque une pause.

— Mais tu sais ce que ce refus implique. Ce que tu viens de troquer contre ta fierté.

Il s’approche.

Sa main effleure ma joue, et malgré moi, je frémis.

Pas de peur , pas vraiment , c'est autre chose , plus confus , plus sombre.

Il penche la tête, et ses lèvres glissent contre ma tempe.

— Je ne suis pas ici pour te faire peur . Je suis ici pour que tu comprennes. Pour que tu n’oublies plus jamais à qui tu as offert ce corps.

Je ferme les yeux.

Une seconde puis deux.

Et je déteste ce battement de cœur qui accélère.

— Tu veux fuir. Je le sens.

Sa voix est un murmure.

— Mais ton corps, lui, reste. Il se souvient déjà.

Je pourrais hurler. 

Mais je suis là. Immobile. Piégée.

Et je le hais de savoir exactement où appuyer pour que je ne bouge plus.

Ses doigts glissent sur mon coup , effleurent la base de mon cou. Lentement comme une caresse calculée.

Et je déteste ce feu qui rampe sous ma peau.

Il murmure contre ma joue :

— Cette fois, je vais te montrer ce que c’est… être à moi.

Il m’embrasse sans brutalité , sans d’empressement.

Un baiser qui explore , qui s’installe , ses lèvres se posent sur les miennes comme un poison lent. Il ne cherche pas à m’envahir. Il m’apprivoise.

Et c’est ça le plus dangereux.

Ses mains glissent sur mes hanches, m’attirent contre lui.

Je sens la chaleur de son corps, la fermeté de ses bras. Je sens son odeur ce mélange de cuir, de nuit et de pouvoir.

Et je déteste à quel point ça me trouble.

Je voudrais le repousser.

Mais mes mains restent suspendues dans le vide.

Entre le refus et la soumission.

— Laisse-moi, dis-je dans un souffle.

— Dis-le vraiment, Nahia. Avec ton cœur , pas avec ta peur.

Il m’oblige à le regarder.

Ses yeux noirs dévorent les miens.

Et je comprends qu’il ne cherche pas à me briser.

Il veut que je fléchisse.

De moi-même.

Il veut m’ouvrir de l’intérieur.

Il m’allonge sur le canapé en cuir , sans brusquerie . Comme s’il posait un bijou rare.

Ses gestes sont précis. Lents. Insoutenables.

Il défait les boutons de ma chemise un à un, les yeux rivés aux miens.

Comme un rituel.

Et moi… je tremble , mais ce n'est pas de douleur, cette fois ni de dégoût.

Juste ce feu… lent , sourd et irrésistible . Ses mains explorent, s’attardent, dessinent sur ma peau des frissons que je ne contrôle pas.

Et il murmure à mon oreille :

— Tu vas me haïr pour ce que je t’apprends . Mais tu reviendras. Parce que plus rien d’autre ne suffira.

Je ferme les yeux.

Je retiens un gémissement.

Je m’accroche à la dernière parcelle de moi qui n’a pas encore cédé.

Mais elle fond . Elle fond sous lui.

Sous ses caresses. Sous sa voix. Sous ce piège qu’il referme avec une lenteur

délicieuse.

Et je comprends, dans un éclair de lucidité désespérée :

Je ne suis pas en train de me faire prendre.

Je suis en train de me perdre.

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