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Je signe : une lettre , puis une autre.
Puis encore une.
Chaque mouvement du stylo est un clou dans ma liberté.
Ma main tremble, mais je serre les dents. Je veux aller jusqu’au bout. En finir.
Je ne lève pas les yeux. Je ne veux pas croiser son regard pendant que je m’enchaîne de mon plein gré.
La dernière lettre , puis le point et enfin le silence.
Je repose le stylo. Lentement. Comme si je déposais une arme que je ne saurais plus jamais manier.
Il prend le contrat. Le lit d’un œil attentif, presque détaché. Puis referme le dossier, le glisse dans une mallette noire. Il verrouille.
Le clic du fermoir résonne dans la pièce comme un coup de feu.
Je me lève. Trop vite.
Ma respiration s’affole.
Mon cœur cogne.
Je veux sortir maintenant.
Avant qu’il ne soit trop tard.
— Je vais y aller.
Ma voix me surprend car elle est sèche , râpeuse. Comme si elle sortait de quelqu’un d’autre.
Je contourne la table, serre mon sac contre moi. Je sens son regard me suivre, glisser sur ma nuque, sur mes hanches.
Je ne veux pas le sentir.
Mais c’est trop tard.
Je suis presque à la porte quand sa voix m’arrête.
— Nahia.
J'entends mon prénom simple et calme mais tranchant comme un fil de rasoir.
Je me fige. Tout mon corps se tend.
L’air devient plus lourd, plus dense. Chaque respiration est une lutte.
Je n’ai pas besoin de me retourner. Je sais qu’il sourit. Qu’il me tient déjà.
— CE CONTRAT COMMENCE MAINTENANT .
Un frisson court le long de ma colonne. Mon ventre se serre.
Je me retourne lentement. Il est debout, les bras croisés, le regard rivé sur moi.
— Tu vas partir, dit-il.
Il fait un pas vers moi.
— Mais pas avant que je ne t’aie prise , encore une fois.
Le silence explose dans mes tempes.
— Ce n’était pas dans les clauses.
Ma voix vacille, mais je m’accroche. Comme si ces mots pouvaient me protéger.
Son sourire est glacial. Presque tendre, dans sa cruauté.
— C’est implicite , tu m'appartiens . Tu l’as signé.
Je recule.
Un pas. Puis un autre.
Mais mon dos heurte la porte.
Je suis acculée. Littéralement.
— Vous ne pouvez pas faire ça.
— Je ne te force pas, Nahia. Tu es libre de refuser.
Il marque une pause.
— Mais tu sais ce que ce refus implique. Ce que tu viens de troquer contre ta fierté.
Il s’approche.
Sa main effleure ma joue, et malgré moi, je frémis.
Pas de peur , pas vraiment , c'est autre chose , plus confus , plus sombre.
Il penche la tête, et ses lèvres glissent contre ma tempe.
— Je ne suis pas ici pour te faire peur . Je suis ici pour que tu comprennes. Pour que tu n’oublies plus jamais à qui tu as offert ce corps.
Je ferme les yeux.
Une seconde puis deux.
Et je déteste ce battement de cœur qui accélère.
— Tu veux fuir. Je le sens.
Sa voix est un murmure.
— Mais ton corps, lui, reste. Il se souvient déjà.
Je pourrais hurler.
Mais je suis là. Immobile. Piégée.
Et je le hais de savoir exactement où appuyer pour que je ne bouge plus.
Ses doigts glissent sur mon coup , effleurent la base de mon cou. Lentement comme une caresse calculée.
Et je déteste ce feu qui rampe sous ma peau.
Il murmure contre ma joue :
— Cette fois, je vais te montrer ce que c’est… être à moi.
Il m’embrasse sans brutalité , sans d’empressement.
Un baiser qui explore , qui s’installe , ses lèvres se posent sur les miennes comme un poison lent. Il ne cherche pas à m’envahir. Il m’apprivoise.
Et c’est ça le plus dangereux.
Ses mains glissent sur mes hanches, m’attirent contre lui.
Je sens la chaleur de son corps, la fermeté de ses bras. Je sens son odeur ce mélange de cuir, de nuit et de pouvoir.
Et je déteste à quel point ça me trouble.
Je voudrais le repousser.
Mais mes mains restent suspendues dans le vide.
Entre le refus et la soumission.
— Laisse-moi, dis-je dans un souffle.
— Dis-le vraiment, Nahia. Avec ton cœur , pas avec ta peur.
Il m’oblige à le regarder.
Ses yeux noirs dévorent les miens.
Et je comprends qu’il ne cherche pas à me briser.
Il veut que je fléchisse.
De moi-même.
Il veut m’ouvrir de l’intérieur.
Il m’allonge sur le canapé en cuir , sans brusquerie . Comme s’il posait un bijou rare.
Ses gestes sont précis. Lents. Insoutenables.
Il défait les boutons de ma chemise un à un, les yeux rivés aux miens.
Comme un rituel.
Et moi… je tremble , mais ce n'est pas de douleur, cette fois ni de dégoût.
Juste ce feu… lent , sourd et irrésistible . Ses mains explorent, s’attardent, dessinent sur ma peau des frissons que je ne contrôle pas.
Et il murmure à mon oreille :
— Tu vas me haïr pour ce que je t’apprends . Mais tu reviendras. Parce que plus rien d’autre ne suffira.
Je ferme les yeux.
Je retiens un gémissement.
Je m’accroche à la dernière parcelle de moi qui n’a pas encore cédé.
Mais elle fond . Elle fond sous lui.
Sous ses caresses. Sous sa voix. Sous ce piège qu’il referme avec une lenteur
délicieuse.
Et je comprends, dans un éclair de lucidité désespérée :
Je ne suis pas en train de me faire prendre.
Je suis en train de me perdre.
Nahia Je commence par Sombre. Je m’assois à cheval sur ses hanches, ma peau contre la sienne. Je me penche, et mes lèvres trouvent sa bouche. Ce n’est pas un baiser de passion déchaînée, mais de reconquête. Un baiser lent, profond, qui dit je te vois, je te prends, tu es à moi. Ses mains se posent sur mes hanches, m’ancrant.Puis, sans rompre le contact avec lui, je tends un bras vers Ténèbre. Ma main trouve la sienne, l’entrelace. Je tourne la tête, et mes lèvres quittent celles de Sombre pour se poser sur l’épaule de Ténèbre, sur une cicatrice en forme d’étoile. Je l’embrasse, la lèche, comme pour en extraire le poison des vieilles blessures. Il émet un son rauque, étouffé, et sa main se resserre sur la mienne.Je suis le pont. Le lien vivant.Je descends le long du corps de Sombre, mes lèvres et mes mains explorant chaque centimètre, ravivant la mémoire de sa peau sous ma bouche. Puis je fais de même avec Ténèbre, goûtant la différence de sa texture, la réserve effrayante de sa fo
SOMBRELa guerre n’est pas venue comme un orage. Elle est venue comme un poison, lent, insidieux. Les semaines qui ont suivi l’Annonce ont été un chef-d’œuvre de pression discrète. Des contrats qui s’évaporent. Des alliés qui se font vagues. Des rumeurs plus viles, plus ciblées, lancées dans les bons cercles. Ils ont essayé de nous isoler, de nous étouffer dans la soie et les menaces chuchotées.Ils ont échoué.Parce que leur poison s’est heurté à un anticorps qu’ils ne comprenaient pas : notre unité. Chaque attaque contre l’un nous a rapprochés tous les trois. Chaque tentative de nous diviser a renforcé les liens d’acier entre nous.Ce soir, nous sommes de retour dans la maison du jardin. Pas celle de Moscou, non. La première. Celle où le pacte est né dans le sang et le miel. Elle a été sécurisée, transformée en forteresse discrète. Nos gains de Moscou ont permis cela. Un refuge. Notre refuge.La lune est pleine, comme la nuit du serment. Mais il n’y a pas de lanternes, pas de témoin
NAHIAElle tend ses mains. Nous les prenons. Le geste est théâtral, mais terriblement sincère. Nos bagues d’acier se heurtent avec un léger choc que tout le monde semble entendre.— Quiconque s’en prend à l’un, s’en prend aux trois, dit ma voix, qui tonne dans le silence. Quiconque respecte l’un, gagne le respect des trois.Ténèbre, lui, ne parle pas. Il se contente de balayer la foule du regard, son visage un masque de glace. Sa présence silencieuse est plus éloquente qu’un discours. C’est une menace pure.Volkov a un petit sourire en coin. Il apprécie le spectacle. Le culot.Mais tous n’apprécient pas. Je vois le visage de l’ancien du FSB, celui que Nahia avait repoussé. Il est rouge de colère contenue. L’amiral a l’air inquiet, son petit-fils vaguement amusé. Irina, la fille du ministre, nous regarde avec une fascination mêlée de crainte.Nahia lâche nos mains. Elle fait un pas en avant, au bord de l’estrade.—La fête est à vous maintenant. Buvez. Dansez. Négociez. Mais n’oubliez j
NAHIALe jour est un diamant froid et coupant. Un soleil pâle et sans chaleur illumine Moscou, glissant sur les dômes dorés et les façades austères. Dans la suite, l’air est aussi tendu que la soie de ma robe. Une robe qui n’est ni blaine ni rouge, mais d’un noir de jais absolu. Elle épouse mes formes sans concession, un fourreau de ténèbres. Elle a des manches longues, un col haut, une perfection glaciale qui ne s’ouvre que dans le dos, une chute vertigineuse jusqu’à la base de ma colonne vertébrale. Une armure. Une provocation. Mes bijoux sont d’acier poli, assortis à nos bagues. Rien de l’or vulgaire de ce monde.Camila est là. Mon ancre dans la folie. Elle m’aide avec des mains sûres, ajustant un pli, vérifiant la fermeture éclair.—Tu es sûre de toi ? demande-t-elle pour la centième fois, mais ce n’est plus une mise en garde. C’est une confirmation.Je tourne la tête, rencontre son regard dans le miroir.—Plus que jamais. Je ne vais pas à un mariage, Cam. Je vais à une déclaratio
TÉNÈBRESombre la regarde, et je vois l’admiration se muer en une compréhension plus profonde. Il voit où elle va. Il voit la folie. Et la puissance absolue de cette folie.— Une annonce de fiançailles, souffle-t-il.Le mot tombe dans la pièce comme une pierre dans un puits sans fond.Fiançailles.Pas un mariage. Pas une soumission à leurs lois. Mais une promesse. Un pacte officialisé, exhibé, jeté à la face de leurs mondes respectifs. À la face du monde entier, de leur petit monde fangeux et doré.Nahia hoche la tête, un sourire de fauve aux lèvres.—Exactement. Les fiançailles de Nahia Volkov avec ses partenaires, ses protecteurs, ses égaux. Sombre et Ténèbre. Une célébration. Une démonstration de force. Personne ne pourra plus chuchoter. Ils devront regarder. Et s’incliner. Ou se préparer à se battre.Je suis submergé. Par l’audace. Par la folie pure et magnifique de la chose. C’est plus qu’un coup stratégique. C’est une déclaration d’amour pervertie, déformée en arme de guerre. C’
TÉNÈBRELa suite de l’hôtel est un sarcophage de marbre et de soie. L’air y est trop chaud, trop parfumé, saturé des mensonges de la soirée. Dès que la porte se referme sur le dernier valet, le masque tombe. D’un seul mouvement, je déchire le nœud de ma chemise qui m’étouffe, et Sombre arrache son veston qu’il jette sur un fauteuil Louis XV comme un chiffon sale. Nahia, debout au centre de la pièce, est une statue de tension. Sa main tremble légèrement lorsqu’elle retire, un à un, les épingles qui retiennent sa coiffure sophistiquée.Le silence est énorme. Il n’est pas paisible. Il est lourd de tout ce qui a été vu, entendu, manigancé. Et de ce qui doit venir.Sombre va au bar roulant, se sert trois doigts de vodka pure dans un verre à eau. Pas le champagne russe de la réception. La vraie chose. Il avale d’un trait, ferme les yeux, laisse le feu descendre.— Alors, dit-il enfin, sa voix rêche. Ça y est. Nous sommes dans la gueule du loup.— Nous sommes des loups, corrige Nahia. Dans l







