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SYMBIOSE
SYMBIOSE
ผู้แต่ง: Darkness

Chapitre 1 : Le Marché aux Ombres

ผู้เขียน: Darkness
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-11-26 21:22:34

Célian

Le marché m'aspire comme un poumon géant, chaque bouffée d'air charriant son lot de misères. Je titube entre les étals, les épaules voûtées sous le poids des douleurs qui ne m'appartiennent pas. La migraine du poissonnier – un pilier de feu derrière l'œil droit – se propage dans mes propres tempes, pulsant au rythme de ses annonces criardes. Plus loin, les rhumatismes de la vieille femme courbée sur ses cageots de pommes de terre s'insinuent dans mes articulations, un venin froid et visqueux qui gèle mes gestes. Ce ne sont pas que des sensations physiques. C'est l'angoisse de la mère qui compte ses pièces, le désespoir du chômeur qui erre sans but, la colère rentrée de l'adolescent bousculé. Une symphonie discordante de souffrances qui résonne dans la cage de mes côtes, un choeur maudit dont je suis le seul auditeur.

Je m'arrête, les mains agrippées à l'étal d'un primeur. Les couleurs vives des poivrons et des aubergines dansent, se brouillent, se mélangent aux éclairs douloureux qui zèbrent mon champ de vision. Le monde est une cacophonie sensorielle. L'odeur âcre du poisson pourri se mêle au parfum entêtant des melons mûrs, et chaque effluve transporte avec lui son propre fardeau émotionnel. Je ferme les yeux, les doigts enfoncés dans le bois rugueux de l'étal, cherchant désespérément un point fixe dans ce chaos, une seconde de répit. En vain. La marée monte, inexorable, prête à m'engloutir.

Et c'est alors que je la vois.

Assise sur un banc, à l'écart du flot des passants. Une jeune femme. Ses cheveux, d'un blond si pâle qu'ils en paraissent presque blancs, tombent en cascades inertes sur ses épaules. Elle est parfaitement immobile, les mains posées à plat sur ses genoux, comme une poupée de cire abandonnée là. Les gens passent, se bousculent, vivent, rient, s'énervent autour d'elle, formant un tourbillon de vie bruyante et colorée. Mais elle... elle est un trou dans la réalité. Une tache de silence au milieu du vacarme. Un vide.

Ce qui me frappe, ce qui me coupe le souffle au point que je dois m'appuyer à l'étal pour ne pas tomber, c'est ceci : autour d'elle, rien. Aucune douleur. Aucune émotion parasite. Aucune de ces vagues nauséabondes qui déferlent en permanence sur moi. C'est la première, la seule zone de silence absolu que j'aie jamais rencontrée. Une oasis dans le désert de mes tourments.

Hypnotisé, je me détache de l'étal. Chaque pas que je fais vers elle est une libération. La migraine du poissonnier s'éloigne, comme si on baissait le volume d'une radio hurlante. Les rhumatismes de la vieille femme reculent, laissant place à une sensation de légèreté oubliée. Le vacarme mental, cette rumeur constante qui habite mon crâne, baisse d'un cran, puis d'un autre. Le silence. Un silence si profond, si précieux, qu'il en est presque douloureux. Mes oreilles bourdonnent de cette absence de bruit.

Je m'assois à côté d'elle, sur le banc froid. Le bois craque à peine. Elle ne tourne pas la tête. Son regard, d'un gris si pâle qu'il en est presque translucide, fixe un point invisible au loin, au-delà des étals, au-delà des immeubles. Ses pupilles ne clignent presque pas. Elle respire avec une lenteur déconcertante, son torse se soulevant à peine. On dirait qu'elle attend. Qu'elle a toujours attendu.

— Excusez-moi, je murmure, la voix rauque, étranglée par l'émotion et le soulagement brutal.

Il se passe plusieurs secondes, interminables. Puis, avec une lenteur qui semble défier le temps lui-même, elle tourne la tête vers moi. Son visage est un ovale parfait, d'une pâleur laiteuse. Aucune expression. Aucune ride de curiosité ou d'inquiétude. Aucune ombre de peur. C'est un masque de marbre, lisse et impénétrable. Ses yeux, ces lacs gris et stagnants, se posent sur moi sans me voir, ou peut-être en voyant au-delà.

— Oui ?

Sa voix est plate, monocorde, sans la moindre intonation. Elle résonne bizarrement, comme synthétique, dépourvue de la chaleur humaine qui colore habituellement la parole.

Le silence qu'elle génère est si enivrant que j'ai du mal à former mes pensées. Je pourrais rester là des heures, simplement à respirer cet air purifié.

— Vous... vous ne ressentez rien ? je finis par balbutier, incapable de croire à une telle absence, une telle neutralité dans le monde bruyant qui nous entoure.

Son regard ne quitte pas le mien. Elle me dévisage longuement, comme si elle analysait la question sous tous ses angles, comme un ordinateur traiterait une requête complexe. Il n'y a ni offense ni surprise dans son attitude. Juste une évaluation neutre.

— Non, finit-elle par dire. Rien.

Le mot tombe dans l'air entre nous, simple et définitif. Rien. Et dans le vide de son regard, dans l'immensité silencieuse qui émane d'elle, je vois bien plus qu'une simple étrangeté. Je vois mon salut. La possibilité de respirer sans brûlure. La promesse d'une trêve. Mon cœur se met à battre plus vite, non pas d'angoisse, mais d'un espoir fou, terrible et magnifique.

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